Les sites d’étude
Cette section présente les deux sites qui constituent notre échantillon, aussi bien pour la collecte des données sur la végétation ligneuse que pour les données socioéconomiques.
Le site de Nianiar
Ce village est situé à environ 1 km (Annexe 14) à l’Est de Réfane Pèye Sindiane, chef lieu de la communauté rurale. Il compte 877 habitants, répartis dans 70 ménages et 62 concessions (CR Réfane, 2012). Il n’est habité que par des sérères.
Tout au tour du village, le parc agroforestier est subdivisé en un ensemble de sous-parcs. De par leurs noms locaux, on distingue Guint, Ngothie (Hannoa undulata), Mboufoune, Goole, Colong, Mbello, Ndiagne, Ndieukeu guiné, Wèl (renard en langue Wolof), Kimbé et Guint.
Le site de Ndiarno
Le village de Ndiarno se situe au Sud-est de Réfane Pèye Sindiane, à environ 2 km de Ndéreppe (Annexe 14). Il abrite 816 habitants, répartis dans 53 ménages et 49 concessions (CR Réfane, 2012). Tout comme Nianiar, ce village n’est habité que par des sérères.
A Ndiarno, le parc agroforestier est aussi subdivisé en sous-parcs localement désignés sous les noms de Hour gaindé (tanière du lion), Ndimag, Ndère et Houhou Waly.
Le milieu biophysique
Cette section porte une analyse sur les composantes environnementales de la zone d’étude, à savoir le relief et les sols, le climat, les ressources en eau, les ressources végétales et fauniques.
Le relief et les sols
Le relief de la communauté rurale de Réfane est caractéristique de la région de Diourbel. Il est très plat et dominé par des plaines (GERAD, 2004).
Les types de sols rencontrés dans cette partie du Baol2 sont les sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés, les sols bruns hydromorphes et les sols ferrugineux tropicaux lessivés.
Les sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés, communément appelés « Dior » occupent 80% des superficies emblavées de la zone (GERAD, 2004). Ces sols sont selon Trochain (1940), très sableux, poussiéreux en surface lorsqu’ils ne sont pas mouillés et faciles à travailler.
Néanmoins ils sont pauvres en matière organique (< 3%), avec une faible capacité de rétention en eau, une capacité d’échange cationique peu élevée (DEFCCS, 1999) et sont extrêmement sensibles à l’érosion.
Les sols bruns hydromorphes, encore appelés « Deck » sont à texture argileuse et sont localisés dans la zone des dépressions où les eaux de ruissellement apportent un enrichissement en dépôts organiques. Ils ont une capacité de rétention en eau relativement élevée (ARD et al., 2011), mais sont insignifiants dans la zone car ne couvrant que 2 % des terres arables.
Les sols ferrugineux tropicaux lessivés, appelés Deck-Dior sont d’une texture argilo-sableuse et assurent la transition entre les Deck et les Dior. Ils sont riches en matière organique et couvrent 19 % des superficies emblavées (ARD et al., 2011).
Les sols de la communauté rurale de Réfane, tout comme le reste de la région de Diourbel, sont caractérisés par leur sensibilité extrêmement élevée à l’érosion éolienne (CSE, 2010).
En effet, la diminution du couvert végétal, les pratiques culturales inadaptées, le fauchage systématique du tapis herbacé et la forte charge pastorale, les exposent sur une bonne période de l’année à la déflation éolienne, accélérant ainsi leur dégradation.
Le climat
La zone de Réfane appartient au climat sahélo-soudanien, caractérisé par l’alternance de deux saisons (GERAD, 2004): une saison des pluies, qui dure trois mois (de juillet à septembre) et une longue saison sèche, qui dure 9 mois (d’octobre à juin). Baol : ancien royaume du centre du Sénégal, dont le contour correspond approximativement à l’actuelle région de Diourbel.
Nous nous proposons de réfléchir sur la question de la dynamique climatique au travers d’une analyse basée sur les paramètres tels que les vents, les pluies et la température.
Les vents
Le vent est un paramètre climatique important pour la végétation ligneuse. Il peut modifier les autresparamètres climatiques, notamment l’humidité et la température (Nongonierma, 1978).
Dans la communauté rurale de Réfane, le climat est fortement influencé par l’alizé continental ou harmattan qui véhicule un vent chaud et sec pendant la saison sèche, et la mousson, un vent chaud et humide favorable aux apports de pluies en hivernage (ARD et al., 2011).
La vitesse moyenne annuelle des vents est de 2 m/s à la station de Bambey. Cependant, les valeurs journalières peuvent atteindre 4,7 m/s au courant des mois d’Avril et Mai. Les valeurs moyennes mensuelles sont plus élevées en saison sèche, avec un pic de 2,7 m/s au mois d’Avril. Ce qui peut entrainer la majorité des éléments fins du sol (Traoré, 1999) et provoquer ainsi leur érosion.
Les pluies
L’eau est un facteur primordial dans la vie des plantes (Nongonierma, 1978). Elle constitue un élément clé pour l’environnement, car explique en grande partie la qualité et la répartition géographique des espèces végétales, de même que le niveau de rechargement des nappes.
Dans la zone de Réfane, l’évolution de la pluviométrie est caractérisée par son irrégularité inter et intra-annuelle avec des déficits, parfois synonymes de sécheresse.
De 1923 à 2010, la pluviométrie est caractérisée par une tendance à la baisse (Figure 2). La moyenne annuelle de la série est de 588 mm. L’année la plus pluvieuse est 1950 (1250,5 mm), 1983 étant la plus déficitaire (317,6 mm). L’analyse des données, laisse apparaitre quatre séquences pluviométriques au contraste frappant (1923-1949, 1950-1967, 1968-1987 et 1988 2010).
