Rôle des polynucléaires neutrophiles FcεRI+
dans la pathogénie du paludisme de réanimation
Immunité anti-palustre
L’infection par Plasmodiumengendre des réponses immunitaires chez l’hôte humain. Cette réponse nécessite l’intervention des deux branches fonctionnelles dusystème immunitaire : innée et adaptative. Cette réponse reposant sur l’intervention des effecteurs cellulaires et humoraux est partiellement protectrice, on parle d’état de prémunition. Il s’agit d’un état particulier de résistance, caractérisé par l’absence de signes cliniques en présence du parasite
Immunité cellulaire
Parmi les cellules impliquées dans cette réponse immunitaire, on note les granulocytes, les monocytes macrophages, les cellules dendritiques, les lymphocytes NK, les lymphocytes Tγδ et les cellules T. Les granulocytes comme les neutrophiles peuvent phagocyter les formes parasitaires. Ces cellules produisent également des cytokines comme TNF-α, INF-γ, GM-CSF et IL1-β qui amplifient la phagocytose des mérozoïtes ..Il a été démontré que les polynucléaires neutrophiles peuvent inhiber la multiplication du parasite en produisant ces cytokines .Ces cellules jouent un rôle important dans l’immunité innée anti-palustre, elles sont sensibles à l’hémozoïne et libèrent des substances chimiotactiques (Figure 2) . Elles interviennent aussidans la destruction des parasites par phagocytose, dans l’inflammation au site de l’introduction ou des lieux de séquestration du parasite et surtout dans le déclenchement de l’immunité adaptative en secrétant des substances chimiotactiques pour les CPA . Ce sont des cellules exprimant à leur surface des récepteurs des fragments Fc des immunoglobulines surtoutceux des IgG comme le CD16. Ces récepteurs leur permettent de phagocyter des formes parasitaires telles que les mérozoïtes et les schizontes, préalablement opsonisées . Il existe d’autres acteurs de l’immunité cellulaire: les lymphocytes T (T CD4+ et T CD8+ ), les monocytes/macrophages, les lymphocytes NK.
L’immunité humorale
Plusieurs travaux antérieurs ont rapporté une forte production d’IgM et d’IgG au cours de l’infection palustre surtout chez les sujets vivant en zone de forte endémicité palustre. Ces anticorps jouent un rôle important dans le phénomène de prémunition précédemment décrit. En effet, ils permettraient d’une part une fixation puis neutralisation des mérozoïtesempêchantleur pénétration dans les hématies[16], et d’autre part un blocage du développement parasitaire à l’intérieur des hématies par ADCI [17]. Aussi, il a été démontré au cours du paludisme une élévation importante des taux d’IgE totales et d’IgE anti-Plasmodium [18]. L’induction de cet isotype d’immunoglobuline reflèterait une commutation de l’activité des cellules régulatrices (Treg) de Th1 vers Th2 en raison d’une exposition répétée du système immunitaire au parasite. En outre, dans ces mêmes travaux, les concentrations sériques d’IgE sont significativement élevées chez les patients ayant un neuropaludisme ou toute autre forme d’accès sévère, comparés aux malades présentantun accès simple non compliqué.
Hypothèse et stratégie de travail
Avec une mortalité de 15 à 20 %, l’accès palustre grave résulterait d’une cascade complexe d’évènement incluant probablement, un défaut quantitatif et/ou qualitatif des réponses cellulaires, que l’on peut qualifier de « protecteur ». Pour répondre aux nombreuses questions relative à l’immuno-pathogenèse des accès cliniques, dans le cadre d’une approche analytique du paludisme hospitalier, et de sa composante de gravité en terme de paludisme de réanimation ; il est nécessaire de se focaliser sur certaines cellules immunocompétentes. Les PNN sont impliqués dans les mécanismes de défense dirigés contre plusieurs pathogènes. Nous nous sommes intéressés à ces cellules en raison de leur probable intervention dans la pathogénie de paludisme humain, devant plusieurs observations rapportées de modèles animaux. Chez la souris, les PNN exprimantle complexeFcεRI/IgE seraient impliqués dans la survenue du paludisme sévère, particulièrement le neuropaludisme à P. berghei/ANKA. Chez les souris dont les gènes du FcεRIet de l’IgE ont été délétés, on observe l’absence de signe du paludisme cérébral murin (Figure 3) [20].
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