S’approprier le désert. Agriculture mondialisée et
dynamiques socio-environnementales sur le piémont côtier du Pérou
L’essor de l’agro-industrie dans un désert de piémont
Pour analyser l’essor de l’agro-industrie dans un désert de pièmont, nous exposerons d’abord le cadre physique et ses caractéristiques locales. Puis, nous expliquerons comment les périmètres irrigués ne cessent de s’étendre malgré l’aridité du milieu. En effet, de nombreuses mesures juridiques et politiques ont été mises en œuvre et le cadre légal a été établi pour favoriser l’implantation des entreprises privées. Cette mise en valeur est cependant loin d’être homogène. La description de trois périmètres irrigués nous permettra d’approcher la diversité des modes de développement agro-industriels. I. La région côtière : un désert de piémont
Les origines climatiques du désert côtier
Sur toute la longueur du continent américain s’élèvent de hauts reliefs, des Rocheuses jusqu’à la Cordillère des Andes. Ces reliefs montagneux favorisent une manifestation particulière des anticyclones dynamiques océaniques (Demangeot, 2001 : 16). Au Pérou, le désert s’étend sur presque toute la longueur du pays c’est-à-dire sur 13 degrés de latitude (du 5° au 18°), soit environ 2 700 km. La définition de Demangeot et Bernus (2001 : 18) résume bien les origines du désert côtier péruvien : « désert parce qu’anticyclonal, côtier parce que bloqué par un obstacle orographique, froid parce que longé par un upwelling ». Elle mérite tout de même des précisions. Les anticyclones de l’océan Pacifique qui pénètrent sur le continent sont rapidement bloqués par les Andes. Les vents émis par ces hautes pressions sont renforcés par la barrière orographique naturelle, ce qui engendre le déplacement des masses océaniques du sud vers le nord. Les eaux de surfaces sont repoussées lors du contact avec les vents et laissent ainsi remonter des eaux froides de profondeur (upwelling) vers l’Equateur, localement appelées le courant de Humboldt (Demangeot, 2001 : 16). Au contact des eaux plus fraîches qui longent le continent, l’air venant de la mer se refroidit et provoque ainsi la condensation de l’humidité de l’air (Dollfus, 1965). Celle-ci engendre des brouillards qui se dissipent grâce aux turbulences au sol, dues en partie au jeu des brises de mer et de terre déterminées par les variations de températures entre les surfaces de l’océan et du continent (ibid., 1965 : 14). Les versants de la côte centrale (entre Trujillo et Ica), situés entre 1ère Partie : Les cadres de l’agriculture côtière 30 300 et 800 m, qui bénéficient moins des vents marins, sont recouverts de brume plusieurs mois par an, ne laissant pas de place à de « réelles » pluies. Ces bruines ou « garuas » sont l’une des caractéristiques du climat côtier (Dollfus, 1965). Les températures moyennes sont, en général, voisines de 20°C, refroidies par les courants marins froids et réchauffées par le couvert nuageux (Demangeot et Bernius, 2001 : 35). Les précipitations ont des valeurs mensuelles annuelles très faibles et des valeurs interannuelles irrégulières. 0 10 20 30 40 50 60 jan fev mar avr mai jun jul aou sep oct nov dec Précipitations (mm) 0 5 10 15 20 25 30 Température (°C) Lima – mm Trujillo – mm Lima – T°C Trujillo – T°C Figure 1-1 : Diagramme ombrothermique du désert péruvien : Lima et Trujillo. (Source Demangeot et Bernus, 2001. Réalisation : A. Marshall, 2008) Ce diagramme ombrothermique a été réalisé suivant la formule de Gaussen P=2T. Cette représentation reste la plus connue et utilisée pour exposer les caractéristiques climatiques d’un lieu étudié. Elle permet ainsi aux lecteurs de comparer le cas péruvien aux autres cas. Le graphique met en évidence le caractère désertique de la région côtière péruvienne notamment de par la faible quantité de précipitations. Par contre, cette formule très utilisée reste imprécise et les variations nationales ou locales sont difficilement remarquables. Deux lieux aux climats représentatifs de ceux de la Côté ont ainsi été sélectionnés. Malgré une uniformité due à l’aridité du milieu, ce graphique met en évidence deux types de climats : – Celui de Lima, localisé au centre du Pérou, au niveau du 12e parallèle. Les précipitations, qui restent faibles mais relativement constante sur l’année, sont