Revue de littérature sur l’éducation et le développement rural

Enseignant

Les enseignants forment les premiers responsables de l’éducation au niveau du système scolaire. L’enseignant dispose d’un pouvoir d’influence sur l’apprentissage des élèves. Il est l’homme parfait pour les élèves (Wang, Haertel et Walberg, 1994). L’attitude des enseignants et ses caractéristiques sont indispensables à la qualité de l’éducation. Les bons enseignants ont une influence sur la réussite d’élèves issus de milieux sociaux économiquement faibles. En effet, bien motivé et bien formé, l’enseignant est plus apte à encourager et à guider les apprenants, enfants ou adultes du moins aux premiers stades de l’apprentissage (Crahay et Bellat 2001 ; Gauthier et Dembelel, 2004).
Par ailleurs, la bonne connaissance des enseignants sur la communauté constitue un atout fondamental dans la réussite de l’éducation en milieu rural. Il est important que l’instituteur dans les  zones rurales ne soit pas un instituteur au sens classique du terme, mais également un éducateur agricole.
Dans les pays développés on fait appel plus souvent aux ingénieurs agronomes, aux techniciens agricoles pour donner une formation agricole aux instituteurs dans les écoles normales (Coverdale,1974).
La question d’enseignants doit être un grand défi dans les zones rurales. La présence ainsi que la formation des enseignants en milieu rural constituent une base fondamentale dans l’éducation des élèves. Dans les zones rurales, les enseignants sont souvent dépourvus de formation et leur nombre sont insuffisants par rapport aux enseignants en milieu urbain. Un problème récurrent en milieu rural a été celui de l’inexistence des formations des enseignants (FAO et UNESCO-IIPE 2005). Les pays de l’Afrique Subsaharienne ceux où les besoins en enseignants sont les plus criants, de nombreux pays africains sont confrontés à des pénuries d’enseignants (FAO, 2009).
Les conditions dans les zones rurales, en particulier le manque d’infrastructure social et culturelle, ne sont pas favorables. Ainsi, les enseignants sont souvent réticents à s’occuper des places en milieu rural (ADEA, FAO, 2007) De ce fait, l’instauration d’un environnement incitatif tel que les primes, logements, et sécurité sociale rend plus actif les enseignants d’aller en zones rurales. Il faut que les incitations soient substantielles, pour compenser les coûts économique et social d’une affectation dans une zone isolée ; ensuite, le système doit pratiquer une classification équitable des écoles. En effet, la plupart des enseignants en milieu rural sont des ENF de salaire plus faible par rapport aux EF. Des primes devraient-être alors octroyées aux ENF employés dans les villages (FAO,2009 ; FAO UNESCO-IIPE 2005).
En outre, le taux d’encadrement des élèves par les enseignants figure parmi les facteurs déterminant la qualité de l’éducation. Un bon encadrement nécessite la mobilisation de plusieurs personnes donc de coût. On relève ainsi que le ratio élèves/maître est généralement d’autant meilleur que le pays est développé. Les taux dans le primaire, relevés par groupe de pays sont (Banque Mondial) : Afrique subsaharienne : 42 élèves/maître ; Asie du Sud : 36 ; Amérique latine et Caraïbes : 22 ; MoyenOrient et Afrique du Nord : 19 ; Europe et Asie centrale : 15 ; Amérique du Nord : 15. En générale, la valeur moyenne de 40 élèves par enseignants est qualifiée comme norme dans lesquels les progrès de l’EPT sont bons.

Contenu de l’Enseignement

Le contenu de l’enseignement détermine la qualité des acquis par les élèves. Il concerne directement le programme scolaire mais touche aussi les méthodes d’enseignement.

Programme Scolaire

ADEA, FAO (2007) dans son rapport sur l’éducation pour la population rurale en Afrique affirme que les programmes pédagogiques doivent adapter le contenu au contenu local en tenant compte des traditions, des modes de vie et des activités en milieu rural. A cet effet, quelques principes directeurs sont essentiels pour la conception contenue de l’éducation de base destinée aux zones rurales comme :
– le programme d’étude doit être en rapport avec le contexte, la coutume, les moyens de subsistance et les activités de développement rural.
– il doit tenir compte de la qualification et de la formation des enseignants.
– il doit faire usage des compétences, des connaissances et des autres ressources disponibles au niveau local.
– il doit répondre aux vœux de la communauté, déterminé par la consultation et la négociation avec la communauté.

Approche Pédagogique

La contextualisation de l’apprentissage facilite la compréhension de l’éducation en milieu rural. L’apprentissage est fortement influencé par les relations qui existent entre trois environnements distincts qui sont le foyer, l’école et la communauté (Coverdale, 1974, Taylor et Mulhall 1997,2001 cité par FAO/UNESCO-IIPE, 2005 p202). L’établissement d’un enseignement primaire bien adapté devrait en premier lieu tenir compte des faits socio-économiques ruraux qui constituent l’essence même de sa source pédagogique et des valeurs humaines qui lui sont spécifiques (Bretones, 1969).

