Spécialisation et diversification sportives
Pour ce qui est de la diversification sportive, elle peut se définir par la pratique variée de plusieurs activités de sport et loisir durant l’enfance, pour laquelle le but est d’enrichir l’expérience et de maximiser le répertoire d’habiletés motrices (Wall & Côté 2007). Selon Côté, elle aurait comme mérite d’améliorer plusieurs aspects de la condition physique ainsi que d’entretenir un lien plus sain avec l’ activité physique dans son ensemble (Coté, Horton, MacDonald, & Wilkes, 2009). Dans les prochaines lignes, le modèle sportif québécois sera examiné dans le but de faire ressortir ces deux concepts et de montrer ses forces et faiblesses.
L’attrait pour la spécialisation hâtive dans le sport
La spécialisation sportive peut se définir par le fait de se concentrer spécifiquement et systématiquement sur un sport à un âge relativement faible et y consacrer beaucoup de temps dans le but d’atteindre un certain degré d’excellence (Malina, 2010). Ce concept a pris beaucoup de popularité avec la ‘ ‘règle des la 000 heures » de pratique, une forme adaptée de la théorie de Chase et Simon qui démontraient la nécessité d’accumuler 10 ans de pratique avant de maitriser une activité (Chase & Simon, 1973). Par la suite, les entraineurs des pays d’Europe de l’Est se sont fait connaitre en appliquant ces principes à leurs méthodes d’entrainement et ont eu beaucoup de succès. Ils étaient reconnus pour plonger les athlètes dans une pratique intensive de leur sport à un jeune âge, sans donner de réels temps morts durant l’année. Le principe de pratique délibérée stipule aussi que la quantité de temps de qualité consacrés à des activités spécifiques augmente les chances de s’approcher de l’excellence et que les meilleurs performeurs, peu importe le domaine, sont ceux qui se sont le plus investis (Ericsson, Krampe, & Tesch-R6mer, 1993).
Le courant de la spécialisation dans le sport implique une réduction du temps libre des enfants au profit de la pratique sportive organisée (Coté, Horton, MacDonald, & Wilkes, 2009). Les sports les plus touchés chez les Américains sont la natation, la gymnastique, le patinage artistique et le tennis, mais il est raisonnable de penser que ce phénomène se manifeste dans la plupart des sports où l’on doit performer en bas âge (Hecimovich, 2004). Cette course à l’excellence a toutefois son lot d’inconvénients pour l’enfant. Par exemple, il a été démontré que chez les athlètes élites, ceux s’ étant spécialisés à un plus jeune âge, avec la participation fréquente à des camps d’entrainement et des compétitions majeures, avaient significativement moins de succès que leurs pairs ayant repoussé la spécialisation sportive à un stade plus avancé de leur développement (Güllich & Ernrich, 2006). Dans le contexte canadien, on a aussi démontré que les jeunes qui débutaient leur préparation physique en salle avant l’âge de 14 ans, auraient significativement plus de chance de décrocher de leur sport, comparativement à ceux ayant débuté ce même type d’ activité vers l’âge de 16 ans (Soberlak & Cote, 2003). De plus, la spécialisation sportive en jeune âge augmenterait les risques d’épuisement, de décrochage sportif et de non-participation sportive une fois à l’ âge adulte (Russell, 2014). Au niveau psychologique, il a été démontré que les jeunes s’étant spécialisés en bas âge avaient un profil nettement moins positif (symptômes dépressifs, satisfaction des besoins motivationnels et santé mentale globale), lorsque comparés avec ceux s’étant investis dans le sport plus tard, ou le pratiquant seulement de manière récréative (McFadden, Bean, Fortier, Post, & Elmer,2016). Cependant, à notre connaissance, il y a peu de données scientifiques récentes qui nous indiquent si les jeunes, qu’ils soient spécialisés dans le sport en jeune âge ou non, ont un intérêt à pratiquer d’autres types d’activités physiques .
L’intérêt des jeunes pour la diversification sportive.
L’approche opposée à la spécialisation hâtive est la diversification sportive. Elle consiste à varier les expériences sportives et de loisir pendant la jeunesse. Avec la montée en popularité de la spécialisation et le niveau de compétition qui ne cesse de progresser de plus en plus tôt dans les sports, le nombre d’enfants qui font une variété d’activités physiques se voit grandement réduit (Dos Santos & Silva, 2017). Ce constat nous permet de croire que les perceptions des jeunes à l’égard des autres activités physiques puissent être défavorables. En effet, la diversification augmenterait le plaisir et stimule la curiosité des jeunes, ce qui leur permet d’accumuler une bonne quantité d’activités physiques par eux même sans avoir à se faire « forcer » par leurs parents (Côté, 1999). Selon Wall et Côté (2007), les jeunes ayant réussi à essayer une variété d’activités et n’ayant pas entrepris de plan de préparation physique individuel avant 13 ans ont en général moins de chance d’abandonner l’activité physique, ce qui serait un bénéfice non négligeable à long terme. Le fait que chaque activité sportive comporte ses demandes spécifiques au niveau physique permet aux enfants de développer plusieurs types d’aptitudes motrices, ce qui peut augmenter à la fois ses performances et son savoir-faire physique (Côté, Lidor, & Hackfort, 2009). Varier le type d’activités physiques aurait d’autres bénéfices pour les jeunes. En effet, cela pourrait permettre de réduire le taux de blessures de surutilisation, ce qui s’avère une importante barrière à la participation à long terme (DiFiori et al., 2014 ). Avec tous ces bénéfices à court et long terme, il semble que la diversification sportive soit un facteur à mettre à l’avantplan dans plusieurs programmes sportifs (Jayanthi, Pinkham, Dugas, Patrick, & LaBella, 2012). Cependant, il reste beaucoup à apprendre par rapport aux facteurs pouvant influencer les jeunes sportifs à adopter la diversification dans leur pratique d’activités physiques.
1. INTRODUCTION |