Stratégie d’harmonisation de l’exploitation

LES IMPACTSSUR LECORRIDOR

L’ACCROISSEMENT DU TAVY

En l’absence d’un changement économique notable, l’évolution de la population aggrave la pression sur le corridor forestier parce que les besoins augmentent , la migration et la création des villages vers les bordures du corridorse multiplient.
La démographie et le régime foncier constituent deux déterminants majeurs de la pratique. Chez lesTanala,l’aspectsocio-culturel est également à considérer. Les paysans ne se sentent pas encore comme vrai propriétaires à défaut de titre foncier malgréleurs occupations du terrain de puisleurs ancêtres. Cette situation entraine l’occupant à négliger la gestion de la surface qu’il a occupée et de l’exploiter abusivement. La topographie (relief accidenté) est un facteur qui ne permet pas la valorisation des basfonds. Les Tanala restent attachés à la tradition et aux coutumes ancestrales. Les cultures (Tavy) se pratiquent de génération en génération, à l’exception des cultures de rente introduites pendant la colonisation. Il est souhaitable d’exploiter ce contexte social pour apporter des changements dans le mode de productions Tanala.
Les terres vacantes et sans propriétaires, délaissées par l’Etat colonial sont maintenant en accès libre par manque de contrôle étatique.Les dynamiques agraires les plus extensives s’y développent. Les ménages les mieux nantis ont la possibilité de constituer des réserves en terres individuelles dans la forêt suivant les droits coutumiers. Ces terres sont marquées par des signes d’appartenance individuelle : plantation de bananes,etc.… L’expansion du Tavy a pour conséquence la destruction du biotype des espèces animales et végétales, en particulier des espèces endémiques, et la fragmentation forestière entraînant un déséquilibre dans la fonction écologique et les réserves génétiques du corridorforestier

DEVELOPPEMENT DE CULTURE DE CANNE ASUCRE

La culture de la canne à sucre existe depuis la période coloniale dans la partie orientale de Madagascar. Elle est utilisée dans la fabrication du rhum local,une boisson très prisée des Tanala et présente à toutes les cérémonies et fêtes traditionnelles. Cette culture connaît un essor depuis la chute du prix du café sur le marché mondial et est en passe de le remplacer.
De l’Est en Ouest, les superficies consacrées à la culture de canne à sucre deviennent de plus en plus importantes,surtout lors qu’on se rapproche du corridor forestier.
Les plus importantes sont localisées dans le District d’Ikongo où se trouve la commune d’Ankarimbelo. Actuellement, la canne est surtout cultivée sur les anciennes défriches portant généralement des pieds de caféiers.
La taille moyenne estimée d’une plantation de canne proche du corridor varie de 10 à 60 ares par ménage. Cette taille peut atteindre 100 à 200 ares pour une plantation de canne située à 10 km environ de la lisière. La majorité des enquêtés du village cultivent la canne à sucre pour deux raisons, besoin en sucre et rhum local. L’utilisation du sucre industriel est très rare dans les ménages proches du corridor. Ceux qui possèdent les superficies les plus importantes, transforment la canne a sucre en rhum local (Toaka Gasy) destiné à la commercialisation. Leur objectif étant de toujours d’étendre les superficies en canne, ce qui accentuera des nouvelles terres au niveau du corridor.

PROCESSUS DE DEVELOPPEMENTLOCAL

DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

L’économie de la commune d’Ankarimbelo dépend beaucoup de l’agriculture. Après l’effondrement du prix du café, la culture de canne à sucre est une activité florissante dans la région. Ce type de culture entraîne l’élargissement de surfaces à défricher dans le corridor forestier. L’introduction des nouvelles filières de production est une stratégie susceptiblede réduirelapression sur lecorridor.

Nouvellesfilières de production

L’introduction et le développement de nouvelles filières, outre les filières actuelles, comme la canne à sucre qui remplace progressivement le café, comme la vanille, le lait, les mines, le miel, les huiles essentielles, avec l’appui des organismes de développement,pourraient améliorer les conditions de viedes paysans.
L’existence et le développement des nouvelles filières agricoles ou non agricoles pourraient réduire les pressions sur le corridor par une absorption de la main d’œuvre et / ou une augmentation des revenus.
L’apparition de ces filières serait rendu possible aussi bien par l’émergence de jeunes agriculteurs innovateurs que par l’ouverture de marchés locaux, nationaux ou internationaux, elle même envisageable grâce au développement des voies de communication(route,cheminde fer) etdu tourisme.

l’agri-business

Dans le cas de la commune rurale d’Ankarimbelo, vu l’existence des produit agricoles (Annexe : Figure 2), l’implantation des usines de transformation des produits agricoles (manioc, banane, fruit) et par conséquent, l’agri-business pourrait être une solution à la dégradation accélérée du corridorforestier de Fianarantsoa.

