SORTIE PRECOCE APRES ACCOUCHEMENT

SORTIE PRECOCE APRES ACCOUCHEMENT

Fréquence

Dans notre série, les sorties précoces représentaient 89,3% de l’ensemble des accouchements. Il s’agissait de 89,4% de sorties précoces après un accouchement par voie basse et 90,1% après une césarienne. Ces taux sont largement supérieurs à ceux retrouvés dans la littérature. En effet, à Rouen, Sulpis [35] avait enregistré 61% de sorties précoces sur l’ensemble des accouchements. En France, d’après la Haute Autorité de Santé (HAS), les taux de sorties précoces après un accouchement par voie basse étaient de 64% en 2010 et 60% en 2011 ; après une césarienne, ils étaient de 36% en 2010 et 40% en 2011 [21]. Au Canada, les pourcentages les plus élevés de séjours courts étaient retrouvés en Alberta avec des taux de 44,7% après un accouchement par voie basse et 64,1% après une césarienne [22]. En 2004, Wiegers au Canada [22] rapportait dans une étude que 76% des femmes ayant accouché à l’hôpital sortaient de la maternité le lendemain et 36% le jour même de la naissance [22].Ce taux relativement élevé de sorties précoces retrouvé dans notre pratique pourrait s’expliquer par : – la capacité d’accueil réduite des maternités, – et la volonté des femmes de sortir assez rapidement de la maternité où les conditions d’hospitalisation souvent difficiles (salles communes, accès limité des membres de la famille, problèmes d’hôtellerie et de restauration).

