« SINTAKA » : COUTUME ANCESTRALE BETSIMISARAKA

« SINTAKA » : COUTUME ANCESTRALE
BETSIMISARAKA

CONDITIONS DE FOND

Les conditions ici se rapprochent de celles prévues par le droit positif malagasy en matière de mariage. On peut relever en effet, des conditions tenant aux futurs époux eux-mêmes, c’est-à-dire, le consentement, l’âge, aussi que celles relatives aux interdictions établies par la société elle-même.

Conditions tenant aux futurs époux

Pour que le mariage ou Sintaka puisse avoir lieu, il faut relever le consentement d’abord, car celui-ci est primordial. Mais l’âge peut également être pris en considération.

Le consentement 

Le consentement des époux A l’époque traditionnelle, le consentement des époux était subsidiaire, les parents avaient de rôle exorbitant dans la détermination de son gendre ou sa bru (supra p.16). Mais par l’évolution de mœurs le système a été abandonné et confère la pleine autonomie à l’époux de son choix. Ceci est d’ailleurs conforme à la déclaration de Droit de l’homme : « Le Mariage ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux » Art. 16 al2. La volonté des époux devrait être exempte de vice telle la violence et la contrainte.

Le consentement des parents

Les parents assument des rôles colossaux, la pierre angulaire du Sintaka c’est l’engagement fait aux parents et aux membres de la famille présents. Dans la philosophie betsimisaraka, les parents sont « Dieu sur Terre », leurs consentements devraient être requis car les bénédictions sont bénéfiques. Passer outre à un mariage au mépris d’un refus constitueraient une fatalité pour l’avenir de l’union. D’où, en général, la nécessité du consentement des parents pour la réalisation du Sintaka. SINTAKA : Coutume Ancestrale Betsimisaraka Faculté de DEGSSD Université de Fianarantsoa 29 B. – L’Âge Contrairement au droit positif qui a fixé l’âge matrimonial qui est de 18 ans pour l’homme et la femme, le droit traditionnel betsimisaraka n’a pas fixé un minimum, mais dans la société traditionnelle cet âge pouvait parfois descendre au dessous de 18 ans. Ainsi il n’était pas rare de voir les parents consentir à l’union de leur fille de 16 ans par exemple. Mais, en dessous de cet âge, en principe, les parents ne donnent pas leur fille. Et actuellement, dans la pratique, l’âge matrimonial dans la tradition betsimisaraka coïncide avec l’âge du mariage légal. § 2 . – Conditions tenant à la société La société a érigé des interdictions afin d’aboutir à une sérénité de l’union. Il s’agit de l’interdiction de polygamie d’un côté, et l’inceste d’un autre côté. A. – Interdiction de la polygamie La définition juridique de la polygamie : c’est la situation d’une personne légalement mariée qui a contracté un nouveau mariage sans que l’ancien n’a pas été dissout. La polygamie tolérée autrefois par le droit traditionnel n’est pas conçue à son sens qu’il a été dit précédemment. Il n’y a pas l’engagement dans plusieurs mariages, il s’agit de l’état d’une personne simultanément mariée hors mariage. Par la mutabilité de la coutume, ce laxisme est actuellement abandonné, la polygamie est une mœurs périmée. La polygamie a causé un trouble social dans la mesure où le coût de la vie deviendrait plus cher. B. – Interdiction de l’inceste L’inceste c’est la relation sexuelle entre proches parents. La quasi-totalité de Betsimisaraka l’observe32 . La prohibition s’est élargie au « Fati-drà » (Fraternité du Sang) On peut relever l’empêchement dirimant et l’empêchement prohibitif. D’après sa définition, l’empêchement dirimant est un empêchement prohibitif au mariage considéré comme essentiel et grave. Cet empêchement est un obstacle au mariage et son inobservation encourt la nullité du mariage. « Les relations incestueuses sont condamnées », le corollaire de cette règle c’est que si par erreur deux personnes consanguines se sont mariées, le mariage devrait être dissout. ___________________ 32Pourtant le Mariage entre parents à partir du 5ème degré ou 9ème degré selon la coutume est permis (à ce degré on parle de « Lô Amböra ») • Lô Amböra : La permission du Mariage entre parent au-delà de certain degré, le sacrifice de bœuf n’est plus utile. SINTAKA : Coutume Ancestrale Betsimisaraka Faculté de DEGSSD Université de Fianarantsoa 30 Si l’empêchement dirimant est une cause possible de nullité, l’empêchement simplement prohibitif s’est caractérisé par la possibilité de confirmation. En pratique, malgré le mariage incestueux, au lieu de se séparer les époux procèdent souvent à la confirmation de leur union car le passé ne s’efface pas et surtout pour sauver l’intérêt de la famille. La confirmation est procédée par la cérémonie du ala-lôza (littéralement ala, enlèvement et lôza, inceste). La levée de l’inceste consiste à immoler un bœuf en offrant à Dieu (Zanahary) et aux ancêtres (Razana) pour essayer de rentrer dans leur faveur, pour demander la purification de l’union. Durant le rituel les époux s’accroupissent et sont attachés par une corde spéciale comme l’intestin du zébu ou une plante dénommée « Harefo », dans un moustiquaire ils boivent un jus de la bouse extraite du ventre du zébu. Au signal donné par le Tangalamena (Chef traditionnel) ils prennent la fuite dans deux directions opposées,la corde est coupée, s’ils ont pris la même direction l’inceste n’est pas levée . Pendant la fuite, l’assistance essaie à qui mieux de leur lancer de la bouse. Pour d’autres, la levée de l’inceste de parent proche nécessite deux bœufs de même couleur ( omby mifamehy rambo). Les époux ne peuvent pas manger la viande et les morceaux sont partagés gratuitement aux assistants. La coupure de la corde signifie la brisée de lien de parenté existante. Désormais ils ne sont plus parents. Par l’absorption du jus de la bouse, on les assimile comme des bœufs et les bêtes ne commettraient pas d’inceste. La parenté par fraternité du sang (fati-dra) ne suscite pas l’immolation de zébu. La cérémonie d’enlèvement de l’inceste est actuellement moins pratiquée, la génération actuelle est plus réaliste et moins superstitieuse d’où le proverbe « Maty foana karaha aomby nanalan-dôza » (Le sacrifice de zébu est sans importance pour la levée de l’inceste). Section II CONDITION DE FORME Dans le mariage il y a des formalités obligatoires qui sont prescrites par la coutume, le Sintaka a donc de procédure à suivre qui lui soit spécifique. Lors de la demande en mariage le versement d’une somme d’argent aux futurs beaux-parents est une formalité requise par la coutume. Pour ce qui a trait à la célébration, la cérémonie est marquée par l’ORIMBATO et l’offre de DIAFOTAKA,comme nous avons dit antérieurement l’Orimbato est la pierre angulaire du mariage dans lequel est établi les règles qui va régir le mariage. Contrairement à la célébration du mariage devant l’OEC qui est une sorte de contrat d’adhésion au droit positif, les règles conçues lors de l’Orimbato sont les fruits de consensus des deux parties et qui doivent se conformer au droit coutumier. SINTAKA : Coutume Ancestrale Betsimisaraka Faculté de DEGSSD Université de Fianarantsoa 31 La remise du Diafôtaka est aussi obligatoire le jour de la célébration. Mais ce qui différencie cette offre de celle qui a été donnée lors de la demande en mariage c’est que le Diafôtaka pourrait être de nature variée alors que dans la demande en mariage il s’agit exclusivement d’une somme d’argent. En outre la cérémonie du « SINTAKA » se déroule toujours le jour33 .D’habitude le repas est offert après la cérémonie quelque soit l’heure. La célébration est faite en présence des membres de la famille, les tiers se sont informés par la mélodie du cortège (ÖSIKA).

