Historique du village traditionnel de Saly-Portudal
L’ancien nom de Saly-Portudal est « Ndèmane Ngoudhie ». Selon la légende, le père fondateur de Saly-Portudal est Lat Gandal (« celui qui connaît beaucoup de choses »), petit frère du père fondateur de Mbour. La fondation proprement dite de Saly daterait du IVème siècle. Le village de Saly est l’un des plus anciens villages du Sénégal.
Selon la tradition orale, les premiers occupants de la zone de Saly sont les Socés, puis les Sérères venus de la vallée du Fleuve Sénégal, fuyant l’islamisation du Nord du pays. A partir des langues de ces deux premières ethnies de Saly (le Socé puis le Sérère), naît la langue traditionnelle de Saly le « Koulang Koulang » qui n’est plus parlée aujourd’hui.
Les Wolofs font leur apparition bien après, ainsi que les Lébous venant de la presqu’île du Cap-vert et originaires de Mauritanie.
Découvert par le portugais Denis Diaz en 1444 en même temps que les côtes de la presqu’île du Cap-vert, Saly devient un Comptoir portugais sur la route maritime des Indes.
D’aucuns soutiennent la thèse comme quoi que selon la légende « lorsque les Portugais arrivèrent sur la plage de Saly, ils auraient demandé à un pêcheur le nom du village. Celuici aurait répondu « saly ». Ce mot désigne une façon de trancher le poisson pour préparer l’appât en wolof, ce qu’il était en train de faire précisément. Les Portugais donnèrent alors au village qu’ils venaient de découvrir le nom de « Saly-Portugal » devenu Portudal par déformation ».
D’autres soutiennent toujours selon la légende « le nom du village de Saly viendrait du prénom d’une jeune fille qui aurait répondu par son prénom à la question qui lui avait été posée, à savoir, comment se nomme votre village.
Les différents quartiers du village de Saly, un village multiethnique
L’arrivée par vagues successives de populations d’ethnies différentes a entraîné la fondation de petits hameaux dont la réunion constitue aujourd’hui le « village » de SalyPortudal. Ces hameaux, assimilés sur le plan administratif à des « quartiers », étaient initialement au nombre de 625:
– Saly Niakhniakhal
– Saly Bambara
– Saly Velingara
– Saly Tapé
– Saly Joseph
– Saly Koulang
Le Saly d’origine est Saly Koulang (« puit » en mandingue) habité surtout par des Sérères, des Lébous et des Peuls et se situe sur le littoral. Depuis la création de la station balnéaire de Saly-Portudal, 6 nouveaux quartiers ont vu le jour en raison de l’accroissement de la population de Saly : « Saly Golf », « Saly Extension », « Saly Station », « Saly Carrefour», « Saly Aérodrome » et « Saly Médine ». Le village de Saly s’étend progressivement vers la ville de Mbour.
Le caractère dispersé de l’habitat est lié au fait que les différents quartiers de la localité de Saly ont été fondés à des périodes différentes. L’installation de chaque groupe sur le territoire de Saly était soumise à l’autorité du Chef de village qui était également le « lamane » (chef des terres). Il désignait la zone d’installation du nouveau quartier ainsi que l’étendue des terres nécessaires à l’agriculture. Le territoire ainsi défriché et mis en valeur devenait la propriété du groupe.
Les quartiers de Saly avaient une prédominance ethnique, mais moins marquée aujourd’hui en raison du développement de la station et l’arrivée de travailleurs qui, attirés par l’activité touristique, se sont installés à Saly.
L’agriculture et l’élevage
Les habitants de Saly mettaient à profit la saison des pluies du mois de juin à septembre/octobre pour cultiver l’arachide (destinée à la vente) et le mil, le sorgho (destinés à la consommation locale). L’agriculture constituait l’activité d’origine des populations de la côte, la pêche n’était alors qu’une activité complémentaire. Mais au fil du temps, les hommes sont passés de la condition de « paysans-pêcheurs », à celle de « pêcheurs-paysans ». Grâce à cette double activité, le niveau de vie des populations de la côte était plus élevé que celui des populations de l’intérieur dépendant uniquement de l’agriculture pluviale.
