PREMIERE PARTIE: Revue de la littérature 1990‐2010
Introduction
Cette partie de notre travail a pour objectif de lister et analyser différentes études réalisées ces dernières années afin de les comparer aux habitudes médicales et aux recommandations.
En nous appuyant sur la littérature des deux dernières décennies, période témoignant d’une ferveur nouvelle pour le sport, nous présenterons successivement les recommandations actuelles, puis les conséquences physiologiques, maternelles, fœtales et périnatales de l’activité physique. Nous poursuivrons par une présentation succincte du cas des sportives de haut niveau avant de terminer par des suggestions d’amélioration des pratiques des sportives face au sport … et du praticien face aux conseils à prodiguer.
CHAPITRE I: Recommandations actuelles
A. Recommandations françaises
Sport et grossesse
En France, les recommandations éditées par la Haute Autorité de Santé datent d’avril 2005. Le paragraphe consacré à l’activité physique figure, sur quelques lignes, dans le chapitre « Mode de Vie » et s’apparente en tous points aux recommandations éditées en 2003 par le NICE, « National Institute for health and Clinical Excellence » (Royaume‐Uni).
Elles sont également basées sur la revue systématique de la « Cochrane Collaboration » publiée par Kramer et al.
Voici les recommandations telles qu’elles figurent dans le guide « Comment mieux informer les femmes enceintes ? » (Annexe I) :
Commencer ou continuer une activité sportive modérée pendant la grossesse est possible.
Les femmes enceintes doivent être mises en garde contre les dangers potentiels de certains sports, comme les sports de contact, les sports violents et les jeux de raquettes énergiques qui peuvent provoquer des traumatismes au niveau de l’abdomen, des chutes et de trop grandes contraintes sur les articulations. Pour exemple, la pratique de l’aérobic est déconseillée car elle entraîne une augmentation du risque d’accouchement prématuré (grade A). La plongée sous‐marine est contre‐indiqué en raison du risque de malformations fœtales ou d’accidents de décompression (grade C).
Il est regrettable que ce chapitre soit si peu détaillé. Il ne l’est guère plus dans l’argumentaire. Ce constat montre qu’il y a peu d’éléments disponibles pour les médecins français pour conseiller leurs patientes lors de leur grossesse.
On remarquera également le ton presque alarmant de ces recommandations avec des termes tels que « mises en garde » ou « dangers potentiels ». Les exemples ne concernent de plus que des pratiques supposées néfastes pour lesquelles nous verrons que les études menées dernièrement ne sont pas aussi intransigeantes.
B. Recommandations américaines
C’est aux États‐Unis que les recommandations sont les plus riches. C’est en effet de là qu’est parti, avec les pays du Nord de l’Europe, l’engouement sportif que nous connaissons depuis quelques années.
Ainsi, les premières recommandations datant de 1995 étaient assez réservées, mentionnant simplement qu’il fallait éviter les activités intenses de plus de 15 minutes à plus de 140 de fréquence cardiaque. Mais depuis, la revue systématique de la « Cochrane Collaboration » consacrée au sujet mentionne que, malgré le manque de données suffisantes, pratiquer régulièrement une activité physique semble améliorer ou au moins maintenir la forme physique.
En outre, l’« American College of Obstetricians and Gynecologist » a édité de nouvelles recommandations en 2002 (Annexe II). La tendance est à la promotion du sport pour les bénéfices escomptés à plus ou moins long terme. Parmi les nouveautés, nous pouvons lire qu’il est possible de débuter voire d’augmenter un programme d’entraînement pendant la grossesse chez une femme en bonne santé.
Les recommandations vont même plus loin : pour la première fois, les bénéfices attendus pour la prise en charge de l’obésité, de l’hypertension gravidique, du diabète gestationnel y sont mentionnés. Il en est de même pour la compétition puisque maintenir une activité physique semble améliorer les performances en post‐partum des athlètes de haut niveau. Enfin, il est précisé que la plupart des risques potentiels encore craints aujourd’hui sont hypothétiques et non recensés.
Ces recommandations sont comparables à celles éditées en Australie notamment et au Canada.
Les conclusions des recommandations telles qu’elles figurent dans le « Committe Opinion » de l’ACOG n°267 sont présentées ci‐dessous. Elles datent de 2002, soit trois ans avant la parution du guide de l’HAS en France.
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