les plus importantes de mai à septembre, pendant les mois les plus froids (jusqu’à 15°C). En été, les précipitations sont très faibles voir inexistantes (février et avril). La température moyenne annuelle est de 18°C. – Celui de Trujillo (8e parallèle) est différent, avec une forte irrégularité annuelle. Les précipitations plus importantes pendant les 3 mois d’été sont inexistantes sur 7 mois. Les températures sont plus élevées avec une valeur moyenne annuelle de 20,7°C. 1ère Partie : Les cadres de l’agriculture côtière 31 La figure 1-1 met en avant l’aridité du milieu avec un déficit hydrique d’origine climatique. Dans les deux cas, l’amplitude thermique est peu marquée avec des températures moyennes mensuelles qui varient entre 15 et 25°C au cours de l’année. Les précipitations présentent une disparité entre les deux zones, avec des pluies plus constantes sur l’année à Lima, avec pour seuls mois secs les mois de février et d’avril, et des irrégularités à Trujillo avec des moyennes mensuelles plus importantes de janvier à mars, et sept mois dont les moyennes sont nulles. L’exemple de Lima (12e parallèle) et de Trujillo (8e parallèle) permet d’avoir un aperçu des spécificités climatiques locales. En effet, ce désert n’est pas homogène sur ses 2 700 km de long. Les variations locales et le gradiant latitudinal doivent être pris en compte et peuvent être regroupées selon une zonification. Dollfus (1968) distingue trois grands ensembles géographiques. Tout d’abord, le désert du sud, qui s’étend de la frontière chilienne à Nasca (au sud d’Ica, environ le 15e parallèle), et qui est divisé en deux ensembles : un désert maritime et tiède où les brouillards sont fréquents et un désert d’altitude (sur les plateaux et le rebord des Andes) où les contrastes thermiques diurnes sont très importants. Ensuite, le désert du centre, de Nasca à Trujillo, brumeux et gris. Enfin le désert du nord, à partir de Trujillo, qui est partiellement recouvert par une steppe arborée se développant grâce aux pluies plus fréquentes vers le nord et notamment en période de El Niño. Figure 1-2 : Origines climatiques du désert côtier (Conception d’après Dollfus, 1965. Sources : IGN, 2003. Réalisation : A. Marshall, 2008) Certaines années, lorsque les eaux du courant de Humboldt s’affaiblissent, le contre courant chaud équatorien, qui longe l’Equateur (latitude 0), pousse les eaux vers le sud et apporte les pluies d’été appelées El Niño8 dans le Nord au-delà de Trujillo, c’est-à-dire sur les départements de Lambayeque et de Piura. Chaléard et Mesclier (2006a) rappellent qu’en quelques heures il tombe plus d’eau que durant toute une année voire plusieurs années sèches. Ces années pluvieuses, les bancs de poissons des eaux froides disparaissent provoquant la mort de millions de pélicans et de cormorans (Dollfus, 1965 : 15), mais on trouve alors un « désert… vert » (Chaléard et Mesclier, 2006a). Figure 1-3 : Situations climatiques : normale et avec présence de El Niño (Sources : site Internet de l’université Laval, Québec, 2008) En situation climatique normale, les alizés du sud-est et le courant de Humboldt remontent vers le nord. En période de El Niño le courant de Humboldt est moins fort et les vents du nord-ouest plus importants. Ces derniers poussent le courant appelé El Niño vers le sud en longeant les côtes péruviennes et apportant d’importantes précipitations. A ces courants marins et alizés régionaux, s’ajoute la zone de convergence intertropicale qui descend jusqu’à l’Equateur en été qui favorise les vents du nord-ouest et le courant équatorien. Le relief moins important au nord du Pérou favorisant ainsi le passage des courants atmosphériques. 