La scoliose idiopathique chez l’adolescent (SIA) est caractérisée par une déformation tridimensionnelle de la colonne vertébrale. Elle affecte 3% des adolescents dans le monde. Si l’étiopathogénie de cette maladie fait encore l’objet de débats, les experts s’entendent pour dire que certains facteurs génétiques ont un rôle dans le développement de la SIA. Par exemple, les canaux semi-circulaires de l’oreille interne peuvent présenter une morphologie anormale chez ces patients (Shi, Wang, Chu, Burwell, Wong, Heng & Cheng, 2011). Des chercheurs du CHU Sainte Justine ont d’ailleurs émis l’hypothèse qu’une prédisposition génétique à des anomalies de l’oreille pourrait constituer un facteur majeur dans l’apparition de la scoliose idiopathique (Patten & Moldovan, 2011). En effet, la transmission du signal sensoriel du mouvement rotationnel du corps jusqu’au système nerveux central pourrait être affectée par une malformation des canaux semi-circulaires. Cela entraînerait une altération du circuit d’équilibre et affecterait la posture causant la déformation de la colonne vertébrale.
L’imagerie Cone beam CT est une modalité radiologique de plus en plus utilisée pour explorer le système vestibulaire. Comparativement au CT-scan, les images obtenues avec l’imagerie CBCT sont plus précises, notamment pour les structures osseuses. En plus, les doses délivrées sont inférieures à celles du CT-scan faisant de cette modalité une approche de choix pour l’exploration de l’oreille osseuse.
Scoliose idiopathique
Description de la pathologie
La scoliose idiopathique est une déformation tridimensionnelle de la colonne vertébrale. La colonne est divisée en quatre parties soit la partie cervicale, thoracique, lombaire et pelvienne. Celle-ci est composée d’un empilement de vertèbres qui ont une orientation et une position définies. Les principales fonctions de la colonne vertébrale sont le maintien et le support du corps ainsi que la protection de la moelle épinière. La scoliose idiopathique, signifiant que la cause exacte de la maladie est inconnue, touche 3 à 5% de la population (Patten & Moldovan, 2011). Cette maladie a une prévalence chez les filles avec un ratio de 8 à 9 filles pour un garçon (Patten & Moldovan, 2011). Elle est dite infantile si elle apparaît entre0à3 ans, juvénile entre 4 à 10 ans et adolescente pour les patients de 10 ans et plus. La scoliose idiopathique peut être catégorisée selon le type de courbure et sa localisation (King, Moe, Bradford & Winter, 1983) : une scoliose à courbure unique dans la région thoracique, thoraco-lombaire ou lombaire; ou une scoliose double impliquant deux courbures dans les régions citées ci-dessus. Une deuxième classification plus complexe, celle de Lenke, Betz, Harms, Bridwell, Clements, Lowe & Blanke (2001), considère des indices de déformations de la courbe lombaire (A, B, C) et des déformations de la courbe thoracique sagittal (-,N,+).
