Rôle des Composés Organiques Volatils dans les réactions de défense naturelle
Les ravageurs des boutons floraux et des capsules
Helicoverpa armigera
Historique et position de l’espèce
Hardwick (1965), Todd (1978) et Nye (1982), cités par Nibouche en 1994 ont retracé la nomenclature de cette espèce. Fabricius en 1965 décrit pour la première fois l’insecte sous le nom de Noctua barbara, qui a été par la suite invalidé. Décrite par Hübner en 1808 sous le nom de Noctua armigera, la noctuelle prendra le nom de Heliothis armigera, après la création du genre en 1816. Durant plus d’un siècle, l’appellation Heliothis armigera a en fait regroupé un ensemble d’espèces morphologiquement très proches. C’est seulement en 1965 que Hardwick créa le genre Helicoverpa auquel il rattache armigera et finit par distinguer trois sous-espèces : H. armigera armigera, H. armigera commoni et H. armigera conferta. Helicoverpa armigera (Hubner) appartient à la classe des insectes, à l’ordre des lépidoptères, à la famille des Noctuidae et à la sous-famille des Heliothidinae (Nibouche, 1994)
Distribution géographique
Helicoverpa armigera est une espèce d’origine tropicale et de vaste distribution géographique (Saour et Causse, 1993). Sa présence a été notée dans tous les continents. Le plus récent, le continent américain en 2013, où il a été noté au Brésil dans les Etats de Goiás, Mato Grosso et Bahia (Czepak et.al., 2013).
Description morphologique
Les œufs de Helicoverpa armigera sont subsphériques et mesurent 0,4 à 0,5 mm. Ils sont de couleur blanc nacré et virent au brun avant l’éclosion (Nibouche, 1994). La chenille de 1er et de 2ème stade est de couleur grisâtre puis jaunâtre sur toute la longueur à l’exception de la capsule céphalique qui est brun foncé (Nibouche, 1994). A partir du 3ème stade, la capsule céphalique prend la couleur orangée. La couleur générale du corps est variable, passant de dominante grise, noire ou marron, au vert ou jaunâtre. Sur la face dorsale, on peut distinguer des séries de fines bandes alternées et sombres longitudinales. On distingue une tâche blanchâtre au-dessus des stigmates (Diongue, 1986). La chrysalide se trouve dans le sol, sans cocon, dans une loge nymphale, lâche et consolidée de quelques fils en soie. Sa longueur est de 15 à 20 mm, de couleur marron à brun verdâtre juste après la mue (Nibouche, 1994). Les deux sexes présentent un sillon , le sillon génital de la femelle est une fente alors que celui du mâle comprend de part et d’autre deux boursouflures (Menessong, 2014). L’adulte a une envergure de 32 à 38 mm. Les adultes peuvent se distinguer par la coloration générale (tendance verdâtre chez le mâle et brun orange chez la femelle) et l’existence d’une tache au niveau de l’abdomen uniquement chez le mâle.
Biologie et comportement de l’espèce
L’insecte a une forte fécondité et un cycle de reproduction très court. Le cycle biologique est de 42 jours à 22 °C, ce qui permet 5 à 6 générations par an. Selon Badiane et.al (2015), Helicoverpa armigera est capable de faire 3 à 4 générations par an. L’activité des adultes est Légende Forte présence Présence moyenne 6 essentiellement nocturne. Elle débute à la tombée de la nuit où les papillons des deux sexes s’alimentent et où les femelles pondent (Nibouche, 1994). Les femelles s’accouplent en général 48h après leur émergence. La chenille s’alimente en pénétrant aux premiers stades larvaires dans les boutons floraux et aux derniers stades larvaires dans les capsules encore vertes. En fin de développement, elle s’enfouit dans le sol pour se chrysalider à 5-10 cm de profondeur (Diongue, 1986). Figure 2 : cycle de développement de la chenille de la capsule Helicoverpa armigera
Plantes-hôtes et dégâts
Les chenilles sont mobiles et très voraces. Elles s’attaquent à beaucoup d’autres plantes, notamment les cultures maraîchères comme la tomate. Un total de 175 plantes hôtes appartenant à 47 familles, dont 78 espèces cultivées, sont attaquées par Helicoverpa armigera. En dehors du cotonnier et de la tomate, l’insecte est aussi responsable des dégâts sur le maïs, le sorgho, le poivron, le haricot, la pomme de terre, le gombo, le chou, la laitue, etc. (Badiane et.al., 2015).