8 El Niño, littéralement l’Enfant. Cette anomalie climatique a été baptisée ainsi car elle apparaît au cours du mois de décembre, en fin d’année lors des fêtes de Noël. 1ère Partie : Les cadres de l’agriculture côtière 34 Ces manifestations et interactions climatiques et océaniques également appelées El Niño Southern Oscillation (ENSO) affectent les régions côtières qui s’étendent du sud de l’Equateur jusqu’au Chili central, c’est-à-dire toutes les régions côtières péruviennes. À l’échelle de l’océan Pacifique, le phénomène ENSO se manifeste par des sécheresses dans des régions normalement abondamment arrosées comme l’Indonésie et, à l’inverse, par des pluies et des inondations dans les régions habituellement désertiques comme le nord du Pérou. Il a une périodicité de l’ordre de 2 à 7 ans depuis plusieurs milliers d’années (Fléchet, 2007). Pourrut (1998 : 501) explique que l’ENSO « standard » correspond à un réchauffement côtier des températures qui se propage ensuite vers l’ouest. Mais il existe des ENSO « inverses » d’un point de vue temporel, dans le sens où le ENSO « standard » connaît sa maturité entre décembre et février alors que le ENSO « inverse » l’atteint en mai. Les trois plus importants ENSO du XXe siècle au Pérou ont eu lieu au cours des années 1940-1941, 1982-1983 et 1997-1998. En 1998, date du dernier phénomène climatique, de nombreuses villes ont été touchées sur la côte péruvienne. Les débits des cours d’eau ont connu de fortes augmentations. La ville d’Ica a notamment été recouverte par une coulée de boue (« huayco ») engendrant des pertes matérielles (habitations, infrastructures routières, canaux d’irrigation…) mais aussi humaines.
Le géosystème « Costa »
La notion de géosystème est ici à rattachée à la définition de Brunet (1997 : 240) qui se base sur celle de G. Bertrand de 1968 qui permet de « décrire une unité ou facette naturelle, formée par un ensemble systémique d’éléments du climat, des eaux, du sol, de la végétation et du relief ». Ce système naturel peut être de niveau local, régional ou global suivant les études. Dans notre cas, le géosystème « Costa » est une analyse au niveau régional, c’est-à-dire sur une entité spatiale d’échelle moyenne garante d’un certain équilibre du milieu naturel. Nous avons eu recours au concept de géosystème car la segmentation par écorégions proposée par l’Institut national des ressources naturelles9 (INRENA) n’est pas assez précise pour notre échelle d’analyse. Au Pérou, l’étroit liseré côtier compris entre l’océan et les Andes est appelé « la Costa », la côte. Il convient de définir ce terme qui peut porter à confusion lorsqu’il est traduit en français. La Costa correspond à un géosystème particulier dans le sens où ce milieu présente un caractère d’homogénéité au point de vue climatique, topographique, géomorphologique, pédologique et écologique. Cet institut est un organisme public décentralisé du Ministère de l’Agriculture. Les informations données dans le texte sont extraites du site Internet : www.inrena.gob.pe D’un point de vue hypsométrique, il existe plusieurs délimitations reconnues. Celle qui correspond au domaine continental côtier (Flores Palomino, 1992 : 72), c’est-à-dire la zone située entre le niveau de la mer et la courbe de 800 mètres d’altitude, sur les contreforts de la cordillère andine puis celle décrite dans la Géographie Universelle (Deler, 1991) qui fixe le niveau maximal de la Costa à 1 000 m. Elle s’étend sur presque 3000 km en longueur et sa largeur varie entre 50 et 100 km. Elle s’étend sur environ 150 000 km². D’un point de vue topographique, la Costa telle qu’elle vient d’être décrite est un piémont. Taillefer (1984 : 459) définit le piémont comme le lieu situé au contact d’une région de montagne et d’une région de plaine. George et Verger (2006 : 323) définissent le piémont comme la région basse en contact avec un massif montagneux qui diffère des plaines par son organisation. La Costa correspond ainsi à la zone localisée entre les contreforts de la cordillère andine et le littoral. Les auteurs expliquent ensuite que les principaux aspects de cette « domination » sont visibles dans la sédimentation, la tectogénèse, l’orogenèse, le climat, l’hydrologie et l’hydrographie, la végétation ainsi que dans les aménagements spécifiques qui débouchent sur l’utilisation des ressources du piémont ou de la montagne. Autant d’aspects qu’il est important de prendre en compte dans l’analyse d’une telle zone. D’un point de vue géomorphologique, le piémont est constitué par le matériel détritique arraché soit aux Andes et transporté par les fleuves jusqu’au trait de côte, soit par des nappes d’épandage au pied des versants côtiers (Collin Delavaud, 1968 : 23). La plaine côtière est ainsi composée de deux grands ensembles : des plaines alluviales (1) actives ou de colmatage littoral avec des caps rocheux et des glacis (2) ou de grands cônes alluviaux fossiles.
