Stratégies d’alimentation chez les Mergini
Les études portant sur les stratégies comportementales hivernales des canards marins, les Mergini, sont encore restreintes, mais un certain nombre de facteurs d’influence du comportement ont pu être démontrés. L’alimentation chez les oiseaux plongeurs est constituée de cycles de plongée en série, chaque cycle étant composé d’une période de submersion (plongée), qui correspond à une période d’alimentation, et d’une période relativement courte à la surface (pause), qui permet à un individu de récupérer de la plongée précédente et de se préparer à la suivante (Y denberg 1988, Beauchamp et al. 1992, Guillemette 1992). Les cycles de plongée exécutés en série constituent une séance d’alimentation, et sont ensuite suivis par une période de temps au cours de laquelle aucune activité d’alimentation n’est observée, la séance de repos. Cette dernière permet la digestion et l’absorption d’énergie avant de pouvoir s’alimenter à nouveau (Guillemette 1992). Enfin, un cycle alimentaire se définit comme une séance d’alimentation suivie d’une séance de repos. La durée du jour est le facteur environnemental le plus souvent évoqué pour expliquer les comportements d’alimentation observés chez des Mergini en saison hivernale (Guillemette 1998, Fisher et Griffin 2000, Systad et al. 2000, Systad et Bustnes 2001 ).
Ceux-ci étant généralement considérés diurnes (McNeil et al. 1992), ils sont soumis à des contraintes de temps pour l’acquisition de leurs ressources énergétiques. La stratégie alimentaire la plus fréquemment rapportée consiste en un accroissement des activités d’alimentation en hiver. Deux principales stratégies peuvent être employées afin de maximiser la longueur de la période d’alimentation chez les oiseaux plongeurs. La première consiste en l’augmentation du rythme d’alimentation (accroissement relatif de la durée des plongées, par rapport à celle des pauses à la surface), qui se traduit par un accroissement de l’efficacité de plongée. Par ailleurs, la longueur même des séances d’alimentation par rapport à celles de repos à l’intérieur d’un cycle d’alimentation peut être augmentée, de sorte à accroître la proportion de temps passé en alimentation au cours d’une journée (Guillemette 1998). Ainsi, Fischer et Griffin (2000) ont calculé que les femelles Arlequins plongeurs (Histrionicus histrionicus) passent 82% de leur temps en alimentation de la fin décembre au début février et 74% entre février et mars, tandis que les Eiders à duvet (Somateria mollissima) allouent 56% de leur temps à l’alimentation au milieu de l’hiver (décembre-janvier), pour seulement 33% au printemps (mars-avril) (Guillemette 1998). Il existe également des différences notables de temps passé en alimentation liées à la taille des individus, entre les espèces et même à l’intérieur de celles-ci.
Ainsi , il a été observé que les Petits garrots (Bucephala albeola) et l’Harelde kakawi (Clangula hyemaiis) passent davantage de temps à s’alimenter que d’autres espèces de plus grande taille tels que l ‘ Eider à duvet et la Macreuse à bec jaune (Melanitta nigra) (Nilsson 1970, Goudie et Ankney 1986, Owen 1990), alors que les femelles (de plus faible taille) Garrots à oeil d’or (Bucephala clangula) et Arlequin plongeur passent une plus forte proportion de leur temps à s’alimenter que leurs congénères mâles durant les mois les plus froids (Nilsson 1970, Bergan et al. 1989, Fischer et Griffin 2000). Des comportements d’alimentation nocturnes ont également été observés à l’intérieur de certaines populations de Mergini, alors qu’ils sont absents dans d’ autres régions de l’aire de répartition . Ainsi, les Eiders de Steller (Polysticta stelleri), les Eiders à duvet, les Garrots à oeil d’or et les Petits garrots sont connus pour présenter des comportements d’alimentation nocturne, du moins chez certaines populations (Bergan et al. 1989, Systad et Bustnes 2001 , Benoît Bruneau données non publiées), alors que de tels comportements sont jusqu ‘à présent considérés rares ou absents chez d’autres espèces ou populations (Nilsson 1970, Sayler et Afton 1981 , Guillemette 1998, Rizzolo et al. 2005). Il est encore inconnu si les comportements d’alimentation nocturne jusqu’à présent observés sont des événements exceptionnels causés par des conditions particulièrement difficiles ou encore si, plus fréquentes que plusieurs semblent croire, les activités nocturnes de ces oiseaux ont simplement été négligées en raison de difficultés techniques et logistiques (Paulus 1988, Jorde et Owen 1988).
