Rôle des ennemis naturels dans la gestion des ravageurs de la tomate

Rôle des ennemis naturels dans la gestion des ravageurs de la tomate

ETUDE DE LA PLANTE HOTE 

La tomate est une culture originaire du Nord-Ouest de l’Amérique du Sud. Elle est cultivée dans de nombreux pays et on la retrouve dans de nombreuses recettes (Blancard, 2009). Au Sénégal, la tomate est principalement cultivée dans la vallée du fleuve Sénégal et dans la zone des Niayes. Dans la vallée, la culture de tomate se fait durant la contre saison froide (octobre à février) et la production est destinée à la transformation en concentré de tomates et à l’export (Black Rainbow, 2019). Dans les Niayes, la tomate est cultivée durant toute l’année, principalement la tomate de table destinée au marché local (Awal, 2017). 

Importance économique de la tomate

La tomate est l’un des légumes les plus importants au monde (Polese, 2007). La chine est de loin le premier pays producteur mondial de tomate et produit environ un quart de la production mondiale (59,6 millions de tonnes en 2017), suivie des États Unis, la Turquie, l’Inde, l’Egypte et l’Iran. En Afrique, la production de la tomate est estimée à 21,5 millions de tonnes en 2017 (FAO, 2017). Au Sénégal la production nationale est estimée à 150.000 tonnes en 2017 (FAO, 2017), avec 52.601 tonnes produites dans la vallée du fleuve (Bakka, 2017)

PRINCIPAUX RAVAGEURS DE LA TOMATE

Noctuelle de la tomate, Helicoverpa armigera (Hübner, 1808) 1. Généralités L’insecte, H. armigera appartient à l’embranchement des arthropodes, à la classe des insectes, à l’ordre des lépidoptères, et à la famille des Noctuidae. Communément appelé, noctuelle de la tomate, c’est l’une des espèces les plus polyphages et les plus cosmopolites parmi les ravageurs des cultures (Downes et al., 2017). 2. Répartition géographique La noctuelle de la tomate est largement répartie dans les zones tropicales et subtropicales, ainsi que dans la région méditerranéenne et au Moyen-Orient (Eppo, 2005). Au Sénégal H. armigera a été présent dans toute les zones agro écologiques du pays (Diatte, 2017; Tendeng et al., 2017). Figure 1 : Répartition géographique de H. armigera (source : Eppo, 2019) 3. Biologie Le cycle de développement de H. armigera comprend quatre stades : œuf, larve, chrysalide et adulte. La durée du cycle varie en fonction des conditions climatiques et la disponibilité de la nourriture. L’insecte a un temps de développement de 38 jours en moyenne, avec une période pré-pupale de 3,6 jours à 25° C (Nye, 1981). Les œufs : La ponte a lieu 4 jours après l’accouplement. Les œufs de H. armigera sont petits de couleur blanc-nacré et mesure 0,4 à 0,5 mm de diamètre. De forme hémisphériques, ils sont pondus isolément sur les feuilles (Hmimina, 1979). Une femelle peut pondre plusieurs œufs au cours de sa vie et de préférence à la face inférieure des feuilles (Collinwood et al., 1984). L’éclosion des œufs a lieu 2 à 4 jours après la ponte (Reed, 1965). Les chenilles : On note la présence de 5 à 6 stades larvaires. Les néonates ou larves (L1) de H. armigera sont blanc-jaunâtre à brun-rougeâtre, cependant la couleur des larves est extrêmement variable (Toguebaye et Couilloud., 1982). À partir du troisième stade, la capsule céphalique prend une coloration orangée et les larves deviennent cannibales (Singh et al., 1982) et sont également susceptibles de s’attaquer aux larves d’autres espèces (Reed, 1965). Les chenilles à maturité mesurent 30 à 40 mm de longueur et sont suivis d’un stade pré-nymphale durant lequel la larve cesse de s’alimenter et cherche à s’enterrer (Hmimina, 1979). La larve qui constitue le stade nuisible de H. armigera, se développe au bout de 14 à 24 jours et donne une chrysalide. La nymphe: La chrysalide ou nymphe de H. armigera se trouve dans le sol, sans cocon, dans une loge nymphale lâche consolidée de quelques fils de soie. Sa longueur est de 15 à 20 mm, la couleur est marron à brun-verdâtre juste après la mue nymphale. L’aspect de la cuticule 5 est vernissé, finement ponctué avec deux épines qui sont présentes à l’extrémité abdominale sur le 10e segment. Cependant quand les conditions sont défavorables, l’espèce entre en diapause (Roome, 1979). La durée de la nymphose est d’environ 14,5 jours à 25° C. L’adulte : L’adulte de la noctuelle est un papillon de nuit robuste d’envergure de 3,5 à 4 cm. Les ailes sont repliées à plat sur le dos au repos. Les ailes antérieures triangulaires sont brun pâles avec une série marginale de points avec marque noire en forme de rein. Les ailes postérieures de couleur plus claire et foncée à l’extrémité apicale. Des touffes de poils sont présentes sur la pointe de l’abdomen chez les femelles. La différenciation entre les deux sexes se fait avec la distinction de coloration, les femelles sont brun-orangé et les mâles gris-vert et plus petits (Nye, 1981). Figure 2 : Cycle biologique de H. armigera (source : L2PIA) 4. Symptômes et dégâts sur tomate Sur culture de tomate les dégâts de la noctuelle occasionnent une chute précoce des fleurs ou une malformation des fruits (Collinwood et al., 1984). Sur les fruits, les petites chenilles creusent des petits trous tandis que les grosses chenilles font des grands points d’entrées qui facilitent l’accès aux pathogènes causant ainsi la pourriture des fruits (Collinwood et al., 1984). En effet les larves peuvent s’alimenter à l’intérieur des fruits, rendant la détection difficile, mais elles peuvent parfois se trouver à proximité des trous visibles sur les fruits et les fleurs. Les chenilles se nourrissent également sur les tiges (Collingwood et Bourdouxhe, 1980). 6 Figure 3 : Dégâts de H. armigera sur fruits de tomate 5. Plantes hôtes La noctuelle de la tomate, H. armigera est un ravageur polyphage et a été rencontré sur plus de 180 espèces de cultures, dont le coton (Gossypium herbaceum), le sorgho (Sorghum bicolor), le maïs (Zea mays), le soja (Glycine max), la tomate etc. L’insecte est présent sur les arbres fruitiers et les plantes sauvages (Leite et al., 2014). Au Sénégal, H. armigera a été observé sur la tomate, le poivron (Capsicum annum), l’aubergine (Solanum melongena), le diakhatou (Solanum aethiopicum), le chou (Brassica oleracea) et le gombo (Abelmoschus esculentus) (Diatte, 2017; Tendeng et al., 2017).