Profil épidémiologique

Dans notre série, le profil épidémiologique des patientes était celui d’une femme âgée en moyenne 27 ans, primipare (58,8%), mariée (96,6%) et sans activité professionnelle (76%). L’âge moyen de nos patientes était comparable à ceux retrouvés dans la littérature. En effet, Dolbeau [17], Touré [36], Depalle [16] et Sulpis [35] retrouvaient dans leurs séries respectives des âges moyens de 27 ans, 26 ans, 30 ans et 31 ans. Les primipares étaient les plus représentées dans notre étude, certainement du fait de l’âge relativement jeune de nos patientes. 56 En France, les femmes multipares étaient significativement plus nombreuses à sortir précocement de la maternité que les femmes primipares : elles étaient 3,31% à sortir précocement versus 1,13% pour les femmes primipares, en 2010. En 2011, ces taux étaient de 3,13% pour les multipares versus 0,98% pour les primipares. Par ailleurs, la parité était liée à l’âge de la femme. En 2010 et 2011, selon la HAS [21], en France où les accouchées avaient en moyenne entre 29 et 30 ans, 76% des femmes primipares avaient moins de 30 ans et les femmes de plus de 30 ans étaient dans74% des cas multipares. IV.3. Mode d’accouchement et sortie précoce Dans notre pratique, les sorties précoces intéressaient aussi bien les accouchements par voie basse (89,4%) que les césariennes (90,1%) dans des proportions presque égales. Ces résultats sont différents de ceux retrouvés en France où la proportion des sorties précoces était significativement plus élevée après une césarienne qu’après un accouchement par voie basse (test du Chi-deux, p-value<0,0001). En effet, comme l’indique le tableau ci-dessous (Tableau XVII), 36% des sorties précoces concernaient des patientes césarisées, versus 20% parmi les séjours prolongés. La part des sorties précoces après césarienne y a augmenté sensiblement en 2011 (40% versus 20%) [21]. Ceci témoigne d’une volonté ferme de la part des prestataires de santé et des patientes de réduire autant que possible le séjour hospitalier, même après un accouchement par césarienne. Cette pratique améliore la disponibilité des lits en maternité et diminue le taux de patientes réévacuées faute de place dans nos structures. 57 Tableau XVII: Proportion d’accouchées sorties précocement selon le mode d’accouchement en France et au Sénégal. Auteurs Année Pays Taux de sortie précoce (%) Voie basse Césarienne HAS [21] 2010 France 64 36 HAS [21] 2011 France 60 40 Notre étude 2013 Sénégal 89,4 90,1 IV.4. Durée du séjour hospitalier Dans notre série, les patientes ayant accouché par voie basse séjournaient en moyenne 8,2 heures en maternité. Pour la majorité d’entre-elles (60,9%), la durée d’hospitalisation était inférieure à 8 heures. Quant aux patientes qui avaient accouché par césarienne, la plupart (68,8%) séjournaient moins de 72 heures en maternité. La durée du séjour en maternité est un sujet qui fait débat. Depuis plusieurs années, la tendance observée en France est à la diminution de la durée du séjour en maternité avec l’introduction de la notion de sortie précoce de maternité définie par la haute autorité de santé (ANAES) en 2004 [1]. L’analyse de nos résultats comparés à ceux d’autres pays montre quelques différences notamment sur la durée du séjour qui est nettement inférieur aux autres. En effet, en France, le taux de sorties précoces a plus que doublé en 5 ans ; de 3 % entre 1994 et 1997, il est passé à 7 % en 2002.Cette hausse est plus importante en milieu urbain (15% en Ile de France; 30% à Lyon) [15]. La durée moyenne d’hospitalisation après un accouchement normal est actuellement de 4,4 jours [13]. Du fait de raisons économiques, de pénurie de lits et à la demande des familles, une durée d’hospitalisation plus courte est la règle dans la majorité des pays industrialisés [14]. Aux États-Unis, en 2006, cette durée de séjour n’était plus que de 2,2 jours pour un accouchement par voie basse et 3,6 jours en cas de césarienne [1]. Aux Pays-Bas, un tiers des naissances ont lieu à domicile. 58 Lorsque l’accouchement a lieu dans une maternité, les femmes restent hospitalisées en moyenne 8 heures en post-partum [1], les mêmes délais que ceux observés dans notre série. Cependant, le relais à domicile est assuré systématiquement par une aide familiale qui va s’occuper de la mère et de l’enfant pendant 8 jours, et par une sage-femme libérale qui assure le suivi obstétrical pendant la même durée, ou plus longtemps si cela est nécessaire [1]. Dans une enquête réalisée en 2000 en région parisienne auprès de professionnels de santé et de mères 15 jours après leur retour à domicile, les mères trouvent que le séjour en maternité est trop long et qu’elles n’acquièrent pas de nouvelles compétences après le 3ème jour d’hospitalisation, alors que les professionnels de santé jugent qu’une durée minimale de 4 jours est nécessaire pour permettre d’éviter au maximum les complications maternelles et néonatales [38]. Ce raccourcissement inéluctable de la durée du séjour hospitalier après un accouchement semble répondre à 2 nécessités