STRATEGIES D’ACTEURS DE LA FILIERE DES ALIMENTS DU BETAIL
Le Mali dans le contexte de la mondialisation
Géographie du Mali
Le Mali est un pays enclavé de la sous-région ouest-africaine. Il couvre une superficie de 1 240 190 km² avec une population estimée en 2004 à 11,42 millions d’habitants dont 69% de ruraux et 31% d’urbains. Son économie est essentiellement agricole. Le Mali ne dispose d’aucun accès à la mer et utilise les ports de Dakar, d’Abidjan et de Lomé pour son trafic maritime (RGA, 2004). De part sa géographie, l’agriculture malienne subit l’influence de trois zones climatiques. Du nord au sud, se rencontrent successivement, la zone saharienne dominée par le Sahara et qui couvre tout le tiers nord du pays, puis la zone sahélienne semi-aride où s’opère la transition entre le désert et la savane arborée et dans laquelle s’étend le delta intérieur du Niger et enfin la zone soudanienne au Sud (carte 1). Gao Kidal Tombouctou Koulikoro Ségou Sikasso Kayes Bamako 250 km Mopti Niger Sénégal Guinée Côte d’Ivoire Burkina Faso Mauritanie Algérie 1000 km Mali Source : AMOUSSOU (2009) Carte 1 : Carte administrative du Mali.
Le monde rural malien
Au Mali, l’agriculture demeure le moteur de l’économie et elle contribue pour 35% à la formation du PIB (CPS, 2006). L’agriculture correspondait également au principal poste d’exportation (coton et bétail) avant l’avènement de l’or dans les années 2000. Les terres arables couvrent le quart du territoire national, principalement dans la partie sud du pays et dans le bassin du Niger, le Sahara occupant 55% du territoire malien. Le secteur primaire est dominé par les activités agricoles (53%) et l’élevage (31%). La contribution de la pêche et de la forêt reste modeste (16%).
Le secteur agricole au Mali
L’agriculture malienne est d’abord une agriculture de subsistance. Elle est dominée par les cultures vivrières, en l’occurrence les céréales. Parallèlement à ces dernières, se sont développées quelques cultures de rente qui sont le coton et la canne à sucre pour l’industrie locale et d’exportation.
Les céréales
La production céréalière occupe plus de 70% des superficies cultivées au Mali et concerne les céréales sèches et le riz. Le s ecteur céréalier contribue à près de 30% à la valeur totale du PIB du secteur primaire au Mali. Les céréales sont cependant, principalement autoconsommées car 20% seulement de la production nationale brute font l’objet de transactions commerciales (Lucas, 2007). Pour ce qui est des céréales sèches, le mil, le sorgho et le maïs sont les plus cultivés avec une grande variabilité à la fois, selon le type de céréales et la quantité produite suivant les zones agro-écologiques. Au sein de ce même groupe de céréales, se situent le fonio et le blé dont les productions, sur le plan national, sont encore très faibles et localisées. Quant à la production de riz, elle domine largement ce secteur céréalier avec la mobilisation de plus de 21% des unités agricoles que comptait le pays en 2004 (CPS, 2006). Les systèmes de culture sont très diversifiés et varient suivant le niveau de maîtrise de l’eau. La riziculture malienne reste, en majorité, tributaire de la pluviométrie, de la crue du fleuve Niger et de ses affluents ainsi que de l’entretien des infrastructures. Le riz irrigué reçoit par ailleurs, la majorité des appuis de l’Etat (BNDA, 2008). Mais en dépit de tout, la production de riz irrigué reste toujours plus stable que celle des céréales sèches.
Le coton
Le coton est la principale culture industrielle du Mali. La filière coton contribue au PIB à hauteur de 6% et se positionne au deuxième rang des exportations du Mali après l’or. Cette ressource fait vivre directement ou indirectement environ le tiers de la population totale (CPS, 2006). Les régions de Kayes et de Sikasso constituent les principales zones cotonnières au Mali. A ce jour, le Mali occupe le troisième rang des pays producteurs de coton en Afrique subsaharienne, derrière l’Egypte et le Burkina-Faso, après avoir été le premier producteur d’Afrique en 2004. Le coton est une filière stratégique dans l’économie rurale malienne car elle contribue, en dehors des exportations de fibres, à la production d’huile alimentaire et d’aliments pour bétail. La chute du pri x d’achat aux producteurs, liée à l’évolution des cours mondiaux du coton (Nubukpo et Keita, 2006) et les perspectives de privatisation de la Compagnie Malienne pour le Développement du Textile (CMDT), prévues pour 2008 sont autant d’incertitudes qui ont plongé la filière coton dans une profonde crise (CCE, 2007).