L’élevage domestique de moutons et de chèvres se pratique dans les familles de Saly.
Encore aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des moutons se promener dans les allées du village. Les familles plus aisées ont une vache ou un zébu qu’elle garde pour les grandes occasions.
Saly de 1972 à 1977
À l’instar des autres pays de l’Afrique du Nord (Maroc, Tunisie) et de l’Afrique de l’Ouest (la Côte d’Ivoire), le Sénégal a tenté de développer une politique touristique afin de palier la situation chaotique des années 1970 consécutive à la péjoration des conditions climatiques dans le monde rural. Cette situation a toujours eu des effets néfastes sur les rendements agricoles et la détérioration des termes de l’échange. Ainsi, comme stratégie déployée par l’Etat dans ce sens nous avons l’aménagement de l’espace touristique s’intégrant dans le cadre de l’aménagement national.
L’aboutissement de ce projet d’aménagement du gouvernement du Sénégal est caractérisé par la création et la mise en valeur d’unités d’aménagement touristiques sous l’égide de la Société d’Aménagement et de Promotion de la Petite Côte (SAPCO).
Cette société est créée en 1975 sous forme d’une entreprise d’économie mixte avec un capital de 1,2 Milliards de FCFA détenue à 98% par l’Etat du Sénégal et à 2% par la SOFISEDIT (société financière sénégalaise de l’industrie et du tourisme) qui s’est vue Aménagement du territoire et stratégies de développement local au niveau de la petite côte :
Cas de la commune de Saly. 2014 remplacer par la SNR (société nationale de recouvrement). Elle s’est vue assigner par le gouvernement au terme d’une convention générale signée le 29 août 1977 avec l’Etat du Sénégal, l’objectif fondamental de développer et de promouvoir le tourisme balnéaire sur la zone côtière dite « petite côte ». Un schéma directeur d’aménagement divise la zone en six unités (par unité d’aménagement il faut comprendre un ensemble cohérent de réceptifs hôteliers ou para hôteliers intégrés dans une station de vacances et articulés autour de zones d’animation commune aux différents établissements) qui sont les suivantes26 :
La zone de Toubab Dialao
La zone de Popenguine-Ndayane
La zone de Ngaparou-Somone
La zone de Saly
La zone de Nianing
La zone de Mbodiène-Joal
Jusqu’en 1977, Le village Saly est ouvert à un tourisme local intégré de week-end. Avant d’être inclus dans un plan d’aménagement touristique, le village de Saly était déjà confronté à un tourisme de type local et de week-end. Né pendant la période coloniale, ce tourisme s’est prolongé après l’indépendance et jusqu’en 1977.
Avant l’ouverture de la station, les quartiers de Saly en bord de mer, Saly Koulang et Saly Niakhniakhal, étaient occupés par quelques 250 bungalows ou « cabanons » permettant d’accueillir chaque fin de semaine au moins 750 citadins aisés de Dakar ou de Thiès essentiellement.
Saly de 1977 à 1996
La SAPCO en devient propriétaire par décret 77-340 du ministre d’Etat des Finances et des Affaires Economiques du 26 avril 1977.
En effet, cette considération du territoire laisse apparaitre une certaine géométrisation de la localité ; c’est l’ère des bornages précis. Les populations évoluaient dans un espace sont contraints dans des espaces limités ; certaines sont expropriés pour cause d’utilité publique:
Le développement du tourisme oblige. La station de Saly-Portudal comprend deux unités d’aménagement touristique : Saly-Sud et Saly-Nord.