Calendrier Scolaire et le Rythme d’Enseignement

Le coût d’opportunité2 constitue l’un des principaux obstacles pour les familles en milieu rural d’envoyer leurs enfants à l’école. L’école doit offrir de ce fait des solutions de remplacement attrayantes et accessibles afin que les familles acceptent de scolariser leurs enfants. Parmi ces solutions figurent l’adaptation du calendrier scolaire du rythme d’enseignement au calendrier des activités agricoles. Introduire davantage des souplesses dans le fonctionnement des écoles en milieu rural constitue une stratégie essentielle pour permettre l’élargissement de l’accès à l’enseignement primaire.
En fait, le problème des tâches domestiques qui accaparent le temps des enfants et l’obligation saisonnière de travailler dans le champ prélèvent tous leur tribut sur la fréquentation scolaire (FAO, 2009 ; ADEA/FAO, 2007).
Le calendrier scolaire joue un rôle très important sur l’accès à l’enseignement primaire en zones rurales, il doit tenir compte des activités en milieu. Ajuster le calendrier scolaire permet aux enfants ruraux de fréquenter l’école au lieu de travailler. C’est ainsi que la réforme de l’enseignement introduite au Bénin en 1977, par exemple, a modifié le calendrier scolaire pour l’harmoniser avec le calendrier agricole (FAO/UNESCO-IIPE, 2005).
2Coût d’opportunité d’une décision, (par exemple : aller à l’école) correspond à la valeur de la décision de substitution à laquelle on a renoncé (par exemple : travailler) Le système de la « double vacation » consistant à confier à un même enseignant deux groupes d’élèves, qui vont suivre l’enseignement le matin et l’après, a permis aux élèves de continuer à réaliser leurs activités quotidiennes telles que les tâches domestiques pour les filles et les travaux de champ notamment pour les garçons. En effet, la chance des enfants à être maintenue dans le cursus scolaire augmente jusqu’à la fin de leurs études. Ce système contribue donc à l’amélioration de l’accès à l’éducation. Il est avantageux pour les parents afin d’envoyer leurs enfants à l’école. Ce système réduit également le coût d’opportunité de l’envoi des enfants à l’école (FAO/UNESCO-IIPE, 2005 ; FAO, 2009). L’existence des classes multigrades est nécessaire pour favoriser non seulement l’éducation des enfants mais aussi pour combler l’insuffisance des enseignants en milieu rural.
En outre, éducation et nutrition sont inséparables. En effet, les déficiences nutritionnelles influent sur la fréquentation scolaire et l’apprentissage. Pour que les écoles soient efficaces, la sécurité alimentaire est cruciale, et la sécurité alimentaire a besoin de l’éducation pour devenir réalité. De plus, l’alimentation scolaire peut aider à compenser la perte de travail subi par les familles rurales lorsque leurs enfants fréquentent l’école au lieu de travailler (FAO/UNESCO-IIPE, 2005). En Afrique, les programmes qui couvrent à la fois l’absence d’éducation et la malnutrition ont obtenu des résultats positifs notoires dans plusieurs pays. Grâce à eux, la fréquentation en primaire des filles en particulier a augmenté, alors que l’absentéisme et les abandons diminuaient (ADEA/FAO, 2007). Ce programme permet aux familles d’envoyer leurs enfants à l’école et d’assurer leur scolarité régulièrement.
Les caractéristiques de l’offre de l’éducation sont déterminées sur le plan national, notamment en matière de normes. Cependant, certaines dispositions peuvent concerner davantage les régions rurales en raison des spécificités du milieu. De ce fait, une offre de l’éducation adaptée en milieu rural implique :
(i) en matière d’infrastructures et équipements :
– des écoles de proximité, au plus, une distance de 2 km par rapport au lieu d’habitation ;
– de manuels scolaires suffisants, à raison de 1 manuel par élève (pour les matières fondamentales) ; (ii) en matière d’enseignants :
– un effectif suffisant, un ratio de 40 élèves par maitre est adopté comme norme nationale ;
– des enseignants qualifiés (ayant reçu des formations pédagogiques) ;
– des formations spécifiques pour assurer l’éducation dans le milieu rural ;
-des incitations d’ordre financière pour motiver les enseignants à travailler en milieu rural ; (iii) en matière d’approche pédagogique :
– une approche pédagogique basée sur la contextualisation de l’enseignement ;
-l’utilisation des langues nationales en tant que langue d’enseignements pour l’enseignement primaire ;
– l’ajustement des calendriers scolaires aves les calendriers agricoles ; (iv) en matière d’appui aux familles :
– l’allègement des charges parentales dans le financement de l’éducation de l’enfant ;
– la mise en place de programme d’aide à l’alimentation à travers les cantines scolaires.