STRATEGIES DE REHABILITATION DES ESPACES
SYLVOPASTORAUX INTER VILLAGEOIS
LE BASSIN ARACHIDIER
Localisation des zones d’études
Le bassin arachidier correspond à la zone agricole où domine la culture de l’arachide (Banabessey et al., 2011). Il est situé entre 13°60’ et 16°15’ de latitude nord et 14°15’ et 17°15’ de longitude ouest (Faye, 2010). Il couvre une superficie de 51 315 km2 (Banabessey et al., 2011) et s’étale sur 220 km du nord au sud, 200 km d’est en ouest. Il couvre les régions de Kaolack, Fatick, Diourbel et une partie des régions de Thiès et Louga. En terme de production, le bassin arachidier représente en moyenne 70% des surfaces cultivées, 67% de la production d’arachide et 66% de la production de mil sur le plan national (Diagana et al., 2008).
Climat
Le climat est tropical sec de type soudanien caractérisé par une longue saison sèche (novembre à mai) et une courte saison des pluies (juin à octobre). La moyenne des pluviométries annuelles de la série 1970-1992, de 600 mm répartis entre 60 et 45 jours (Diatta et al., 1998), est légèrement en dessous de la moyenne de l’origine des stations en 2005 qui est de 16 mm plus élevée. La cause première de la pluviométrie en zones soudanienne et sahélienne, est généralement attribuée aux variations de température à la surface des océans, qui déterminent l’intensité des flux de mousson et la position de la zone de convergence intertropicale (Giannini et al., 2003). Cependant, la dégradation du couvert entraînée par une année sèche ou par l’activité humaine aurait d’importantes conséquences sur les pluviométries des années suivantes. En effet, les théories actuelles tendent à expliquer cette inertie du climat par la rétroaction du couvert végétal lui-même, notamment via l’albédo (Charney, 1975 ; Zeng et al., 1999 ; Higgins et al., 2002). 2.1.2. Sols Dans le Bassin arachidier, deux types de formations géologiques coexistent en général (Faye, 2010): – le Précambrien et le Primaire représentés par des roches cristallines dures, – les Secondaire, Tertiaire et Quaternaire représentés par des formations sédimentaires, plus récentes d’origine continentale. Le relief est relativement plat. Les plaines sont traversées par les vallées des bras de mer (Sine et Saloum), des marigots secs en saison sèche et des mares temporaires soumises à l’ensablement pendant la saison sèche. Les régions de Thiès, Diourbel et Kaolack sont caractérisées par une diversité pédologique (sols ferrugineux tropicaux) avec l’existence de sols intrazonaux (sols hydromorphes, sols halomorphes). On peut distinguer : • les sols ferrugineux tropicaux lessivés ou « sols dior » sont des sols meubles, sableux, perméables et faciles à travailler. Ils subissent une migration en profondeur des éléments minéraux, ce qui se traduit, la plupart du temps, par une carence en azote, phosphore et potassium. Leur dégradation est accentuée par les effets néfastes de l’érosion éolienne qui soustrait au sol tout son potentiel en éléments fertilisants. Ce sont des sols qui conviennent bien à la culture de l’arachide et du mil (Trochain, 1940) ; 6 • les sols ferrugineux tropicaux non lessivés ou « sols deck » renferment, une forte proportion de limons et une teneur en argile élevée. Ils sont riches en matières organiques et en éléments minéraux, ce qui justifie leur aptitude à une large gamme de culture (arachide, mil, sorgho, maïs, manioc, etc. ; • les sols deck-dior sont des sols de transition entre les deck et les dior ; leur fertilité est variable et dépend de la proportion de chacun des types de sols ; • les sols halomorphes ou «Tans» sont le plus souvent salins acidifiés. Ces sols, à cause de leur salinité et de leur hydromorphie, sont peu favorables à l’agriculture. Ils n’offrent qu’une utilisation agricole marginale. Certaines espèces halophytes s’y développent ; • les sols hydromorphes se rencontrent le plus souvent dans les vallées ; leur hydromorphie est due à la proximité de la nappe et à l’accumulation des eaux de pluies. En saison sèche, ces sols argileux ou argilo-sableux, fortement exposés à l’insolation, présentent des fentes de retrait.
Végétation
La végétation est une savane arborée à boisée ou une forêt claire où la strate ligneuse occupe souvent deux strates : une strate caractérisée par des Combretaceae et une strate supérieure composée de Sterculia setigera, Cassia sieberiana, Cordyla pinnata, Daniella oliveri et Pterocarpus erinaceus (Faye, 2010). Lorsque la strate supérieure est détruite, la savane devient arbustive. Les formations forestières naturelles régressent au profit des parcs agroforestiers. Les espèces qui dominent dans ces parcs agroforestiers présentent des intérêts socio-économiques (Samba, 1997). Il s’agit de Faidherbia albida, Ziziphus mauritiana, Adansonia digitata, Sclerocarya birrea, Anogeissus leiocarpus, Tamarindus indica, Cordyla pinnata, et Balanites aegyptiaca. A cela s’ajoutent les espèces qui rejettent après les coupes comme Guiera senegalensis, Combretum glutinosum, Combretum aculeatum, Combretum micranthum, Icacina senegalensis, Piliostigma reticulatum et Dichrostachys glomerata.
