STRATEGIE ET ORGANISATION DE LA PRODUCTION
Le secteur du cartonnage en France regroupe plus de 400 entreprises, employant environ 17 500 personnes et réalisant annuellement un chiffre d’affaires qui, en 2007, dépasse les 2,7 milliards d’Euros.
Dans leur ensemble, les entreprises spécialisées sont des P.M.E., les plus importantes ne dépassant pas, au niveau des établissements, 500 salariés : en gros 75 % de ces entreprises emploient moins de 50 personnes. Il s’agit donc d’une profession très atomisée, mais ceci est tout à fait normal dans la mesure où, de plus en plus, la production d’articles de grandes séries implique des équipements lourds, sophistiqués, onéreux et une organisation axée sur la mécanisation qui est incompatible avec la production des séries petites ou moyennes, d’articles originaux ou fréquemment modifiés.
Les activités se répartissent sur trois segments principaux :
Le carton ondulé : pour l’emballage et le transport des marchandises
Le carton pliant : pour le conditionnement des produits alimentaires, pharmaceutiques, la PLV (publicité sur le lieu de vente)…
Le carton recouvert : combiné avec d’autres matériaux (tissu, cuir), il sert de coffret de luxe.
Basée au cœur des Vosges, à Darney, la société CARTBOX est spécialisée dans la production de carton ondulé. Elle a été fondée en 1962 par Louis Topin. Ce dernier pour répondre à la forte demande de carton de l’époque, se lance dans une production à grande échelle. Ces clients sont les industriels de l’agro-alimentaire, de l’électroménager … qui participent au boom de la consommation de cette époque. Mais ces derniers lui imposent des contraintes de prix bas et des délais toujours plus courts ; Louis Topin, qui anticipe les besoins de ses clients, investit à plusieurs reprises pour arriver, en 1972, à cinq lignes de production sur son site de Darney et l’effectif est passé de 12 salariés au début à 54 personnes.
Ce sont essentiellement des opérateurs, non spécialisés, qui se chargent de surveiller l’alimentation des lignes de production en matières premières (bobines de carton), de contrôler les machines. Louis Topin veut profiter au maximum de ses ressources pour augmenter les cadences de production et réaliser des économies d’échelle. Les lignes de production ne s’arrêtent quasiment jamais. D’autre part, il ouvre des entrepôts (en Picardie, en région lyonnaise, à Orléans) pour améliorer sa logistique et être plus près de ses clients.
Louis Topin arrive bientôt au bout de cette logique de réduction des coûts : le site de production est presqu’entièrement automatisé, les méthodes du MRP permettent de planifier les achats et les cadences en fonction de statistiques établies depuis plusieurs années.
A partir de 1981, les résultats financiers commencent à stagner. Les investissements réalisés pèsent sur les résultats, les marges sont faibles et le coût de la matière première s’envole ; il est difficile de rentabiliser la production.
En 1983, Louis Topin cède son entreprise à Jean Marc Grimbert. Celui-ci décide de viser une nouvelle clientèle. En effet le carton se découvre de nouveaux débouchés, c’est le boom du carton pliant. L’emballage en carton sert, bien sur à la protection et au transport des produits mais il se transforme petit à petit en support de communication incontournable. Le développement de la législation en matière de protection du consommateur impose au fabricant une obligation d’information et le conditionnement sert désormais à véhiculer l’image du produit. Les demandes explosent et proviennent désormais d’une clientèle de PME. Ce qui caractérise cette demande, c’est qu’elle porte sur de petites ou moyennes séries, bien spécifiques quant à la forme et au contenu : emballages de yaourts, boîtes de parfum, médicaments …. Pour se démarquer des concurrents dans cette nouvelle activité, CARTBOX veut mettre alors l’accent sur les services associés, afin de répondre aux besoins de conditionnement et de mise en valeur des produits des clients. Pour l’aider dans cette phase de transition le dirigeant fait appel à un cabinet de consultants qui élabore un diagnostic après une phase d’étude de 8 mois.