Mineuse de la tomate, Tuta absoluta (Meyrick, 1917)

1. Généralités Le ravageur T. absoluta appartient à l’embranchement des arthropodes, à la classe des insectes, à l’ordre des lépidoptères, et à la famille des Gelechiidae. La mineuse de la tomate est un ravageur dévastateur des cultures de tomate (Desneux et al., 2010). 2. Répartition géographique Selon Desneux et al. (2011), T. absoluta est apparu pour la première fois dans la zone du Bassin méditerranéen en Espagne en 2006. Il s’est étendu dans la plupart des pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie, causant d’importants dégâts aux cultures de tomate et impact considérablement la filière. L’insecte est signalé dans 41 des 54 pays africains (Mansour et al., 2018). Au Sénégal T. absoluta a été détecté en 2012 (Pfeiffer et al., 2013; Brévault, 2014.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I. ETUDE DE LA PLANTE HOTE : TOMATE
I 1. Généralités
I 2. Importance économique de la tomate
II. PRINCIPAUX RAVAGEURS DE LA TOMATE
II 1. Noctuelle de la tomate, Helicoverpa armigera (Hübner, 1808)
1. Généralités
2. Répartition géographique
3. Biologie
4. Symptômes et dégâts sur tomate
5. Plantes hôtes
II 2. Mineuse de la tomate, Tuta absoluta (Meyrick, 1917)
1. Généralités
2. Répartition géographique
3. Biologie
4. Plantes hôtes
5. Symptômes et dégâts
III. AUTRES RAVAGEURS DE LA TOMATE
III 1. Bemisia tabaci
III 2. Mineuses des feuilles (Liriomyza spp)
IV. METHODES DE LUTTE
IV 1. Lutte chimique
IV 2. Lutte biologique
1. Les prédateurs
2. Les parasitoïdes
a. Les parasitoïdes oophages
b. Les parasitoïdes larvaires
3. Les entomopathogènes
CHAPITRE 2 : MATERIEL ET METHODES
I. Zone d’étude
II. Methodologie
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
I. RESULTATS
I 1. Evaluation du taux d’infestation des ravageurs de la tomate
I 2. Identification des ennemis naturels associés aux ravageurs de la tomate
I 3. Evaluation du taux de régulation naturelle
II. DISCUSSION
CONCLUSION ET PERSPECTIVES

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