Savoir(s), visibilité, reconnaissance, autonomie, identité, sage-femme 

Savoir(s), visibilité, reconnaissance, autonomie, identité, sage-femme 

quelle alchimie « Il y a deux manières de se perdre : par ségrégation murée dans le particulier ou par dilution dans l’universel. Ma conception de l’universel est celle d’un universel riche de tout le particulier, riche de tous les particuliers, approfondissement et coexistence de tous les particuliers. »

En qualifiant la Maternité d’OFNI : « objet féministe non identifié », KNIBIEHLER385 donne peut-être la clef pour la compréhension de la relation complexe entre savoir, reconnaissance, autonomie, identité (y compris l’identité genrée), sage-femme et plus particulièrement, sage-femme enseignante.

En effet, la tension entre le médical (scientifique) et le symbolique, l’individuel voire l’intimité et le collectif, place la sage-femme dans un entre deux, un espace peu définissable, mais fondé implicitement sur une idée de la féminité, de la santé, concepts abordés différemment en fonction des intervenants (individus ou institutions). 11.1 Savoir(s) et sages-femmes

Cet entre deux, voire cette ambivalence, où entrent en concurrence des savoirs et des pratiques mobilisées, est renforcée par l’approche relativement récente de l’Evidence Base Médecine (EBM) qui influe certainement sur les savoirs professionnels et leur mise en œuvre.

En effet celle-ci « a pour objectif de contribuer à une médicalisation raisonnée de la naissance, promouvant les interventions nécessaires à la sécurité des femmes et des enfants et renonçant à celles qui sont superflues, voire néfastes » [PERRENOUD-2014].

De plus « la culture du risque et de la médicalisation véhiculée dans les communautés de pratique influence la conception de la naissance et imprègne les perceptions des praticiens(ne)s » [PERRENOUD-2014]. Cependant, la construction du savoir d’une sage-femme ne peut avoir comme seul fondement la théorie de l’EBM ;

elle nécessite, entre autre, une connaissance de la physiologie humaine et des sciences cognitives pour comprendre les rouages de l’apprentissage de gestes techniques, de diagnostics « sensoriels » socialement situés. Sur le plan épistémologique,  initialement les connaissances revendiquées par les sages-femmes sont empiriques, expérientielles, issues de la pratique, à l’image des savoirs de métier.

Même si ces savoirs sont étayés, aujourd’hui, par des données scientifiques et techniques, ils ont un sens symbolique évident car « ce qui importe davantage aux sages-femmes, c’est que ces connaissances valorisent le savoir ancestral des femmes sur la naissance, leur compétence, leur vécu. Ce savoir a un sens symbolique très fort :

Le reconnaître, c’est reconnaître que les femmes savent quelque chose sur leur corps, qu’elles ont une compétence dans le domaine de la naissance qui leur appartient. En se présentant comme spécialistes de la naissance, les sages-femmes s’identifient à ce savoir féminin et s’en font les dépositaires » [DESAULNIERS-2003].

Les pratiques sensorielles peuvent être considérées comme des compétences professionnelles, renvoyant à des dynamiques relationnelles où se mêlent technique et affect [DONNAINT, MARCHAND, GAGNAYRE-2015]. La sage-femme, par exemple, en prenant en charge une patiente et/ou un nouveau-né construit « des interactions complexes, basées sur des modes de communication fortement ancrés dans des interactions sensorielles » [ROCHAT NOEL-2014].

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