L’aquaculture, et plus particulièrement la culture de crevettes, s’est développée très rapidement durant ces dernières décennies. On a noté une augmentation jusqu’à 400% de la production de crevettes depuis 1989 jusqu’en 2002 au niveau mondial, et 30% sont issues de l’aquaculture.
Cette activité a vu le jour tout récemment à Madagascar [56]. La mise en place de la première ferme industrielle n’a commencé qu’en 1992 à Mahajamba. Malgré cela, cette activité a connu une évolution fulgurante depuis et tend même à concurrencer la pêche crevettière [46]. Si en 2003, les crevettes apportent plus de 70% des recettes totales d’exportation des produits halieutiques [8, 46], en 2011 cette valeur est descendue à 60%, soit une valeur de 187 milliards d’Ariary (ASH, 2012).
La faisabilité de la filière semi – intensive, méthode préconisée dans le cas du Sud-est asiatique, est bien maîtrisée actuellement à Madagascar [9, 11, 35, 54, 57]. Avant les années 70, les aliments utilisés pour la crevetticulture sont essentiellement composés d’aliments naturels et de nourritures fraîches. Les chercheurs et les opérateurs ont essayé de formuler des aliments dits « artificiels » ou « granulés » [23, 33]. Ces aliments artificiels ont connu leur succès et ne cessent de s’améliorer pour l’élevage de type industriel.
Situation de l’aquaculture de crevettes
Historique
Dans le monde
L’aquaculture de crevettes a été pratiquée depuis plusieurs centaines d’années [43]. Si l’espèce Penaeus vannamei était la plus en vogue au Panama et en Equateur dans les années 70, actuellement, l’espèce la plus élevée dans le monde est le Penaeus monodon. Elle représente 75% de la production mondiale qui avoisine 1.000.000 tonnes [12] 75% environ du produit crevetticole sont issus des pays asiatiques qui sont la Thaïlande, les Philippines, le Japon, l’Indonésie, la Chine et le Vietnam et 25% – des pays latino-américains avec l’Equateur comme premier producteur dans la zone. Des quantités très restreintes (moins de 1%) sont produites par les Etats Unis et l’Afrique [43]. Dans le continent africain, trois pays seulement sont impliqués dans l’aquaculture, à savoir Madagascar, la Guinée et récemment la Mozambique. En 2000, Madagascar occupe la 19è position dans le monde et en pôle position en Afrique. [51], avec une production de 4 804 tonnes.
Les espèces d’aquaculture les plus importantes sont :
– Penaeus monodon, (Black tiger prawn) en Asie et à Madagascar,
– Litopenaeus vannamei (Whiteleg shrimp) en Amérique latine,
– Litopenaeus stylirostris (Blue shrimp) en Amérique centrale,
– Fenneropenaeus chinensis (Fleshy shrimp) en Chine,
– Marsupenaeus japonicus (Kuruma prawn) au Japon,
– Fenneropenaeus indicus (Indian white prawn) en Asie du Sud-Est.
A Madagascar
L’aquaculture de crevettes à Madagascar fut entreprise suite à des études réalisées par France – Aquaculture. En effet, deux missions d’identification des sites exploitables pour l’aquaculture ont été effectuées en septembre/octobre 1987 et en 1990. Ces deux missions, menées dans le cadre du projet PNUD/FAO, ont permis de découvrir l’existence de quelques 50 000 ha de sites, des vastes tannes d’arrière mangroves avec des terres argileuses particulièrement favorables à l’établissement des bassins.
Dans le même cadre du projet, a été prévue la réalisation d’un programme destiné à faire des tests d’élevage. Ainsi, fut construite la ferme pilote d’aquaculture de crevettes à Nosy-Be qui comprend une écloserie d’une capacité de 5 millions de post-larves, 7 bassins d’environ 1 ha de chaque et des infrastructures de travail.
