L’alcoolisme a fait l’objet de plusieurs études puisque son impact n’est pas négligeable sur la santé publique.
En France, dans les années 90, l’alcool est la troisième cause de mortalité (40 000 décès par an et 100 000 dus à l’association alcool-tabac). Selon l’OMS, l’alcool :
▶ est un facteur de risque ou de causalité dans 25% des maladies,
▶ multiplie par cinq le risque d’AVC,
▶ multiplie par 7 l’absentéisme professionnel. 15% des accidents du travail mettent en cause la responsabilité première de l’alcool.
La thèse porte sur l’étude de l’alcoolodépendance à propos de six cas observés au sein de CENHOSOA et de Befelatanana durant les mois de septembre et octobre 2006. Le choix de ce thème se justifie par son intérêt pratique. En effet, la fréquence des éthyliques croît avec les difficultés existentielles et que cette affection peut, à la longue, entraîner une dépendance.
REVUE GENERALE DES CONNAISSANCES SUR L’ALCOOLISME
La consommation de substances psychoactives est un fait habituel voire culturel de nombreuses sociétés. La consommation de l’alcool en pareil cas, est généralement bien tolérée par lesdites sociétés, celles-ci admettant en général qu’une minorité de consommateurs puisse faire un usage nocif ou potentiellement nocif de la substance.
L’excès aigu est sanctionné immédiatement par des troubles du comportement. L’intoxication alcoolique chronique est à l’origine d’un lourd excès de morbidité et de mortalité d’expression différée et intervient dans la physiopathologie de plusieurs affections caractérisées et sévères. Toutefois, les conséquences de l’usage des boissons alcoolisées sont loin d’être univoques. Elles dépendent du consommateur, des modalités et du niveau de consommation et peut-être de la nature des boissons alcoolisées .
La consommation modérée est préconisée car l’ingestion chronique d’alcool à des doses excessives crée chez l’homme des perturbations métaboliques et un état de moindres résistances aux agressions.
TERMINOLOGIES
Le terme d’alcoolisme est en fait ambigu parce que, sous le même vocable, sont regroupées d’une part les complications somatiques engendrées par l’alcool, soit les alcoolopathies, et d’autre part le fait comportemental d’alcoolodépendance, soit les alcoolomanies. Il existe par ailleurs de nombreuses façons de consommer de l’alcool, ce qui fait que nous retrouverons une multitude de tableaux d’alcooliques différents et hétérogènes. Un alcoolique est-il quelqu’un qui « boit trop », un buveur « excessif », ou est-il quelqu’un qui « ne sait pas » boire (qui a alors des ivresses fréquentes), ou encore quelqu’un qui a un « mauvais » usage de l’alcool,qui ne « supporte pas » l’alcool,et qui n’aurait plus le « droit » de boire ?
Définition de l’alcoolisme
Définitions quantitatives
➥ -L’académie de médecine, en 1945, fixe la quantité nocive ingérée au seuil de 1ml d’alcool pur par kilogramme (du consommateur) et par 24h ;
➥ -La définition de Simonin, plus physiopathologique, précise : «Qu’être alcoolique est celui qui absorbe chaque jour une quantité d’alcool supérieure à celle qu’il peut métaboliser sans danger, soit environ trois quarts de litre de vin à 10° pour un individu de 70kg.
➥ -En fait, il est impossible de fixer une limite à la consommation admissible à cause des différentes tolérances individuelles (variable également dans le temps chez un même sujet) et à cause des multiples facettes de la maladie alcoolique. Ce serait aussi exclure du cadre de l’alcoolisme les formes d’ivresses pathologiques, les dipsomanies, les ivresses compulsionnelles qui sont surtout fréquentes chez les femmes. Bref, il faudra remplacer la notion de seuil par celle de risque.
Définitions psychopathologiques
❖ L’alcoolisme devient le symptôme d’une organisation névrotique. Les travaux fondamentaux de Fouquet (1952) le font entrer dans le cadre d’une toxicomanie : « Est alcoolique celui qui a perdu la liberté de s’abstenir d’alcool ».Cette définition est centrée sur la notion d’alcoolo dépendance. Il s’agit d’une dépendance principalement psychologique, mais qui, souvent, aboutit à une dépendance physique.
❖ L’alcoolisme est considéré comme une maladie psychiatrique, une perturbation des modalités relationnelles qui s’apparente aux névroses. Un certain nombre de définitions de ce type reste restrictif et limité au seul aspect psychopathologique de l’alcoolisme.