Désenclavement des communes

Ce qu’on a remarqué dans le corridor forestier de Fianarantsoa, plus les communes sont isolées, plus l’exploitation et la pratique du Tavysont très ancrées.
Les ménagesinterrogésont avancédeux raisons expliquantleur isolement :
-l’absence du contrôle de l’Etat par manque de moyens matériels et de ressources humaines ;
-l’insuffisance des voies de communication rendant difficile voire impossibles les échanges commerciaux avec les autres communes ou régions.
L’ouverture des nouvelles voies de communication et la réhabilitation des voies de communication existantes s’avèrent donc nécessaire.

Ouverture de nouvelles voies de communication

Cette ouverture permet le désenclavement des zones inaccessibles, facilite l’application des règlements sur le terrain et améliore le circuit d’écoulement des produits agricoles. Réhabilitation des voies de communication existantes
Elle permet d’améliorer l’accès aux zones dont l’état défectueux des voies de communication ne  permet pas une circulation fluide des biens et services.
Dans la commune d’Ankarimbelo, le nombre des trafics de taxi brousse est très faible (Annexe : Tableau 4). Leur réhabilitation conduit donc à une redynamisation des activités de ces zones.

DEVELOPPEMENT SOCIAL

L’éducation

L’éducation est considérée comme un puissant facteur d’innovation, de conscientisation et d’amélioration de la capacité de réalisation du consensus social. Comme dans le monde, le développement du système éducatif, qualitativement et quantitativement, aura sans aucun doute un impact sur le monde rural.
Deux cas sont envisageables :

Education élargie

Le niveau d’instruction des paysans s’améliore si ce domaine continue à faire partie des priorités de l’Etat et si les infrastructures et les financements sont présents. L’éducation ici est généralisée à un plus grand nombre, y compris et surtout les populations rurales isolées autour et dans le corridor.

Education stable

Les communes rurales éloignées et enclavées connaissent une très faible proportion de scolarisation et d’alphabétisation(Annexe :Tableau3).
Le taux de scolarisation de la population ne pourra augmenter s’il n’y a pas de politique d’éducation de proximité.

Politique démographique

Au fur et à mesure que la population agricole s’accroît et que les terres passent d’une génération à l’autre par héritage, les parcelles agricoles se morcellent et deviennent trop petites. On assiste ainsi à une situation de pression foncière qui amène à envisager des mesures d’accompagnement telles des campagnes de sensibilisation sur l’utilisation des méthodes contraceptives(le planning familial). On remarque cependant que cette régulation démographique produit des résultats relativement positifs dans les zones où les supports de communication sont développés, le niveau d’instruction assez élevé et le ressource de revenus diversifiés.
Cette mesure a moins de chance de porter des fruits dans un contexte où les besoins en mains-d’œuvre familiales sont primordiaux dans l’économie de subsistance.

Problème d’efficacité

Concernant la protection du corridor forestier, les activités de développement entreprises ont un impact peu modeste. D’abord, parce qu’elles sont imparfaitement suivies et réalisées, ensuite parce qu’il s’agit des micro-projets qui ne sont pas capables de modifier la donne de l’économie locale et ne compensent pas l’intérêt économique que les paysans tirent de la forêt. Les activités améliorent le quotidien mais génèrent peu de revenus. Les paysans y participent mais sans pour autant renoncer à la culture itinérante sur défriche brûlis ou plus encore à la mise en culture des nouvelles rizières dans la forêt.
Il semble illusoire de penser qu’à court et à moyen terme, ces activités pourraient contribuer efficacement à la protection du corridor forestier. L’interaction positive entre la conservation et le développement apparaît en effet difficile à mener en dépit des efforts déployés par les acteurs et l’existence du CMP qui intervient pour la coordination de toutes les activités.
La mise en œuvre du projet ou des interventions semble davantage motivée par leur faisabilité que par la nécessité réelle de protéger la forêt ou de favoriser le développement rural. Elle ne correspond pas à une réelle demande des bénéficiaires. Par ailleurs, les structures sociales ou administratives des communes n’ont pas pour le moment le moyen de s’opposer ou même de sélectionner les activités qui leur sont imposées. La situation est telle que les résultats escomptés sont mitigés et que le corridor forestier continue à se dégrader.
Cette situation, nécessite une bonne coordination des interventions tant sur le plan de zone d’intervention que sur les intérêts des acteurs présents dans les communes riveraines du corridor.

