Simulation de la fiabilité de composants microélectroniques de puissance
Introduction
L’industrie des transports exige un excellent niveau de fiabilité des composants microélectroniques. Cela implique que les composants de puissance doivent assurer un bon fonctionnement des différents systèmes du véhicule, quelques soient les conditions climatiques, et ce pendant une durée de vie avoisinant la dizaine d’année. La fatigue thermomécanique des composants étant la principale cause de la défaillance des systèmes de puissance, son étude et son évaluation sont par conséquent primordiale lors de la conception d’un composant ou d’un système. Dans ce but, la modélisation numérique et particulièrement par éléments finis est devenue l’outil de recherche et de développement principal pour l’analyse du comportement électro-thermo-mécanique de composants microélectroniques et de modules de puissance. Cependant, la précision des résultats obtenus par simulation dépend fortement de la connaissance des paramètres thermomécaniques des matériaux utilisés dans le modèle. Ce chapitre introduit, dans un premier temps, les propriétés thermomécaniques ainsi que leurs techniques de caractérisation, pour des matériaux déposés en couche mince par les techniques de salle blanche. Puis, nous présenterons les principales approches de l’étude de la fatigue thermomécanique ainsi que les mécanismes de défaillances thermomécaniques des composants microélectroniques de puissance.
1 – Propriétés thermomécaniques et techniques de caractérisation des matériaux déposés en couches minces par les techniques de salle blanche
Les propriétés thermomécaniques fondamentales des matériaux
Cette partie décrit les propriétés thermomécaniques fondamentales des matériaux qui sont le module de Young, le cœfficient de dilatation thermique, les contraintes résiduelles et la fatigue d’un matériau. Une focalisation particulière est effectuée sur les matériaux métalliques et notamment sur l’aluminium.
Propriétés mécaniques et comportement des matériaux
Le module de Young (E), ou module d’élasticité longitudinal, caractérise la rigidité d’un matériau. Il traduit la relation de proportionnalité entre la contrainte (σ) et le déplacement relatif (ε) lorsqu’un matériau subit une déformation totalement réversible. Le coefficient de Poisson (υ) caractérise le rapport des déformations transversales à la déformation longitudinale. Pour un matériau isotrope, soumis à de petites déformations, la relation générale entre les contraintes et les déformations, ou loi de Hooke, est donnée par : ij ij kk ij E E σ δ ν σ ν ε − + = 1( ) (I-1.1-1) εij : tenseur des déformations σij : tenseur des contraintes, sa diagonale est constituée des contraintes normales (tension, compression), ses autres constituants sont les contraintes tangentielles (cisaillement) δij : fonction égale à 1 si i=j, et sinon à 0 .Il existe un système d’axes pour lequel le tenseur des contraintes ne possède que des composantes suivant sa diagonale. Ces composantes (σ1, σ2, σ3) sont alors définies comme étant les contraintes principales. Dans certaines conditions spécifiques, il est possible de simplifier significativement la loi de Hooke généralisée. Déformation élastique (OA) : Lorsque la contrainte appliquée au matériau est inférieure à une limite dite d’élasticité (σy) la contrainte en fonction du déplacement relatif suit une loi de proportionnalité dont le cœfficient correspond au module de Young (EY). Le mouvement des atomes est considéré comme totalement réversible. Déformation plastique (AB) et retour à l’équilibre (BC) : Si la contrainte appliquée au matériau est supérieure à une limite dite d’élasticité (σy), alors la loi de proportionnalité n’est plus respectée et une partie de la déformation subie par le matériau est alors irréversible. Cette limite d’élasticité caractérise l’état de contrainte qui engendre les premiers mouvements des dislocations. Lorsque la contrainte croit au delà de σy, la densité de dislocations dans le matériau augmente mais le nombre de points de blocage de cellesci augmente encore plus, si bien que la déformation ne peut progresser que si la sollicitation augmente. Si la contrainte forcée sur le matériau devient nulle, alors un retour à l’équilibre a lieu. Il subsiste alors une déformation résiduelle (εr) due aux déformations plastiques. Ecrouissage ou consolidation (CBD) : Si on applique de nouveau une contrainte sur le matériau, alors on constate que sa limite d’élasticité devient égale à la valeur de la plus grande contrainte atteinte au préalable. La résistance du matériau à la déformation augmente, c’est le phénomène d’écrouissage, dont la propriété principale est d’augmenter la dureté d’un matériau, c’est à dire, d’augmenter sa limite d’élasticité. Au delà ce cette limite, le matériau subi de nouveau des déformations plastiques. Déformation viscoplastique (DE) : Si la contrainte continue à croître pour atteindre la contrainte ultime (σu), les glissements peuvent traverser les grains du matériau et suivre les joints de grains. La déformation peut alors se poursuivre à contrainte constante, jusqu’à la rupture du matériau, c’est le domaine de viscoplasticité.
Contraintes résiduelles dans les films minces
Les contraintes résiduelles sont présentes dans la majorité des matériaux utilisés en microélectronique. Ces contraintes internes sont un paramètre important de la microélectronique en général, car elles peuvent être responsables de plusieurs types de problème comme la mauvaise adhésion d’un couche ou la forte courbure d’une plaquette suite à un dépôt. Ces contraintes résiduelles peuvent entraîner la modification des caractéristiques d’une couche tel que sa résistivité électrique ou sa capacité à propager des fissures par fatigue. L’intensité de ces contraintes est variable selon le matériau, la technique de dépôt ou de croissance utilisée, ainsi que lors de la modification de la structure interne suite à une implantation et un recuit par exemple. L’intensité de ces contraintes est d’autant plus critique que l’épaisseur de la couche est élevée car l’énergie par unité de surface stockée dans une couche est proportionnelle au produit de son épaisseur par le carré de l’intensité des contraintes. L’origine de ces contraintes résiduelles peut être considérée comme étant la résultante de contraintes intrinsèques au matériau et de contraintes extrinsèques dues à l’interaction entre le film et le substrat [GAR88]. – Les contraintes intrinsèques apparaissent lors de la synthèse du film et trouvent leurs origines dans des régions soumises à une déformation à l’intérieur du film en lien avec le mouvement des joints de grains, des dislocations, à des impuretés ou à des phénomènes dynamiques de recristallisation ou d’inter diffusion. – Les contraintes extrinsèques sont liées à l’interaction du film avec le substrat sur lequel il est déposé. Ces contraintes sont principalement d’origine thermique, suite à la différence des coefficients de dilatation thermique des matériaux, à des réactions chimique à l’état solide ou à l’inter diffusion entre le film et le substrat. Cependant les contraintes thermiques, calculées à partir de l’équation (I-1.1-10), sont expérimentalement observées pour une gamme de température limitée qui correspond à des contraintes inférieures à la limite d’élasticité. Au-delà de cette limite, ces contraintes sont relaxées par plusieurs mécanismes de plasticité tels que la création de dislocations ou la diffusion des joints de grain..
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