La canne à sucre
La production malienne de canne à sucre est assurée par Sukala S.a., une société d’économie mixte, détenue à 60% par des capitaux chinois et à 40% par l’Etat malien. La totalité de la culture est transformée localement pour la production de sucre avec comme sous-produits agro-industriels générés et pouvant être valorisés en alimentation animale, de la mélasse et de la bagasse de canne. La production de canne à sucre est assurée dans la zone irriguée de l’Office du Niger à Ségou. La société produit en moyenne 30 000 tonnes de cannes par an et près de 2 millions de litres d’alcool (Lucas, 2007).
L’élevage dans le contexte agricole malien
Le cheptel national
Le cheptel malien est l’un des plus importants de l’Afrique de l’Ouest. L’élevage reste la principale ressource de 30% de la population malienne à travers le commerce du bétail et des produits d’élevage. Le bétail constitue le troisième produit exporté par le Mali, après l’or et le coton. Sa contribution à l’économie nationale est d’environ 10% grâce à un cheptel estimé en 2007, à environ 8 millions de bovins, 9,7 millions d’ovins, 13 m illions de caprins, 800 000 ânes, 852 000 dromadaires, 357 000 chevaux et 72 000 porcins ; soit un total d’environ 9 574 383 UBT (DNPIA, 2008). Quant à l’aviculture, les effectifs sont estimés à environ 27 millions de sujets en élevage villageois et 1,4 millions de sujets dans le système moderne (PDAM, 2005).
Les systèmes d’élevage
Au Mali, quatre systèmes d’élevage sont classiquement décrits dans la bibliographie à savoir le système nomade, le système transhumant, le système sédentaire et le système périurbain. Les stratégies de conduite du troupeau varient d’un système à l’autre. Le tableau I présente les différents systèmes d’élevage au Mali.
Les matières premières agricoles et leurs utilisations en alimentation animale
Les aliments de bétail sont constitués de matières premières très diverses dont le mélange permet de couvrir les besoins nutritionnels des animaux auxquels ils sont destinés. On distingue les aliments grossiers et les aliments concentrés. Les aliments grossiers sont représentés par le fourrage alors que les concentrés sont des produits ou sous-produits agro-industriels. Les aliments concentrés peuvent être simples ou c omposés du fait qu’ils incorporent une ou plusieurs matières premières. Ils peuvent être fabriqués par les éleveurs « à la ferme », mais la fabrication de type industriel permet d’élaborer des produits plus complexes et équilibrés. Le choix des matières premières entrant dans la composition des aliments composés est avant tout, conditionné par deux facteurs qui sont la teneur en énergie et la teneur en protéines. Les céréales constituent les sources privilégiées d’énergie en alimentation animale alors que les tourteaux d’oléagineux et de protéagineux sont utilisés pour leur richesse en protéines. Dans l’histoire de l’alimentation animale, l’importance relative des protéines végétales dans la formulation des aliments composés a été révolutionnée avec l’apparition de l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (Froidmont et Leterme, 2005). Ainsi, l’interdiction de l’utilisation des protéines animales dans les aliments du bétail dans les années 1990 a orienté les fabricants d’aliments vers les produits vivriers notamment les graines oléagineuses comme sources de protéines de substitution aux farines animales.
Situation actuelle de l’utilisation des matières premières agricoles dans l’alimentation animale dans le monde L’alimentation animale constitue la première forme d’utilisation des produits vivriers dans le monde, surtout dans les pays du Nord. Selon Chalmin (2007), le secteur agricole représente moins de 10% des échanges mondiaux de marchandises. Mais la plupart du temps, c’est cette part détermine l’évolution des cours au niveau planétaire.
Point sur l’utilisation des céréales
Sur le plan mondial, 37% de la production céréalière sont destinés à l’alimentation animale (Brown, 2007). Les fortes utilisations de céréales s’enregistrent dans les pays du Nord avec 56% de leur consommation totale de céréales dans l’alimentation animale contre 23% dans les pays en développement (Hebie, 2004). La part de céréales échangée chaque année sur le marché international est d’environ 14% de la production totale (FAO, 2007). Ces exportations sont dominées principalement par les Etats Unis, l’Union européenne, 6 l’Australie, le Canada et l’Argentine pour le blé et les céréales secondaires (Chavert, 2006). Pratiquement toutes les céréales sont utilisées en alimentation animale et sous diverses formes. Les céréales les plus échangées sur le marché mondial sont le maïs et le blé avec des quantités respectives de 486,7 mt et 89 mt durant la campagne agricole 2007/2008 (IGC, 2008).
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