SOLUTIONS ENVISAGEES

Répartition de zones d’intervention équilibrée

La plupart des acteurs de développement et de conservation de l’environnement interviennent seulement dans les communes facilement accessibles comme les communes rurales d’Ikongo, Tolongoina. Les communes les plus reculées ne connaissent aucune intervention jusqu’ici alors qu’elles ont les plus de besoins en appui et en assistance pour le développement et surtout l’éducation environnementale.
Par ailleurs les services déconcentrés de l’Etat, qui sont chargés officiellement de la mise en œuvre des politiques nationales en matière de gestion des ressources naturelles, ne disposent pas de moyens nécessaires aussi bien financiers que matériels pour concrétiser leurs interventions dans les communes concernées.
Le déséquilibre spatial constaté engendre un dés équilibre très marqué sur les aspects socio économiques entre les différentes communes riveraines du corridor. Une des explications de cette répartition spatiale réside aussi dans le fait que les acteurs de développement, en tant que prestataires de services, sont limités dans le temps et dans leurs ressources pour mener leurs interventions. Ils sont alors obligés à cibler les communes ou villages qui offrent le plus de probabilité de résultats pour satisfaire leurs bailleurs de fonds respectifs.

coordonner les intérêts des acteurs

L’analyse des acteurs permet de comprendre et analyser les interactions entre les différents acteurs ayant de multiples intérêts et objectifs, concordants ou conflictuels par rapport à la mise en œuvre des interventions pour la gestion durable du corridor forestier. Elle permet aussi de mettre en évidence les relations existantes entre les acteurs, les conflits potentiels et les moyens de les résoudre. Les acteurs à forte importance dans le système, mais avec peu d’influence méritent qu’il y ait des initiatives spéciales pour protéger leurs intérêts. Inversement, les acteurs ayant une forte influence mais peu d’importance doivent être attentivement surveillés car leurs intérêts peuvent profiter exagérément de l’intervention et être à la source de risques significatifs. Enfin, pour avoir plus d’efficacité, il est nécessaire de construire de bonnes relations de travail avec les acteurs ayant une forte influence et une forte importance pour assurer une coalition efficace de soutien aux activités.
La continuité des interventions, l’extension de zones d’intervention, la recherche et le maintien de partenariat sont évoqués à plusieurs reprises quel que soit le niveau des acteurs. Bien que concrètement il n’y ait pas encore d’intérêts conflictuels manifestes, les acteurs qui ont les mêmes intérêts peuvent avoir des rivalités entre eux. Par contre, quelques intérêts sont complémentaires. Par conséquent, pour pouvoir bien harmoniser et coordonner toutes les interventions et pour qu’il y ait synergie des acteurs, il faudrait identifier les acteurs pertinents par rapport à la problématique du corridor forestier.

POLITIQUE DE GESTION DU CORRIDOR

A l’aide de l’étude menée dans les communes riveraines du corridor forestier de Fianarantsoa,on peut avancer de stratégie et politique de gestion durable de cecorridor. Toutefois,il est nécessaire d’analyser les stratégies adoptées et existantes.

ANALYSE

Stratégie d’interdiction et de répression

L’application de cette stratégie au corridor forestier le considère comme déjà des forêts classées et parcs nationaux. . Cette stratégie a un caractère répressif (application de la réglementation), sans pour autant que cela leur confère un statut d’interdiction totale d’exploitation. En effet, cette stratégie est irréaliste dans le cas du corridor. Son couvert forestier est déjà exploité de façon plus ou moins durable par les populations riveraines depuis des générations.Il fait partie de leur patrimoine culturel et économique.
Une interdiction totale les priverait d’un moyen de subsistance important sans, dans les conditions actuelles,leur proposer d’alternatives économiquement viables et techniquement faisables. De plus, les institutions de l’Etat n’ont pas les moyens de faire respecter une interdiction totale.

Stratégie de transfert complet de la gestion aux populations locales

Ce type de stratégie consiste à l’Etat de se retirer pur et simple de la gestion du corridor et de responsabiliser les populations locales, qui s’assimilerait à un transfert de propriété. Cette privatisation de fait, soit au bénéfice des exploitants, soit à des entrepreneurs privés, laisserait entière la question de la défense des intérêts nationaux.
On a constaté que cette stratégie peut conduire à la dégradation accélérée du corridor car au sein de ces populations locales, les plus aisés s’accapareront de la forêt aux détriments des plus démunis.Par ailleurs,l’Etat perd rases recettes fiscales forestières.