LIRE AUSSI :  Interroger les liens entre le genre et la consommation

Table des matières

INTRODUCTION
NOTION SUR LE BETSIMISARAKA
APRCU SUR LE SINTAKA
PREMIERE PARTIE .
RITUEL ET CONDITIONS DU « SINTAKA »
PHASE PREALABLE
LA DEMANDE EN MARIAGE
CHAPITRE PREMIER
LA DESCRIPTION CEREMONIALE
CHAPITRE II CONDITIONS
Section première CONDITIONS DE FOND
Section2 CONDITIONS DE FORME
DEUXIEME PARTIE LA CONCEPTION DU « SINTAKA »
CHAPITRE PREMIER ASPECT SOCIOCULTUREL
Section première ASPECT SOCIAL
Section2LA CULTURE BETSIMISARAKA A TRAVERS LE SINTAKA
CHAPITRE II  ASPECT JURIDIQUE
Section première
LA NATURE JURIDIQUE
Section2 LE REGIME JURIDIQUE
TROISIEME PARTIE
APPRECIATIONS
CHAPITRE PREMIER LA CONSISTANCE DU SINTAKA
Section1 LE SINTAKA PARAIT ETRE EN DECLIN
Section2  LE DECLIN
CHAPITRE II  LES GARANTIES DE PROTECTION DE L’INTERET FAMILIAL
Section1 LE DROIT COUTUMIER
Section 2 LA CONVENTION MATRIMONIALE
Section3  EFFECTIVITE DE PROTECTION DES PREROGATIVES FAMILIALES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

projet fin d'etudeTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *