À Madagascar, les savanes herbeuses occupent plus de 75% de la superficie totale de l’île (Bond et al., 2008). Cet écosystème, dominé par des espèces pérennes de la famille des Poaceae et pouvant comporter quelques arbustes ou arbres (Scholes et Archer, 1997 ; Van Langevelde et al., 2003 ; Sodhi et Ehrlich, 2011), représente un important habitat pour certains animaux endémiques et une source de pâturage pour l’élevage bovin (House et al., 2003). Ils sont très répandus dans le Sud, l’Ouest et sur les Hautes Terres Centrales malgaches. L’origine primitive de ces formations constitue encore un sujet de débat pour les chercheurs (Kull et Laris, 2009). Pour certains, sous l’action de l’activité anthropique, les forêts ont progressivement disparu pour laisser place à des formations secondaires de savanes graminéennes (Kull, 2002 ; 2004). Pour d’autres, ces formations sont naturelles, au moins dans certaines parties de l’île où elles ont existé bien avant la colonisation de l’île par l’homme (Klein, 2002 ; Bond et al., 2008). Cette dernière affirmation est supportée par la présence d’espèces animales et végétales endémiques ayant vécus depuis toujours dans certaines régions (Dempewolf et Rieseberg, 2007).
À Madagascar, les feux naturels sont rares (Otsuka et al., 2003). La plupart des feux sont d’origine anthropique volontaire ou intentionnée (Bowman et Murphy, 2010). Les formations herbeuses sont les plus touchées par les feux de brousse (90% à 97% des surfaces brulées) (Jacquin, 2010). Parmi ces surfaces annuelles brûlées, 25 à 50% sont dues au renouvellement du pâturage pour les bétails (Goodman et Benstead, 2003; Kull, 2004). Néanmoins, d’autres causes de mise à feu existent, dont le nettoyage des champs de culture les feux de défrichement, les feux de campement, le charbonnage, le dressage des zébus, la malveillance, les motivations criminelles, la contestation sociale et politique, etc. (Kull, 2002b). En total, environ la moitié de la surface herbeuse est réduite annuellement en cendres entrainant la mort des arbres restants et l’appauvrissement de la qualité du sol (Goodman et Benstead, 2003).
Bien que la pratique du feu se présente sous différents aspects, les feux de pâturage et les feux sauvages semblent être les plus répandus sur les Hautes Terres Centrales malgaches (Kull, 2002b ; 2012). Ces phénomènes peuvent conduire à la destruction des vestiges de forêts lesquelles abritent une faune et flore à haut degré de diversité et d’endémicité (Ratsirarson et Goodman, 2000).
La Réserve Spéciale d’Ambohitantely dans le District d’Ankazobe, constituant la seule Réserve dans la région Analamanga, renferme les derniers fragments et vestiges de la forêt dense et humide du domaine central de Madagascar (Langrand, 1995 ; Goodman et al., 2008). Elle englobe également des vastes étendues herbeuses. Cependant, la majorité des surfaces incendiées se situent dans la Région Analamanga (52%), et le District d’Ankazobe en détient le record (MEFT et al., 2009).
Etat De Connaissances
Savane
Les savanes sont définies comme des « formations herbeuses ouvertes composées de graminées vivaces ou annuelles » (Aubreville, 1957). La végétation savanicole peut être purement herbeuse ou parsemée d’arbustes ou d’arbres (Roger, 1986 ; Scholes et Archer, 1987 ; Wakeling et al., 2012). Elles peuvent ainsi être classées en se basant sur leur caractéristique physionomique (Jacquin, 2010):
➥ Les savanes herbacées sont à dominante graminéenne, pratiquement sans éléments ligneux et présentant une diversité floristique faible. La végétation est constituée d’une seule strate de 2,50 m de haut. L’absence d’arbres ou d’arbustes permet aux plantes héliophiles de se développer.
➥ Les savanes arbustives se caractérisent par leur physionomie avec deux strates bien distinctes une strate herbacée composée de graminées et peu développée car dominée par une strate arbustive avec des éléments ligneux entre 1,80 m et 5 m de hauteur.
➥ Les savanes arborées (ou pré-forestières) représentent une formation intermédiaire entre la forêt et la savane arbustive. Elles se caractérisent par une dominance des plantes ligneuses par rapport aux herbacées.
Poaceae
La famille de Poaceae ou Graminées est la quatrième plante la plus répandue dans le monde (Van Oudtshoorn, 2012). Elle regroupe les espèces d’herbes ou « bozaka » dont beaucoup pensent que ce sont tous les espaces verdoyants de pâturage, de jardin ou de gazon. En partant de notre repas quotidien vers la participation de l’intégrité de l’écosystème, les « bozaka » occupent une place importante dans la vie de l’Homme. Ce sont des herbacées, exceptés les bambous, qui peuvent être annuels ou pérennes.
Description
Les systèmes racinaires, la tige et les feuilles constituent les parties végétatives de la plante. Elles sont relativement uniformes donnant un aspect caractéristique permettant de distinguer facilement la famille. La tige qui est toujours ronde, typiquement verte, relativement douce, fibreuse est connectée par un solide joint ou nœud qui est séparée par un court ou long segment appelé entre nœud. Les feuilles qui sont opposées alternées, ont toujours des nervures parallèles portant une sorte de gaine à l’extrémité inférieure, au niveau des nœuds et séparée par la ligule (Clark et Pohl, 1996).
Classification
La famille des Poaceae se subdivise en douze (12) sous familles dont dix sont présentes à Madagascar. Ces Sous-familles se divisent à leurs tours en Tribus, Sous-tribus, genres et espèces Plus de plus 577 espèces et sous-espèces ont été identifiées à Madagascar (Kew, 2012) .
Règne VEGETALE
Embranchement PHANEROGAME
Classe MONOCOTYLEDONE
Superclasse COMMELINIDAE
Ordre CYPERALE
Famille POACEAE
Nom en Anglais Grasses
Nom en Français Herbes
Nom en Malagasy Bozaka, Ahitra, Vilona .
Etude de La végétation des savanes
Une prospection des lieux a été faite avant de commencer les relevés. Elle consiste à identifier les différentes formations savanicoles existant dans la Réserve. Une enquête préliminaire a été aussi réalisée avec les Agents de la Réserve pour savoir les moments de la dernière mise à feu de chaque type de savanes à l’intérieur et aux périphéries de la Réserve.
Choix des échantillons
Le choix des parcelles d’étude est basé sur les trois critères d’homogénéité (Gounot, 1969), à savoir :
-l’uniformité des conditions écologiques apparentes
-l’homogénéité physionomique
-l’homogénéité de la composition floristique .
En effet, d’après ces critères d’homogénéité et à partir des pré-enquêtes menés auprès des agents de la Réserve, quatre échantillons de savanes ont été choisis et se répartissent dans et à proximité des zones en défend. Ces sites, se trouvent tous en savanes et sont caractérisés par l’abondance des formations herbeuses dont l’âge après la dernière mise à feu (période après laquelle la dernière mis à feu a été signalée) est également différent .
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