ADOPTON DE POLITIQUE DE GESTION

Priseen compte du développement humain

Pour le cas du corridor de Fianarantsoa, sa protection et sa gestion ne doivent séparer à l’améliorationde la vieéconomiquedela populationriveraine,c’est l’humanisme. Si la stratégie avancée minimise le développement humain (sur le plan social et économique), la dégradation de l’environnement au niveau de ce corridor ne cesse de continuer.

Allègement de la procédure domaniale

Selon les enquêtes menées dans les communes proches du corridor forestier, la majeure partie des terrainsne sont pas toujours titrés.Cette situation induit l’occupant de l’exploiter abusivement puisqu’il ne sent encore de vrai propriétaire. Les paysans veulent surtout la possession de titres fonciers mais vu la complexité de procédure domaniale,et le les couts y afférentes,ils n’ont le choix.
On peut envisager que la possession de titre foncier pourra changer le comportement des pays ans qui vivent au niveau du corridor forestier de Fianarantsoa.

Politique volontariste

Il faut oublier dans l’esprit que les paysans comme le seul responsable de la dégradation l’environnement à Madagascar. Comme le cas du corridor forestier de Fianarantsoa, il y avait bien des responsabilités communes entre la population riveraine et les décideurs dans cette situation.
On peut souligner que le pillage du foret dans le corridor permet au forestier de couper illégalement des centaines mètres cubes de bois paran. Pourtant sur papier,Madagascara adopté des lois qui visent à sensibiliser les populations Locales et à former des agents forestiers.

CONCLUSION GENERALE

En somme, le corridor forestier joue un rôle important dans la vie économique et sociale des population riveraines, en particulier de la commune rurale d’Ankarimbelo, car il fournit aux populations, non seulement les bois de construction et de chauffe, mais aussi le produits de chasse, de pêche et les terres agricoles très fertiles. Le corridor forestier n’est pas seulement un lieu d’activités agricoles ;il sert aussi de lieu d’échanges et de commerce.
Cette dépendance des populations riveraines vis à vis du corridor pour leur subsistance est facteur de dégradation de celui-ci. Il est vrai que les communes riveraines du corridor ont des structures comme les COBA qui impliquent les populations locales dans la gestion et la responsabilité de ce corridor alors qu’on a constaté encore la dégradation continuelle des ressources du corridor. En tant que jeunes structures, elles méritent d’être soutenues par l’administration étatique, les organismes intervenant dans ce corridor et les élus locaux.
L’analyse des acteurs locaux fait ressortir une multitude d’intervenants ainsi qu’une diversité d’activités. Toutefois, la répartition de leurs interventions est déséquilibrée , ce qui entraîne également un déséquilibre très marqué sur les aspects socio- économiques entre les différentes communes riveraines du corridor. Si, apparemment, aucun conflit d’intérêts ne se  manifeste entre les acteurs, il ne demeure pas moins que des conflits d’objectifs et de leadership se traduisent par le manque de synergie et de coordination dans la mise en œuvre de leurs activités, en dépit de l’existence d’une structure de Coordination Multi-locale de Planification (CMP). Par ailleurs, les acteurs et les bénéficiaires se préoccupent de résultants ponctuels et ne semblent pas se soucier de mesures à moyen ou à long terme, permettant de garantir appropriation et pérennisation. Par conséquent, les exploitants restent dans l’expectative. Il ressort que l’ouverture de nouvelles voies de communication et l’amélioration de celles existantes, l’alphabétisation fonctionnelle et l’éducation, la sécurisation foncière sont les plus pertinentes car elles gardent leur utilité quelque soit l’intervention.
Une stratégie basée sur une combinaison de ces mesures permettrait de renforcer la capacité de participation des populations à la gestion durable du corridor forestier. En effet, de meilleures voies de communication donneraient la possibilité aux populations d’accéder à l’éducation, d’améliorer leurs conditions de vie à travers la sécurisation du capital foncier qui garantirait tout investissement. Cet investissement conduirait à l’augmentation de la production dont le sur plus pourrait être commercialisé sur de différents marchés.
On peut penser aussi que, les voies de communication praticables toute l’année permettent aux agents de l’Etat de faire le suivi de la réglementation commune élaborée.

Table des matières

Abréviations
Généralité
Méthodologie
Introduction
CHAPITRE I: LES PRESSION SUR LE CORRIDOR FORESTIER
Section 1 : Pressions socio-économique
Section 2 : Les impacts sur le corridor
CHAPITRE II : STRATEGIE D’HARMONISATION DE L’EXPLOITATION
Section 1 : Processus de développement local
Section 2 : Stratégie de gestion du corridor
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes

projet fin d'etude

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