Populations et activités
Le bassin arachidier concentre 40% de la population rurale (Sène, 1995). La densité varie de 140 habitants au km2 dans le nord (région de Thiès, Diourbel) (Garin et al., 1990 ; Ba, 2008) à 40 – 70 habitants au km2 dans le sud (Benoît-Cattin, 1986). Les activités socio-économiques sont principalement l’agriculture et l’élevage. Par conséquent, la généralisation de la mécanisation en traction attelée a favorisé l’extension des terres de culture. Cela a provoqué l’abandon de la gestion collective du terroir et a conduit à une surexploitation des terroirs, une dégradation et réduction de l’espace pastoral et une importante dégradation du milieu. Cette surexploitation provient de la pression démographique qui entraine la disparition de la jachère dans un assolement dominé par la rotation arachide-céréale. L’élevage des bovins et moutons déjà affecté par les sécheresses successives et le manque d’espace de pâturage est soumis à la transhumance une bonne partie de l’année. Ce qui se traduit par une baisse importante de la fertilité. De part et d’autre, on note aussi un développement progressif du commerce occasionnel surtout pendant la saison sèche et un développement du secteur informel sur toute l’année ainsi que des petites et moyennes entreprises de transformation, principalement des produits agricoles tels que l’arachide, le mil et le niébé. Avec l’avancée de la langue salée, on assiste de plus en plus au développement de l’activité d’exploitation du sel maritime qui procure aux habitants de la région de Kaolack des revenus importants.
Critères de sélection des espaces sylvopastorales
Au cours du diagnostic, les populations de la zone d’étude avaient défini deux types de sites : • Un site à gestion réussie est un site mise en défens présentant une reconstitution de la végétation ligneuse et herbacée, un retour des espèces médicinales surexploitées, un retour de la faune sauvage (chacal, hyène…), disposant d’un code de conduite/ convention locale approuvé par le conseil rural et le sous préfet, ayant une organisation formelle avec délibération de la forêt par le conseil rural et un organe de gestion fonctionnel (CAC, CIV…) et possédant un plan d’aménagement ou un plan simple de gestion ; • Un site à gestion à améliorer est un site mise en défens présentant une reconstitution de la végétation ligneuse et herbacée, un retour des espèces médicinales surexploitées, un retour de la faune sauvage (chacal, hyène…), disposant d’un code de conduite/ convention locale communautaire non fonctionnel (le) approuvé par le conseil rural et le sous préfet ou d’une réglementation verbale, ayant une organisation formelle ou non formelle avec ou sans délibération de la forêt par le conseil rural et un organe de gestion fonctionnel (CAC, CIV…) et rencontrant des contraintes liées à une bonne surveillance (fréquences des agressions des forêts, conflits) ;
Choix des sites
Suivant les critères définis par les populations, l’étude a été effectuée au niveau des communautés rurales de Thiaré, Ndiédieng (région de Kaolack), Gade escale (région de Diourbel) et Fissel (région de Thiès) (Tableau 1). C’est seulement au niveau de la région de Kaolack que nous avons rencontré des sites qui sont parvenus à avoir un plan simple de gestion autorisant l’exploitation et considérés comme cas de réussite. D’où le choix de trois sites à améliorer et d’un cas de réussite.
Présentation des stations d’étude
Région de Kaolack
Située entre 14°30’ et 16°30’ de longitude Ouest et 13°30’ et 14°30’ de latitude Nord, la région de Kaolack s’étendait sur 16010 km2 , représentant 14% du territoire national (Fall et al., 2008) avec le nouveau découpage, la nouvelle région couvre environ 4927 km2. Elle se situe ainsi entre la zone sahélienne sud et la zone soudanienne nord. 8 3-2-1-1-Climat de la région de Kaolack De type soudano sahélien, le climat de la région se caractérise par des températures moyennes élevées d’Avril à Juillet (15/18° à 35-40°c), une saison sèche de Novembre à Juin/Juillet (8 à 9 mois) et une courte saison des pluies (Juin/Juillet à Octobre). Les précipitations sur une série de trente ans se situent en moyenne à 599 mm par an (fig. 1 a). La tendance à la hausse de la pluviosité constatée à partir des années 1982 présentant des années supérieures à la moyenne (1985, 1986, 1988, 1989, 1994, 1999, 2000, 2001, 2005, 2006, 2008, 2009, 2010), est le reflet d’une dynamique générale au Sahel, et pourrait constituer une des conséquences des changements climatiques actuels (Nicholson, 2001). La saison de croissance s’étend de Juillet à Septembre (fig. 1 b) si l’on considère la période où la pluviométrie est supérieur au double de la température (P (mm)> 2T (°c)) (LeHouérou, 1989).
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