Selon Wessel, Endrikat et Buscher (2002), la prévalence d’un déni de grossesse serait d’une grossesse sur 475 naissances. Cette étude est la première qui a permis d’avoir des chiffres fiables et validés pour une fréquence de déni de grossesse sur une année. Suite à cet article, ils ont découvert que ce phénomène n’était donc pas si rare, comme il est souvent dit. Ils ont également prouvé que, contrairement aux stigmatisations, la moyenne d’âge des femmes était de 27 ans. [Traduction libre] (p. 1023).
D’après Wessel & al. (2007), certains préjugés tendent à laisser penser que les dénis de grossesse sont rares et sont un événement exotique. Or, le déni de grossesse est un phénomène relativement présent au vu du chiffre exposé ci-dessus, qui s’élève à un déni sur 475 grossesses. D’autres stigmatisations soutiennent que les femmes vivant un déni de grossesse sont suspectées de mentir ou d’avoir des problèmes psychiatriques graves, car il est plus facile de comprendre ce phénomène chez les femmes souffrant de psychose en vue de leur réalité inadéquate. Cependant, il a été prouvé par cette étude, que seulement 5% des femmes présentaient un trouble psychiatrique. Certains préjugés certifient que les facteurs de risque sont tels que l’isolation sociale, une culture générale limitée, une situation socio-économique pauvre, une immaturité, un jeune âge, une naïveté concernant les capacités corporelles, une conception prénuptiale. Cependant, cette étude démontre que ces critères ne sont pas valides après avoir élaboré une recherche de caractéristiques auprès de femmes ayant vécu un déni de grossesse. Ce sont tout simplement des préjugés de longues dates. Les facteurs de risques ne peuvent pas être clairement définis au vu de l’hétérogénéité des femmes touchées. Cependant, certaines caractéristiques peuvent être relevées, telles que les femmes jeunes ou plus âgées qui n’ont pas pleine conscience de leur possibilité d’être enceinte. Une autre caractéristique des femmes à risque comprend également les femmes vivant une situation conjugale instable ou se trouvant dans une situation sociale critique, qui sont une source de stress importante. [Traduction libre] (p.545).
Selon Beier et al. (2006), le stress est un facteur de risque au déni de grossesse et ce dernier est en constante augmentation. Nous pouvons donc émettre l’hypothèse que le taux de déni de grossesse est en hausse car notre rythme de vie au sein de la société entraîne un stress important au vu des exigences sociales, ou encore des devoirs de rendements. Avec un rythme de vie soutenu, les femmes envisagent peu l’éventualité d’être enceintes, ce qui peut expliquer les nombreux cas de dénis de grossesse en Occident. Pour déstigmatiser le déni de grossesse, il est important que la croyance générale soit corrigée [Traduction libre] (p.727). Nous pouvons ajouter qu’il est nécessaire que les infirmières se détachent des a priori reliés aux dénis de grossesse afin de favoriser une qualité dans les prises en soins des familles. En effet, selon nos expériences, des préjugés soutenus par des soignants peuvent avoir d’énormes conséquences sur la qualité de leur pratique tels qu’une négligence des besoins, des demandes et des attentes de la famille ce qui conduit à une prise en soins non adaptée à la situation. Nous pouvons alors relever différentes hypothèses de compétences spécifiques que doivent faire valoir les infirmier/ères dans les prises en soins touchant au déni de grossesse. Comme évoqué ci-dessus, il est important que les soignants soient formés au niveau théorique sur le phénomène du déni de grossesse et sur les différents enjeux qu’il peut amener, tels qu’un lien d’attachement problématique. Ils doivent alors faire preuve d’une grande compréhension ainsi qu’apporter un soutien psychologique important pour accompagner les familles dans cette épreuve.
Afin de diminuer les stigmatisations et de faire taire toutes ses fausses croyances, il serait primordial d’intégrer le déni de grossesse dans le DSM IV/CIM 10. Chaque cas est unique et il est difficile de définir le déni de grossesse, car la frontière entre le conscient et l’inconscient est minime. De manière à diminuer les préjugés dans la société et donc chez les professionnels de la santé, il serait nécessaire d’intégrer le déni de grossesse dans le DSM IV, afin qu’il soit reconnu et ainsi élaborer des interventions et évaluations adéquates. Cette classification permettrait aux soignants d’avoir une base théorique commune sur ce phénomène méconnu. En connaissant les différents facteurs de risques exposés ci-dessus, les médecins auraient de plus grandes compétences pour déceler une grossesse chez une patiente en âge de procréer. [Traduction libre] (Beier & al., 2006, 728-729).
Finalement, il est important de différencier deux phénomènes qui peuvent parfois se confondre, à savoir le déni de grossesse et la dissimulation de grossesse. En effet, ces deux phénomènes sont relativement tabous et souvent confondus dans notre société car ils amènent tous les deux à un manque de soins prénatals. Ces deux phénomènes se distinguent par les différentes caractéristiques des femmes vivant ces troubles. Les femmes souffrant d’une dissimulation de grossesse sont conscientes de cette dernière mais tentent de le cacher à leur entourage pour différentes raisons. Ces femmes sont principalement jeunes, habitent chez leurs parents et sont encore aux études. Ces femmes mettent en place différentes stratégies pour masquer leur grossesse, telles que de porter des habits amples et ne se mettent pas dans des situations publiques où leur grossesse pourrait être découverte. [Traduction libre] (Friedman & al., 2007, p. 118-119).
1. Introduction |