Les plaines alluviales correspondent aux différentes vallées qui s’ouvrent sur le littoral
Elles débutent à la sortie des gorges de raccordement, par une auge alluviale d’axe général perpendiculaire à l’axe de la cordillère avec un tracé sinueux suivant les inégalités lithologiques (Collin Delavaud, 1968 : 24). Sébrier et al. (1984 : 50) expliquent que ces plaines correspondent à un remblaiement sédimentaire polygénique c’est-à-dire issu de différents systèmes d’érosion générés par les forts débits des fleuves descendant des plateaux andins. Collin Delavaud (1968 : 24) précise que ces cônes se décomposent en deux ensembles : le cône alluvial et les terrasses étagées et réentaillées. – Le cône est une formation de piémont due à une brusque sortie d’un cours d’eau montagnard. En période de fortes crues, le cône peut avoir atteint la mer, ce qui a généré, dans les zones littorales les mieux abritées, le prolongement de la plaine. Ces cônes se sont formés pendant le Quaternaire. 1ère Partie : Les cadres de l’agriculture côtière 36 – Les terrasses qui composent le cône sont au nombre de trois : la première correspond au lit d’inondation, la deuxième est une terrasse intermédiaire de 4 à 10 m au dessus de la précédente composée de matériel limoneux provenant de la dernière phase pluvieuse andine, et la troisième qui domine la seconde de 10 à 20 m est formée de matériel plus grossier, et est souvent lessivée ou encore indurée par percolation (Collin Delavaud, 1968). Les plaines alluviales très régulièrement convexes, planes et inclinées en pente douce sont ainsi faciles à irriguer et deviennent des oasis colonisables par les agriculteurs (Ibid, 1968).
Les nappes d’épandages des versants forment de grands glacis d’alluvions qui ceinturent les crêtes et les massifs isolés
Collin Delavaud (1968) distinguait trois nappes suivant la granulométrie du matériel et le degré d’altération. La plus récente est formée par les galets, graviers, sables et limons et est pratiquement inaltérée et de couleur jaune. La seconde est constituée de galets et de graviers et est superficiellement altérée, légèrement indurée en surface et recouverte d’une patine rose et ocre. La dernière qui est la plus ancienne, est composée de blocs et de galets de granite, avec en surface l’induration forte suite à la percolation d’eaux gypseuses, et une couleur du reg brun ou rouge foncé (Collin Delavaud, 1968). Localement, ces nappes d’épandage sont nommés « pampas ». Elles correspondent aux interfluves, entre les différentes plaines alluviales. Taltasse (1963 : 10) précise que les pampas sont de vastes plateaux sableux séparant les vallées, dans lesquels il est possible de trouver des salines à l’emplacement de lacs récents (Pampa de Villacuri), antérieurement en relation avec la mer, puis convertis en bassins fermés. Dollfus et al. (1970 : 267) décrivent les pampas arides comme de vastes étendues dépourvues d’hommes et de végétation. Morlon (1992) quant à lui définit le terme « pampa » grâce au terme quechua « aymara » qui correspond à une étendue de terrain horizontale, en général en situation basse (en comparaison avec les Andes). D’un point de vue pédologique ou plus précisément édaphique10, les sols des piémonts sont principalement composés de sédiments, plus ou moins grossiers, extraits des versants érodés par les eaux des fleuves. Lorsque l’eau atteint la plaine, le relief s’aplanit et le débit ralentit. Les sédiments se déposent et forment de vastes cônes d’épandage. C’est dans ces cônes aux pentes faibles et aux sols argileux et limoneux, profonds et fertiles, que se sont développés des oasis mises en valeur depuis les temps préhispaniques. Collin