Autres ravageurs de la capsule
D’autres espèces sont connues comme étant des ravageurs des organes fructifères du cotonnier. On distingue : Diparopsis watersii (Rothchild) (Lépidoptère, Noctuidae), qui est une espèce monophage, inféodée au cotonnier, Earias sp représentée au Sénégal par Earias insulana (Boisduval) et Earias biplaga (Walker) (Lepidoptera, Noctuidae) (Badiane et.al., Durée moyenne : 28 j 7 2015). Seul le stade larvaire est nuisible. Les adultes se nourrissent de nectar de fleurs. Les larves, très voraces, pénètrent à l’intérieur des organes fructifères.
Les piqueurs suceurs
Il s’agit essentiellement des Homoptères, comme les pucerons Aphis gossypii (Homoptera, Aphididae) qui affaiblissent la plante par prélèvement de la sève ou par transmission de maladies. Les déchets qui sont des substances sucrées (miellats) tombent sur les feuilles qui prennent un aspect brillant. Les aleurodes, dont Bemisia tabaci (Homoptera, Aleyrodidae), salissent la fibre et dégradent sa qualité. L’espèce Jacobiella fascialis (Homoptera, Ciccadellidae) pique les feuilles, les rendant rouges sur les bords (Badiane et.al., 2015)
Les méthodes de lutte contre les ravageurs du cotonnier
Méthodes agro-écologiques Elles reposent essentiellement sur des méthodes respectueuses de l’environnement, allant des pratiques culturales à la promotion des ennemis naturels des ravageurs. Elles consistent à aménager des parcelles pour attirer les insectes utiles (e.g., des plantes à fleurs comme le sésame ou le tournesol peuvent être intercalées entre les rangs de coton) et la conservation des habitats naturels à l’échelle du paysage (e.g., les arbres ou les haies peuvent fournir un habitat aux oiseaux insectivores et autres ennemis naturels des insectes ravageurs) (FAO, 2014).
Lutte biologique
Il s’agit essentiellement de l’utilisation d’entomophages et d’entomopathogènes. Les résultats vulgarisables obtenus jusqu’ici ne concernent que les larves de Lépidoptères (Diongue, 1986). La lutte biologique utilise des organismes vivants ou des bactéries qui affectent les ravageurs. La plupart des produits de lutte biologique ne sont efficaces que contre un ravageur spécifique: – Les Trichocartes: les guêpes déposent leurs œufs dans ceux des chenilles du cotonnier et les tuent. Ce mode d’intersection va permettre de diminuer la proportion d’œufs des ravageurs qui allait éclore. – Le Bt (Bacillus thuringensis) est une bactérie efficace contre les larves de lépidoptères. Son action se limite à la première phase du cycle de vie des chenilles du cotonnier, avant qu’elles ne pénètrent dans les capsules. – Le VPN (virus polyhédrose nucléaire) s’attaque à Helicoverpa armigera et l’élimine. – Beauveria bassiana : champignon se trouvant naturellement dans le sol, utilisé comme biopesticide causant la mort de plusieurs insectes y compris Helicoverpa armigera (Prassad et Syed , 2010).
Lutte chimique
Il s’agit essentiellement de l’application de composés chimiques en vue de limiter ou de détruire les populations des ravageurs. En Afrique sub-saharienne, la lutte chimique est pratiquée de façon intense et devient de moins en moins efficace du fait de l’apparition des gènes de résistance à certains insecticides (pyréthrinoïdes) chez cette noctuelle (Brévault et.al., 2008). Cependant, de nouveaux insecticides semblent être efficaces contre les insectes. On peut citer les IGR (Régulateur de croissance des insectes), comme les inhibiteurs de protéinase (PIs) issus de plantes naturelles (Momordica charencia) agissant sur la chaine protéique et retardant ainsi la croissance et le temps de développement (Telang et.al, 2003). Les naturalites sont des neurotoxines extraites des actinomycètes (Saccharopolyspora spinosa) avec comme produit commercial le Spinosad. Ils agissent par contact et par ingestion en tuant leurs hôtes (Saleem et.al, 2009). Le thiaméthoxam appartenant aux néonicotinoïdes, agit par contact ou par ingestion sur de nombreux insectes, y compris Helicoverpa armigera, en réduisant significativement la population larvaire (Gehan et Abdalla, 2006). Toutefois, les insectes ont aussi développé des mécanismes de résistance comportementale, physiologique et biochimique contre les composés toxiques des plantes (Brattsten, 1988).
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