Diagnostic et signes cliniques
Un des signes cliniques de la scoliose idiopathique est une asymétrie de la posture chez le patient. Par exemple, une épaule peut être plus haute que l’autre. Plus la courbure de la scoliose est prononcée, plus il est difficile pour le corps de garder son alignement, ce qui peut entraîner de la fatigue à long terme. Ainsi, un des premiers tests de dépistage de cette maladie est le test «Adam’s forward bend» . Le patient en position debout doit effectuer une flexion avant du tronc et le médecin, placé à l’arrière, évalue la symétrie du dos dans le plan horizontal (Horne, Flannery & Usman, 2014). Un indicateur de la présence de scoliose est une rotation du rachis dans le plan axial caractérisée par la proéminence des côtes dans la région thoracique et/ou des muscles paravertébraux dans la région lombaire. Le médecin peut déterminer la courbure et la rotation de la colonne vertébrale à l’aide d’un scoliomètre lors du test «Adam’s forward bend» . Si un signe d’asymétrie est présent, le patient est référé en radiographie. La radiographie permettra d’analyser la courbure de la colonne vertébrale. Une des mesures utilisées pour classifier la gravité de la scoliose est l’angle de Cobb (Cobb, 1948) c’est-à-dire l’intersection entre les «deux lignes tracées parallèlement aux plateaux des vertèbres supérieures et inférieures les plus inclinées sur l’horizontale». Ces deux lignes sont repérées par un expert sur une radiographie postéro-antérieure. Un angle inférieur à 10° signifie qu’il n’y a pas de scoliose, un angle entre 10 et 24° signifie une scoliose faible, un angle entre 25 et 44° signifie une scoliose modérée tandis qu’un angle supérieur à 45° signifie une scoliose sévère qui doit être traitée chirurgicalement (Greiner, 2002). De plus, une scoliose peut être progressive ou non progressive. Dans un contexte de scoliose progressive, la courbure de la colonne vertébrale va s’accentuer malgré le traitement appliqué. Nault, Mac-Thiong, Roy-Beaudry, Turgeon, deGuise, Labelle & Parent (2014) ont défini une scoliose progressive lorsqu’elle évolue d’au moins 6°entre le premier examen et la maturité squelettique du patient.
Les modalités d’imagerie jouent un rôle primordial dans le diagnostic de la maladie et dans la détermination de l’angle de Cobb. Celles-ci sont la radiographie, la tomodensitométrie (CT), l’imagerie par résonance magnétique (IRM). La radiographie standard est la plus utilisée tandis que le CT-scan et l’IRM sont utiles en cas d’intervention chirurgicale. Sachant que la scoliose idiopathique affecte la plupart du temps des adolescents, il est important de choisir l’imagerie qui minimise le plus la radiation. C’est dans cette optique que l’imagerie EOS a été développée . Celle-ci consiste en deux radiographies à basse dose, une dans le plan frontal et l’autre dans le plan transverse. Cette imagerie caractérisée par une dose 6 à 9 fois inférieure au CT-scan (Deschênes, Charron, Beaudoin, Labelle, Dubois, Miron & Parent, 2010) est donc l’imagerie de choix pour le diagnostic et le suivi des patients atteints de la scoliose.
Traitements
Plusieurs approches thérapeutiques existent en fonction de la sévérité de la scoliose. Les principaux traitements sont la kinésithérapie/physiothérapie, le port de corset et les traitements chirurgicaux.
La kinésithérapie et la physiothérapie permettent de limiter la progression de la scoliose à l’aide d’exercices physiques. Ces exercices consistent pour la plupart à restaurer la symétrie et l’alignement du dos (Fusco, Zaina, Atanasio, Romano, Negrini & Negrini, 2011). Un autre traitement repose sur le port d’un corset orthopédique fabriqué sur mesure. Tout comme les exercices de physiothérapie, le corset permet de limiter l’évolution de la scoliose. Finalement, lorsque les traitements précédents ne parviennent pas à limiter la progression de la scoliose, l’approche chirurgicale est envisagée. Une des techniques chirurgicales les plus souvent envisagées consiste en la fusion vertébrale qui permet de corriger la scoliose et de maintenir cette correction dans le temps (Weinstein, Dolan, Cheng, Danielsson & Morcuende, 2008).
Étiologie
Si l’étiologie de la scoliose idiopathique n’est pas encore connue, plusieurs experts ont tenté d’en expliquer les causes. Plusieurs facteurs, notamment génétiques, tissulaires, hormonaux, biomécaniques et neurosensoriels semblent impliqués (Lowe, Edgar, Margulies, Miller, Raso, Reinker & Rivard, 2000). Le rôle de l’hérédité pour le développement de la maladie est grandement accepté dans la communauté scientifique. Kesling & Reinker (1997) ont en effet montré que les jumeaux homozygotes ont une concordance de scoliose dans 73% des cas et 36% chez les jumeaux dizygotes.
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