Selon Keller et Efron en 1955 : « L’alcoolisme est une maladie chronique, psychique, somatique ou psychosomatique, qui se manifeste comme un trouble du comportement. Il est caractérisé par l’absorption répétée de boissons alcooliques dans une mesure qui excède l’usage habituel alimentaire ou l’accord avec les coutumes sociales de la communauté, et interfère avec la santé du buveur ou son bon fonctionnement social et économique ».
Définitions globales
✔ Elles sont nombreuses et imprécises. Plusieurs définitions émanent de l’O.M.S (1954-1974) : « Les alcooliques sont des buveurs excessifs dont la dépendance à l’égard de l’alcool est telle qu’ils présentent un trouble mental décelable, soit des manifestations affectant leur santé physique ou mentale, leur relation avec autrui et leur bon comportement social et économique, soit des prodromes des troubles de ce genre. Il doivent être soumis à un traitement ».
✔ On recherche actuellement une définition qui prenne en compte les différents modes d’alcoolisation, les alcoolopathies et la notion de dépendance. Il y a alcoolisme, selon nous, quand il y a alcoolodépendance, avec ou sans complication, ou quand il y a des complications de l’alcoolisation, avec ou sans alcoolodépendance.
✔ Pour l’O.M.S, l’alcoolisme au sens le plus large répondrait surtout à la deuxième partie de la définition ; il correspondrait donc à l’ensemble des « disabilities » (diminution, voire perte des compétences) dues à l’alcool, c’est-à-dire à l’ensemble des dommages dus à l’alcool, tant sur le plan social et économique, que sur le plan individuel.
✔ L’alcoolisme peut ainsi être considéré comme une réponse individuelle globale à un comportement social d’alcoolisation car il existe des différences de modèles culturels, de situations personnelles ou familiales, d’environnement, de personnalité soit tout un réseau de facteurs qui interviennent dans la genèse de l’alcoolisme.
Classification de l’alcoolisme
Classification quantitative
L’alcoolisation ou consommation d’alcool éthylique sous quelque forme que ce soit est un phénomène social universel. Tout le monde boit plus ou moins et il existe une première classification quantitative.
En apparence, tout peut sembler simple et l’on aurait, selon une progression croissante : les abstinents, les buveurs occasionnels, les buveurs tempérants ou normaux, les buveurs « excessifs » et les buveurs dépendants psychologiques et physiques, qui constitueraient la classe des malades alcooliques :
➤ le sujet abstinent : c’est le sujet qui ne consomme pas du tout d’alcool. Ce sont soit des personnes qui agissent par le choix délibéré et raisonné, soit des anciens buveurs, soit des membres de mouvements d’anciens buveurs, soit des enfants de buveurs.
➤ les buveurs occasionnels et buveurs tempérants : ce sont ceux qui boivent de façon modérée, le week-end ou même tous les jours, et ils peuvent éventuellement faire des excès quelquefois mais connaissent leurs limites.
➤ les consommateurs à haut risque : ceux qui se situent entre les catégories précédentes et les alcooliques proprement dits. Il est préférable d’abandonner l’appellation de « buveur excessif » car la notion de seuil est particulièrement floue. En effet, il ne s’agit pas tellement d’une quantité dangereuse mais d’un risque, qui est individuel. Souvent la frontière est franchie sans que le sujet en soit réellement conscient ; cette période dure plusieurs mois et la dépendance psychologique s’installe bien avant que les signes physiques classiques, tels les tremblements, apparaissent.
Classification qualificative
Les circonstances dans lesquelles un sujet boit sont variées et on décrit classiquement trois types de malades alcooliques.
Celui qui relève d’une déviation du comportement alimentaire
Il s’agit le plus souvent d’un alcoolisme par imitation, habitude qui s’acquiert progressivement au sein de la société ou du milieu professionnel. Ce buveur, d’abord d’occasion, devient plus ou moins vite un buveur d’habitude ; « c’est un bon vivant », amateur de bonne chère et de festivités.
Ces sujets boivent en général du vin à table ou de la bière, mais bien vite, en dehors des repas, tout est prétexte à boire « un pot ». Le vin et ,de plus en plus, les alcools forts ont une fonction sociale et deviennent quasi indispensables pour régler une affaire, conclure un marché, remercier un service ou tout simplement bavarder.
Ces consommateurs progressent lentement, boivent rarement jusqu’à l’ivresse et leur tolérance va augmenter au fil des années. Les cas pathologiques sont le plus souvent des complications d’ordre organique,de la baisse de l’état général, de cirrhose,de polynévrite ou bien encore à l’occasion de pré-delirium ou delirium lors d’un accident ou d’une intervention quelquefois banale et la plupart du temps après 40 ans.
Leur dépendance se manifeste tardivement et souvent ils n’ont pas réellement conscience de leur intoxication.
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