La première tranche de réalisation de la station balnéaire de Saly-Portudal est inaugurée le 24 février 1983 par l’ancien Président de la République Abdou Diouf. Saly-Sud : est la première unité réalisée. Elle couvre le village de Saly et ses différents quartiers d’origine (les quartiers de Saly Niakhniakal, Saly Tapé et Saly Koulang) sur lequel toute une zone hôtelière et de résidences de 230 hectares s’est implantée. Les travaux de construction de Saly-Sud commencent en 1977. Le 31 décembre 1981ouvre le premier hôtel de la station le « Palm Beach », un hôtel 4 étoiles. Les autres hôtels qui ouvriront quelques années plus tard sont : le Novotel Saly, le Savana Saly et le Saly Hôtel. Aménagement du territoire et stratégies de développement local au niveau de la petite côte : Saly-Nord : constitue la seconde tranche des travaux de la station. Cette zone de 350 hectares est plus étendue que Saly-Sud. Quatre réceptifs para-hôteliers existent déjà ainsi qu’un golf de 2×18 trous « de rang international », une marina.
Tous les terrains du Domaine national et du Domaine public maritime situés dans la zone de protection des 600 hectares nécessaires à la réalisation de la station touristique de SalyPortudal ont été immatriculés au nom de l’Etat et mis à disposition de la SAPCO par décret en 1977. Autrement dit, les villageois ont été expropriés de leurs terres de cultures, de leurs champs et « déguerpis » (telle est l’expression des villageois) pour les besoins de la station.
Il s’agissait de familles des quartiers de Saly Koulang et de Saly Tapé. Les familles «déguerpies » du quartier de Saly Koulang (pour y construire un hôtel) ont été relogées sur le nouveau quartier de Saly Golf. Les familles qui vivaient à Saly Tapé vers l’hôtel Les Cristallines (en bord de mer) ont été relogées en 1976 dans le nouveau quartier de Saly Tapé. L’Etat sénégalais va indemniser ces familles pour leur permettre de reconstruire leurs habitations dans le quartier de Saly Golf et le nouveau quartier de Saly Tapé. Les terres de culture de ces familles vont être expropriées par l’Etat.
Ainsi, de 1977 à 1981, durant la première tranche des travaux de la station, les populations de Saly Koulang et de Saly Tapé n’ont rien pu cultiver. Ce n’est qu’en 1981, après des négociations, que les responsables de la S.A.P.C.O vont leur permettre de cultiver temporairement des terrains tenus en réserve pour la réalisation de Saly-Nord. La station balnéaire de Saly est inaugurée le 24 février 1984 ; ce qui témoigne en cette période de plein essor du tourisme tout l’intérêt que le Sénégal accorde à ce secteur. C’est le début d’une certaine valorisation économique d’une portion du territoire de Saly donc une appropriation par l’Etat au détriment d’une frange de la population expropriée de leurs territoires.
Saly de 1996 à 2008
Depuis 1996, ces collectivités jouissent de compétences qui leur sont transférées par le pouvoir central dans neuf (9) domaines. Ceci est la résultante de la consécration de la politique de décentralisation enclenchée au Sénégal indépendant depuis 1972 par la création des communautés rurales dont la gestion est confiée aux sous-préfets. Elle symbolise la codification des collectivités locales dont les trois ordres retenus sont la Aménagement du territoire et stratégies de développement local au niveau de la petite côte : Région, la Commune et la Communauté Rurale. C’est dans ce contexte que la localité de Saly fut considérée comme entité (village) de la communauté rurale de Malicounda qui englobait vingt-deux (22) villages.
Cependant, la responsabilité de l’exploitation de la station balnéaire reste toujours la chasse gardée de la SAPCO. En effet la communauté rurale de Malicounda était l’une des collectivités locales les plus riches au Sénégal en termes de ressources propres générées si l’on sait que les ressources concomitantes qui devraient suivre la création des collectivités locales ont toujours fait défaut. Le poids de la station se reflétait dans l’importance du budget de la communauté rurale qui s’élevait à 1milliard de FCFA, montant revu à la baisse juste après l’érection de Saly en commune dont le budget en 2010 était de 400 millions de FCFA (M. niang 2010).