Analyse des stratégies comportementales La présente étude devrait fournir des éléments essentiels a la compréhension des stratégies comportementales d’alimentation des Garrots d’ Islande hivernant dans l’estuaire du Saint-Laurent, par l’analyse de leur budget de temps et des principaux facteurs influençant le comportement de plongée. Deux méthodes sont régulièrement employées pour l’évaluation des budgets de temps, soit l ‘échantillonnage par focales et l’échantillonnage par balayages instantanés. L’échantillonnage par focale consiste en le suivi et l’enregistrement de tous les comportements et actions d’un individu sur une période de temps prédéterminée ou tant que l’animal est visible. L’échantillonnage par focale présente l’avantage de pouvoir quantifier la proportion de temps alloué à chacune des activités d’un animal, de même qu’observer des comportements peu fréquents qui ne pourraient être notés sans un suivi prolongé d’un individu. L’échantillonnage par balayages instantanés permet quant à lui d’enregistrer à des intervalles prédéterminés le comportement immédiat de chacun des individus se trouvant à l’intérieur d’un groupe (Altmann 1974). Cette dernière méthode, rapide et aisée, a été préférée dans certaines études des comportements d’alimentation chez des oiseaux plongeurs (Systad et al.
2000, Systad et Bustnes 2001) en raison de la difficulté de suivre des individus lors des plongées. L’échantillonnage par balayages instantanés permet d’évaluer l’intensité de quête alimentaire des individus d’une bande en fonction des individus à la surface, ceux manquants à l’appel étant en plongée au moment du balayage. Malgré sa facilité d’exécution dans certaines régions, cette méthode s’est montrée ici inefficace pour l’étude des comportements d’alimentations des Garrots d’Islande dans l’estuaire ; en effet , cette région est soumise à d’importants épisodes de glace en saison hivernale qui obstruent souvent la vue de tous les oiseaux d’une bande à la surface. Par ailleurs, les déplacements constants des garrots, font en sorte de modifier perpétuellement la taille des bandes, empêchant le calcul du nombre d’oiseaux en plongée. Pour ces raisons, et malgré la difficulté du suivi de garrots actifs plongeant constamment, l’échantillonnage par focales fut privilégié pour cette étude. La présente étude représente l’une des premières tentatives de suivi et d’étude du comportement du Garrot d’Islande en saison hivernale sur la côte est de l ‘Amérique du Nord. Elle s’inscrit dans un projet de recherche sur l ‘écologie hivernale de cette population.
Factors influencing time spent feeding
Preliminary analyses showed strong differences in the proportion of time spent feeding between Saint-Irénée and Baie-des-Rochers sites. They were therefore analyzed independently throughout this study. Various factors were considered for analysis: day length, time of day, air temperature (mean temperature), tide, habitat type, water depth, and sex. Only data from adult bi rds was used. Water temperature varied Little throughout winter (around -1°C) and was not considered (St. Lawrence Observatory, Fisheries and Oceans Canada). Day length over the course of winter was calculated using Sun Times 5.0 software and divided into three winter periods: early winter (December-January) with the shortest day length, mid-winter (February-mid-March) and spring (mid-MarchApril) , with longer day lengths. Days were divided into three segments: morning (dawn-1000 hr), midday (1000-1400 hr) and afternoon (1400hr-dusk). Air temperatures were obtained from the Environment Canada weather database and predicted tide level, at the moment of each focal observation, from the Canadian Hydrographie Service. Habitat type was determined based on the bird’s location (using Leica laser binoculars) while water depth was calculated using tide level and mean bathymetry data at that location (Canadian Hydrographie Serviee, Fisheries and Oceans Canada). 1 created candidate models containing one or multiple explanatory variables among those described. 1 performed logistie regressions to examine the influence of these factors on the proportion of time spent feeding by Goldeneyes and general linear mixed model (GLMM) regressions with Poisson distributions to test the factors’ influence on the absolute time spent feeding, using the GLiMMIX procedure of SAS 9.1. Akaike’s Information Criteria (AIC) were used to determine the best suited models to explain the occurrence of feeding activity, for both sites independently. Models were ranked according to their ~AIC, which measures the distance between a candidate model and the best ranking model (Burnham and Anderson 2002); models with ~AIC ~ 2 were deemed having the most empirical support. Akaike weights (wd were calculated to determine the relative likelihood of the models (Burnham and Anderson 2002).
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