La première couvre 1a période allant de 1923 à 1949. Elle est excédentaire dans son ensemble (moyenne annuelle 634,4 mm). Néanmoins, elle renferme 16 années déficitaires, dont les 8 se situent dans la période 1939 – 1949. L’année 1945 étant la plus déficitaire de toutes.
La seconde couvre la période allant de 1950 à 1967. Elle est excédentaire (moyenne de 732,3 mm) et reste la plus pluvieuse de la série considérée. Elle renferme 14 années excédentaires et 4 années déficitaires. Elle renferme par ailleurs l’année la plus pluvieuse (1950).
La troisième qui va de 1968 à 1987 (encadré sur la figure 2) présente une accentuation de la baisse pluviométrique observée depuis 1952. Elle est la plus déficitaire de la série (moyenne de 461,3 mm), avec 86% des saisons déficitaires. La période 1970 – 1986 est la plus critique, avec une moyenne annuelle de 459 mm. La séquence renferme par ailleurs l’année 1983, qui est la plus déficitaire de la série considérée, avec 317,6 mm.
La dernière séquence de la série considérée couvre la période allant de 1988 à 2010. Durant cette période, on observe une légère augmentation dans les apports annuels, laissant penser à un retour progressif à une pluviométrie normale. La séquence, malgré tout, reste globalement déficitaire (moyenne 523,8 mm). Elle renferme 22 saisons, dont les 15 sont déficitaires.
Les températures
Les températures moyennes annuelles relevées dans la période 1951-2003, varient entre 27 et 29°C, tout en s’inscrivant dans une tendance globale à la hausse. La moyenne thermique annuelle de la série considérée est de 28°C. L’année la plus chaude est 1983 (29,4°C), et la moins chaude est 1959 (26,8°C).
L’analyse des températures enregistrées dans cette série (1951 – 2003), montre trois séquences bien distinctes : de 1951 à 1968, de 1969 à 1987 et enfin de 1988 à 2003 (Figure 4).
La première qui couvre la période 1951 à 1968 a enregistré les moyennes thermiques les plus faibles de la série (moyenne annuelle de 27,4°C). Toutefois, elle reste globalement caractérisée par une hausse constante des températures.
La seconde qui va de 1969 à 1987 est la plus chaude, avec des moyennes annuelles demeurant supérieures à celle de la série (encadré Figure 4). Bien qu’elle renferme les années les plus chaudes de la série, elle montre une tendance à la baisse des températures à partir de 1983.
La période 1988 à 2003 est globalement caractérisée par une tendance à la baisse des températures moyennes annuelles. Cette baisse s’accentue à partir de 1999.
L’hydrologie
La présentation de l’hydrologie de la zone d’étude sera essentiellement basée sur les eaux de surface et les eaux souterraines.
Les eaux superficielles
Avec son relief plat, quasiment dominé par des plaines, l’espace communautaire de Réfane est faiblement nanti en ressources hydrographiques. De même que le reste du Baol, il n’y existe aucun cours d’eau permanent ou semi permanent. Les quelques retenues d’eau de surface rencontrées dans la zone, sont représentées par des mares localisées dans les parties nord (zone de Réo-Mao) et sud (zone de Ndéreppe). Ces mares sont alimentées par les eaux de pluie et tarissent juste après l’hivernage (GERAD, 2004).
Les eaux souterraines
Les travaux de Thiao (2009) révèlent le caractère affleurant de la nappe du passé (16e Siècle), de même que l’existence de sources (écoulements d’eaux souterraines), dans la zone de Réo-mao.
De nos jours, les puits et les forages de la communauté rurale de Réfane sont essentiellement alimentés par les nappes du Lutétien et du Maestrichtien.
La nappe du Lutétien, accessible à une profondeur de 30 à 70 m, constitue la principale source d’approvisionnement des puits qui la captent à 35 m en moyenne (GERAD, 2004). La nappe du Maestrichtien constitue le principal réservoir d’eau souterraine de la région de Diourbel, avec une puissance moyenne de 250 m (Badiane et al., 2000). Elle est captée par les troisforages de Réfane à une profondeur allant de 95 à 240 m (GERAD, 2004).
La flore et la végétation
La communauté rurale de Réfane demeure la seule entité communautaire de l’arrondissement de
Lambaye, à ne pas disposer de bois communautaire, et ceci malgré les nombreux projets de reboisement et d’agroforesterie dont a bénéficié la région de Diourbel.
La végétation rencontrée dans la communauté rurale est de type sahélo-soudanien (GERAD, 2004). La flore ligneuse est essentiellement dominée par des épineux des genres Faidherbia, Balanites et Acacia. Sur le plan structural, la végétation peut se subdiviser en une strate arbustive et une strate arborée.
La strate arbustive est nettement dominée par la famille des Combretaceae avec notamment Guiera senegalensis (Nguère), Combretum aculeatum (Sawat) et Combretum micranthum (Séhéw) par endroit. Entre autres espèces classées dans cette strate, on peut citer Balanites aegyptiaca (Soump) qui est l’espèce la plus représentée dans le parc, après Faidherbia albida.
La strate arborée est dominée par des espèces telles que Faidherbia albida (Kad), Adansonia digitata (Gouye), Azadirachta indica (Niime), Tamarindus indica (Dakhar), Celtis toka (Mboule), Anogeissus leiocarpus (Guédiane) et Sclerocarya birrea (Béér).