essentielles : – une volonté économique et stratégique : le manque de lits et de praticiens mais aussi un souci de rentabilité imposent aujourd’hui une rotation plus rapide, – une volonté des mères et des familles: la diminution de la durée de séjour est liée à la demande de certaines mères qui, à défaut de pouvoir accoucher à domicile, souhaitent retrouver le plus rapidement possible leur milieu familial jugé plus confortable et plus chaleureux, et veulent éviter une trop grande médicalisation des suites de couches [7]. IV.5. Pronostic maternel et néonatal Dans notre série, nous n’avons enregistré aucun décès maternel ou néonatal lors du suivi post-natal. Nos résultats sont comparables aux données de la littérature où il n’y avait pas de décès enregistrés après une sortie précoce de maternité. En effet, selon la HAS [21], aucune femme ayant eu un accouchement par voie basse avec complications n’était sortie précocement de la maternité en 2010 et 2011.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS SUR LA PROBLEMATIQUE DU POST-PARTUM ET LA SORTIE PRECOCE APRES ACCOUCHEMENT
I. POST-PARTUM
I.1. Définition
I.2. Données physiologiques maternelles
I.2.1. Utérus
I.2.2. Glandes mammaires
I.2.3. Fonctions urinaires et digestives
I.2.4. Etat psychique
I.3. Rappels physiologique du nouveau-né
I.3.1. Adaptation respiratoire
I.3.1.1. Le poumon fœtal
I.3.1.2. Les mouvements respiratoires
I.3.1.3. Le surfactant
I.3.1.4. Le liquide pulmonaire
I.3.2. Adaptation circulatoire
I.3.2.1. Rappels sur la circulation
I.3.2.3. L’inversion du gradient de pression entre oreillette droite (OD) et gauche (OG)
I.3.2.4. L’inversion du shunt D-G (droit-gauche) de la période prénatale
I.3.2.5. La diminution des résistances pulmonaires
I.3.2.6. Adaptation thermique
I.3.3. Adaptation métabolique
I.3.4. L’Adaptation rénale
I.3.5. L’adaptation digestive
I.3.6. Le score d’Apgar
I.4. Complications du post-partum
I.4.1. Complications maternelles
I.4.1.1. Complications infectieuses
I.4.1.2. Complications thrombo-emboliques
I.4.1.3. Complications liées à l’allaitement
I.4.1.3.1. Engorgement mammaire
I.4.1.3.2. Crevasses mamelonnaires
I.4.1.3.3. Lymphangite mammaire
I.4.1.3.4. Abcès du sein
I.4.1.4. Complications hémorragiques
I.4.1.4.1. Inertie utérine
I.4.1.4.2. Endométrite hémorragique
I.4.1.4.3. Rétention placentaire
I.4.1.4.4. Retour de couches hémorragique
I.4.1.5. Troubles psychologiques
I.4.1.5.1. Les difficultés d’attachement mère-enfant
I.4.1.5.2. Le « blues syndrome » du post-partum
I.4.1.5.3. La dépression du post-partum
I.4.1.5.4. La psychose puerpérale
I.4.1.6. Autres complications
I.4.2. Complications néonatales
I.4.2.1. Complications infectieuses
I.4.2.2. Ictère néonatal
I.4.2.3. Troubles digestifs
I.4.2.4. Cardiopathies congénitales
I.5. Surveillance du post-partum
I.5.1. En salle de naissance
I.5.2. Dans les suites de couches
I.6. Consultations post-natales
I.6.1. Première consultation post-natale ou CPON 1
I.6.2. Deuxième consultation post-natale ou CPON 2
I.6.3. Troisième consultation post-natale ou CPON 3
II. SORTIE PRECOCE
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I. CADRE D’ETUDE
I.1. Situation géographique
I.2. Infrastructures
I.2.1. Maternité
I.2.2. Unité de consultation externe
I.3. Personnel du service de Gynécologie-Obstétrique
I.4. Activités
I.4.1. Soins
I.4.2. Formation
I.4.2.1. Formation théorique
I.4.2.2. Formation pratique
II. PATIENTES ET METHODES
II.1. Type d’étude
II.2. Critères de sélection des patientes
II.2.1. Critères d’inclusion
II.2.2. Critères de non inclusion
II.3. Collecte et analyse des données
II.4. Modalités de prise en charge des patientes
III. RESULTATS
III.1. Fréquence
III.2. Caractéristiques maternelles
III.2.1. Age
III.2.2. Parité
III.2.3. Lieu de résidence
III.2.4. Profession
III.2.5. Antécédents médicaux
III.2.6. Antécédents obstétricaux
III.2.7. Suivi prénatal
III.2.8. Accouchement et post-partum immédiat
III.2.8.1. Type et terme de la grossesse
III.2.8.2. Etat des membranes et coloration du liquide amniotique
III.2.8.3. Type de bassin
III.2.8.4. Mode d’accouchement
III.2.8.5. Examen à la deuxième heure du post-partum
III.2.9. Durée du séjour hospitalier
III.2.9.1. Accouchement par voie basse
III.2.9.2. Accouchement par césarienne
III.2.10. Suivi post-natal
III.2.10.1. Première consultation post-natal ou CPON 1
III.2.10.2. Deuxième consultation post-natal ou CPON 2
III.2.10.3. Troisième consultation post-natal
III.2.10.4. Contraception
III.3. Caractéristiques néonatales
III.3.1. Paramètres anthropométriques
III.3.2. Score d’Apgar à la 5ème minute
III.3.3. Examen morphologique
III.3.4. Suivi post-natal
III.3.4.1. Première consultation post-natale ou CPON 1
III.3.4.2. Deuxième consultation post-natale ou CPON 2
III.3.4.3. Troisième consultation post-natale ou CPON 3
IV. DISCUSSION
IV.1. Fréquence
IV.2. Profil épidémiologique
IV.3. Mode d’accouchement et sortie précoce
IV.4. Durée du séjour hospitalier
IV.5. Pronostic maternel et néonatal
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

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