Delavaud (1964 : 58) explique que le piémont côtier du Pérou septentrional a des sols assez uniformes variant suivant la relative unité de la roche mère et du climat. « La matrice est en effet un mélange d’alluvions descendues de la Sierra, de limons et de sables éoliens. Les alluvions provenant des rivières qui ont toutes traversé successivement, depuis leur bassin de réception, les épanchements volcaniques, les masses calcaires du crétacé, puis le batholite granitique au Sud [Trujillo] et des terrains 10 L’édaphologie correspond à l’étude du sol et des roches mères considérées comme suports de la biosphère (George P. et Verger F., 2006 : 143). 1ère Partie : Les cadres de l’agriculture côtière 37 paléozoïques métamorphisés au Nord [Tumbes], présentent donc une grande uniformité, une richesse et un équilibre minéral assez grand ». L’auteur précise ensuite que les alluvions sont, en dehors des sables, principalement limoneuses ou argileuses, avec des proportions qui varient selon les lieux. Les sols bruns alluviaux, initialement lithosols en absence de précipitation et de végétation, sont des sols faiblement grumeleux à bonne porosité capillaire (Collin Delavaud, 1964 : 59). Cela signifie que ces sols ont un fort pouvoir de rétention d’eau qui varie selon l’adjonction de sables et l’action de l’irrigation qui modifie ses propriétés physiques. D’un point de vue écologique, la « Costa » possède des caractéristiques particulières. Demangeot et Bernus (2001 : 95) définissent cette zone comme le désert littoral, frais, brumeux, hyperaride et sableux qu’ils appellent « tierras calientes » (cf. figures 1-2 et 1-4). Les auteurs précisent que, par endroits, le sol est recouvert de buissons serrés, et lorsque la zone est au vent, le degré de couverture est de l’ordre de 1%. Le découpage des écorégions réalisé par Javier Pulgar Vidal (Pulgar Vidal, 1981) propose deux zonage pour la « Costa » telle qu’elle a été décrite jusqu’à présent : la chala ou la costa et la yunga. Figure 1-4 : Coupe à travers le Pérou central : tripartition Sources : Pulgar Vidal (1981), Deler in Brunet (1991). 1ère Partie : Les cadres de l’agriculture côtière 38 – la première, nommé chala pour ne pas confondre avec les définitions précédentes, correspond à la frange littorale comprise en 0 et 500 mètres au dessus du niveau de la mer. Sa végétation y est très restreinte suite aux très faibles précipitations. Seul le bosque seco littéralement la forêt sèche peut se développer. Elle est composée d’arbres qui naturellement poussent avec très peu de ressources hydriques annuelles (entre 30 et 80 mm) comme l’algarrobo (ou caroubier américain, Prosopis pallida) ou huarango (Acacia macracantha). – la yunga est définie par Collin Delavaud (1968 : 49) comme le semi-désert du haut piémont méridional correspondant à l’étage chaud et ensoleillé des valles calidos (Yunga). La yunga maritime11 qui se situe au dessus de 500 mètres d’altitude, est caractérisée par un relief accidenté et escarpé qui permet à la végétation de se développer seulement dans les parties aval au fond des vallées. Cette région écologique bénéficie de quelques pluies estivales. Naturellement, des cactus s’y développent tels les candélabres (Necraimondia macrostibas), les gigantons ou encore les porgons (Espostoa lanata) (Collin Delavaud, 1968). Cette région au relief accidenté est à l’origine des huaycos (du quechua wayqu qui signifie quebrada – versant) c’est-à-dire des coulées torrentielles, composées par les alluvions et le matériel détritique des reliefs, qui s’écoulent le long des versants désertiques en période de pluies diluviennes.
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