STRATEGIE DE CHOIX THERAPEUTIQUE

Etudes retenues dans la revue de littérature : résumé des études et synthèse des données.

Résumé des études

Etude 1
Le premier article retenu (Innes NPT et al., 2015 (29)) est une méta-analyse d’essais comparatifs randomisés ayant pour objectif primaire d’évaluer les taux de succès à long terme des couronnes préformées par rapport aux matériaux conventionnels de restauration (amalgames, composites, CVI, CVIMAR et compomères).
L’objectif secondaire a été de déterminer si l’étendue du délabrement avait un effet sur le résultat clinique.
Cette méta-analyse a été réalisée à partir des bases de données électroniques suivantes: Cochrane, MEDLINE, Embase, Instituts américains nationaux des essais de santé et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Seuls cinq essais randomisés d’une durée égale ou supérieure à 6 mois ont été retenus :
– Quatre études ont comparé les couronnes pédiatriques aux matériaux de restauration conventionnels: le risque d’échec à long terme était plus faible pour le groupe des couronnes pédiatriques préformées.
– La dernière étude a comparé les couronnes pédiatriques « esthétiques » et les couronnes pédiatriques conventionnelles. Les résultats n’ont pas permis de départager les matériaux en raison du faible niveau de preuve. Seul le saignement gingival était plus important pour les dents restaurées avec des couronnes esthétiques.
Ainsi les auteurs ont conclu que les couronnes préformées conventionnelles étaient susceptibles de réduire le risque d’échec à long terme en comparaison aux matériaux de restauration conventionnels.
Aucune donnée disponible à partir des études n’a permis d’investiguer l’influence de l’étendue des lésions carieuses.
Selon les auteurs, certains points permettraient d’améliorer la fiabilité des résultats obtenus :
– Inclure un plus grand nombre d’études.
– Normaliser les techniques, les matériaux et les résultats.
– Réduire les intervalles de confiance.
– Sélectionner une population comprenant non seulement les enfants en bonne santé n’ayant pas de défaut de développement dentaire, mais aussi les enfants atteints de pathologies du développement.
– Classifier la profondeur des lésions carieuses.
– Mettre en place un suivi plus long au sein des études.
Etude 2
Le second article (Sengul F et al., 2015 (38)) était une étude prospective randomisée monocentrique en groupe parallèles.
Elle a eu pour objectif d’évaluer les taux de succès des résines composites hybride (HCR), des ciments verres ionomères modifiés par adjonction de résine (CVIMAR), des compomères et des résines composites type Giomer (GCR).
Cette étude a été réalisée sur 146 molaires temporaires avec atteintes occluso-proximales (classe II de Black). Elle comprenait 41 enfants dans la tranche d’âge des 5-7 ans, et le suivi a été réalisé pendant 24 mois.
Les restaurations ont été évaluées en fonction des critères FDI (Fédération Dentaire Internationale (56)). Les taux de défaillance des matériaux de restauration ont été les suivants: compomère 33,3%, CVIMAR 28,1%, HCR 22,5% et GCR 21,1%. Ainsi, les auteurs ont mis en évidence que les résines composites obtenaient de meilleurs résultats en terme de succès à long terme lorsqu’elles étaient mises en place avec un champ opératoire étanche (digue en caoutchouc).
Les auteurs ont relevé plusieurs facteurs pouvant influencer les résultats :
– La restauration à un âge précoce peut avoir une incidence négative sur les résultats.
– Le type de collage utilisé peut influencer les résultats. Les études évaluant la coloration marginale ont montré que différents taux d’échec (jusqu’à 50%) pouvaient résulter d’un mauvais choix de collage.
– La taille de la lésion influence la fréquence de remplacement de la restauration et l’apparition de caries secondaires.
– La technique utilisée peut influencer la sensibilité post-opératoire.
Etude 3
Le troisième article (Hurley E et al., 2015 (26)) compare une série de 300 molaires temporaires chez des enfants de 6 à 12 ans, restaurées avec de l’amalgame, de la résine composite ou du ciment verre ionomère.
Sur les 61 restaurations dentaires retenues, les taux d’échecs (selon l’indice FDI) étaient les suivants :
– Amalgame dentaire : 19,7% des échecs
– Résine composite : 29,5% des échecs
– Ciments verres ionomères : 50,8% des échecs
Les différences étaient significatives (p = 0,012). Les résines composites mises en place sous un champ opératoire ont de meilleurs taux de survie que les ciments verres ionomères mis en place dans les mêmes conditions.
Les auteurs ont relevé plusieurs critères à prendre en compte dans l’analyse des taux d’échec :
– Les premières molaires temporaires sont plus à risque de caries proximales et de lésions étendues en raison de leur petite taille. Cependant aucune différence significative n’a été constatée à ce niveau dans cette étude.
– Les dents initialement restaurées avec des restaurations complexes multi-surfaces avaient des niveaux significativement plus élevés d’échec que les dents avec des restaurations simples (p = 0,042).
Etude 4
Le quatrième article retenu a été rédigé par Casagrande L et al. en 2013 (39). L’objectif de cet article était d’évaluer les taux de succès des restaurations en résine composite et en ciment verre ionomère modifiés par adjonction de résine.