Des essais et des tests d’élevage ont été entrepris de 1989 à 1993 avec des espèces locales, notamment le Penaeus monodon et le Penaeus indicus. Les géniteurs provenaient des pêches en mer. Les tests portaient sur le système d’élevage (intensif, semi-intensif et extensif), et sur l’alimentation. Les résultats obtenus étaient très encourageants. Ce qui a amené à la mise en place des projets aquacoles actuels.
Situation actuelle
En 2001, on a recensé à Madagascar sept sociétés industrielles. Le tableau suivant relate les performances de chaque société dans le temps.
Perspectives d’avenir
Concernant les espaces propices à la crevetticulture, l’étude du schéma d’aménagement de l’aquaculture [11] a permis de mettre en exergue la présence de vastes étendues de tannes d’arrières mangroves disponibles et non utilisées situées sur la côte Ouest de Madagascar, et dont la superficie nette en eau est de 11 .130 ha. L’exploitation de ces zones pourra produire jusqu’à 54.000 t de crevettes [46]. Dans un avenir proche, la production de crevettes élevées en milieu contrôlé est appelée à dépasser largement celle issue de la pêche.
Différents types d’aliments et leur importance selon le système d’élevage des crevettes
Différents types d’aliments
Les crevettes comme tous les autres organismes vivants ont besoin de nutriments essentiels ou substances pour leur croissance, le remplacement des tissus, la maintenance, la régulation du fonctionnement de l’organisme et pour maintenir la santé [49]. Les animaux de l’aquaculture puisent tous leurs besoins nutritionnels, à partir des aliments qu’ils mangent .
Aliments naturels
Dans la nature, les crevettes sont omnivores et se nourrissent de phytoplancton, des plantes et des animaux existant aux alentours mais aussi des débris d’autres organismes. Des expériences ont montré que les Crustacés adultes acceptent d’avaler des aliments inertes à l’opposé des larves. Après une certaine période, ils se nourrissent de zooplancton ou d’autres espèces d’animaux ou des plantes et des animaux à la fois. Les deux types d’aliments s’obtiennent facilement dans la nature mais il est préférable de faire la culture d’algues sous contrôle comme le cas des écloseries. Dans les bassins de grossissement, les aliments naturels sont le résultat du cycle biologique induit par les nutriments minéraux. Sous l’action de la chaleur et de la lumière, les matières inorganiques et les acides carboniques sont transformés en matières organiques sous forme de plancton végétal .
Aliments artificiels
L’importance principale des aliments artificiels réside dans le fait qu’ils peuvent subvenir aux besoins nutritionnels des animaux en milieu contrôlé pour un régime bien équilibré. Plus la technique d’élevage de crevettes devient intensive, moins elle dépend de l’aliment naturel, tout en augmentant leur dépendance vis à vis d’aliments préparés [49]. Avoir un aliment de bonne qualité et nutritionnel ne suffit pas pour réussir dans l’aquaculture, il faut aussi savoir bien gérer l’aliment .
Systèmes d’élevage
Les termes extensif, semi-intensif et intensif sont utilisés pour définir les systèmes de culture [7, 17, 44]. Mais dans la pratique, ces distinctions sont un peu floues. Toutefois, ils sont reliés par l’importance de l’utilisation de l’aliment et/ou des fertilisants et aussi par la densité de stockage. [28].
– En élevage intensif, la dépendance en aliments naturels diminue. L’utilisation d’un aliment complet nutritionnellement prédomine. La densité est élevée, de 20 à 60 individus/m2 et pouvant entrainer un risque de pollution et maladie.
– L’élevage semi-intensif ou semi-extensif tient compte de la productivité naturelle et utilise en même temps des aliments artificiels. La densité est comprise entre 7 et 20/m2.
– L’élevage extensif, qui n’apporte aucun apport artificiel est de faible densité (inférieure à 5/m²). Les crevettes se nourrissent uniquement de phytoplancton, zooplancton, et d’invertébrés benthiques. Les fientes ou les sous-produits agricoles sont utilisés comme source de carbone, azote et de minéraux essentiels pour stimuler la croissance du phytoplancton par le biais d’une fertilisation.
INTRODUCTION GENERALE |