Cet essai clinique prospectif randomisé multicentrique a inclus des enfants âgés de 5 à 9 ans, sélectionnés dans deux centres universitaires. Après calcul du nombre de sujets nécessaires à l’étude, l’échantillon se composait de 132 molaires temporaires présentant des lésions carieuses cavitaires actives de classe I ou classe II.
Les restaurations étaient cliniquement et radiologiquement suivies tous les 6 mois jusqu’à 18 mois en utilisant les critères USPHS modifiés (U.S. Public Health Service (57)).
Dans cette étude, l’ablation partielle de la carie a été réalisée dans les cas où le risque d’exposition pulpaire était important, après élimination de la dentine infectée.
Au cours du suivi clinique, les auteurs n’ont pas constaté de différence statistique dans les taux de réussite pour les deux matériaux utilisés.
Les auteurs ont mis en évidence certains critères ayant pu influencer la perte d’intégrité marginale des restaurations (événement le plus répandu et ayant eu lieu pour tous les types de restauration):
– Association d’examens périodiques, d’instructions d’hygiène et de modification des habitudes alimentaires.
– Influence des conditions cliniques (position des dents sur l’arcade, âge des patients, quantité de tissu carieux restant avant de placer la restauration).
– Technique d’élimination des caries (partielle ou complète) et influence du nombre de surfaces restaurées (bien que cela n’ait pas été le cas dans cette étude).
Etude 5
Le cinquième article (Yengopal V et al., 2009 (2)) est une méta-analyse d’essais comparatifs randomisés ayant comparé différents matériaux sur le plan de leur survie, de leur aspect esthétique et de la présence de douleur post-opératoire dans le cadre de lésion des molaires temporaires.
Des recherches ont été réalisées avec les bases de données suivantes : Groupe Cochrane Oral Health, Medline, Embase, Sigle et des conférences sur la carie de la petite enfance et des matériaux de restauration pour la dentisterie pédiatrique. Des essais randomisés ou quasi-randomisés, d’une durée minimale de 6 mois ont été retenus. Les enfants, âgés de moins de 12 ans, présentaient des caries en denture temporaire (symptomatique ou asymptomatique).
Seules trois études ont été incluses dans cette revue.
– L’étude Fuks (1999) a évalué la performance clinique des couronnes esthétiques par rapport aux couronnes métalliques préformées (santé gingivale, échec de restauration, occlusion, contact proximal et intégrité marginale).
– L’étude Donly 1999 a comparé un ciment verre ionomère modifié par adjonction de résine avec de l’amalgame dentaire sur une période de 36 mois.
– L’étude de Marks (1999) a testé des compomères et des amalgames dentaires (selon les critères Ryge USPHS).
Aucune différence significative n’a été mise en évidence dans les trois études ci-dessus, ce qui n’a pas permis aux auteurs d’émettre de recommandations en matière d’utilisation des matériaux de restauration.
Les limites de ces études étaient dues selon les auteurs à :
– Des échantillons de petite taille.
– Une courte période de suivi.
– L’absence de facteurs relevés (tel le score CAOD).
De plus, ils ont mis en évidence la nécessité d’une normalisation internationale des critères d’évaluation des restaurations, des résultats, des tests statistiques et des étalonnages afin que les questions de «réussite» et d’«échec» deviennent plus faciles à interpréter.
Etude 6
Le sixième article retenu (Daou MH et al., 2008 (40)) a évalué les performances cliniques du compomère (PMC), du ciment verre ionomère modifié par adjonction résine (CVIMAR), du ciment verre ionomère à haute densité de particules (HVGIC) et de l’amalgame d’argent.
L’étude prospective randomisée a porté sur 45 patients (149 restaurations) pour des cavités de classe I et de classe II des molaires temporaires. Les restaurations ont été évaluées par deux examinateurs à 0, 6 et 12 mois, selon les critères USPHS. Selon les auteurs, la conception de l’étude était de telle sorte qu’au moins deux matériaux de restauration étaient exposés à un environnement oral identique (activité cariogène élevée, soins préventifs, enseignement à l’hygiène orale).
Après 12 mois il a été démontré que le CVIMAR a présenté le pourcentage le plus élevé d’adaptation marginale parfaite (91% à un an) ainsi que les meilleurs résultats pour l’ensemble des critères évalués.
Cependant, il est important de souligner que la mise en place d’un champ opératoire étanche n’est pas précisée.
Le compomère présentait un taux plus élevé de décoloration marginale et HVGIC un taux plus élevé de caries secondaires ainsi que les plus mauvais résultats au niveau de l’adaptation marginale (seulement 75% de succès à 12 mois). La viscosité plus élevée de HVGIC par rapport aux autres matériaux a éventuellement affecté l’adaptation à la paroi de la cavité interne.
Des matériaux conditionnés en capsule ont été utilisés pour réduire les problèmes causés par le mélange à la main, optimiser le placement et les propriétés mécaniques des matériaux. Un système en capsule est plus pratique et donne un mélange uniforme avec plus de stabilité. Enfin, selon les auteurs, l’évaluation subjective pourrait aussi influencer les résultats.

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