Retranscriptions des séances d’ateliers à visée philosophique avec annotations
Chaque séance a été retranscrite par écrit
Parfois, il a été nécessaire de commenter les interventions des élèves afin par exemple, de les replacer dans un contexte signifiant. Ces remarques sont de couleur violette. De plus, chaque intervention est suivie d’une caractérisation en fonction de sa nature. Elles apparaissent en rouge lorsqu’il s’agit des interventions émanant des élèves, en vert pour celles du maître. Rappel du code : – E : renvoie à l’érotisme du texte ou des illustrations – D : interventions descriptives – F ↔ R : allers-retours entre la fiction et la réalité – I ↔ P : Allers-retours entre débat interprétatif et réflexion philosophique – ID : identifications aux personnages – Débat : renvoie à l’apparition d’un débat dans la classe – Enr : caractérise une intervention enrichie grâce au propos d’un(e) autre élève – C : caractérise une intervention conceptuelle Les retranscriptions suivantes correspondent à l’ordre dans lequel nous avons présenté les œuvres aux élèves.
L’arbre sans fin1 de Claude Ponti
1 E : Nous parlons de L’arbre sans fin. Est-ce que déjà, d’après vous, ça existe des choses sans fin ? On en a déjà parlé un peu. Foued. 2 Foued : comme une droite. C 3 E : Une droite en géométrie, c’est ce qu’on a dit. Quoi d’autre ? On connaît d’autres choses sans fin ?
4 Emy : euh… la lune ? E 5 E : La lune ? Non la lune se termine enfin, elle est pas sans fin. Toi tu voulais parler du mouvement de la Terre. Quand la Terre tourne, c’est sans fin parce que tout le temps le jour et la nuit se succèdent, c’est ça ? C’est vrai. 6 Jade : les nombres c’est sans fin. C 7 E : exactement, les nombres, c’est sans fin. On peut compter à l’infini. Il y aura toujours un suivant d’un nombre donné. D’accord ? Hipollène au début, elle croit que son arbre est sans fin. Est-ce que c’est vrai ? 8 Rédoine : Non 9 E : et pourtant, au début, vous me parliez de l’alternance jour/nuit/jour/nuit… Un arbre, ça fait un peu pareil non ? 10 Classe : bah oui. 11 E : Alors, c’est pas le jour et la nuit mais pourquoi on peut dire qu’un arbre change au fil du temps, puis revient comme il était etc ? 12 Emy : par exemple, au printemps, comme là, chez ma mamie chez mon papi aussi, au printemps, les fleurs, les fruits repoussent. F↔R + C 13 E : Les fleurs d’abord, les fruits ensuite. Puis que va-t-il se passer en automne prochain ? 14 Emy : Tout va s’enlever. Puis ça va recommencer, ça va recommencer… C 15 E : Les feuilles vont tomber. Il n’y aura plus de fruits. L’hiver, il n’y aura absolument plus rien. Les branches resteront sans feuilles. Alors, ça dépend des arbres, il y a des arbres qui persistent même l’hiver mais les arbres avec des feuilles… Et puis ensuite, on recommencera, le printemps d’après ça repoussera. Et puis les fleurs réapparaîtront, puis les fruits etc. Donc on peut dire que pour les arbres aussi, il y a quelque chose d’infini, c’est sans fin. C Les élèves commencent par évoquer des faits réels et scientifiques pour aborder la question de l’infini : Le mouvement des planètes, les saisons, les nombres. 16 Foued : Pâques c’est sans fin aussi. F↔R 17 E : Les années sont sans fin aussi, tu veux dire ? Oui, c’est vrai, tous les ans, on retrouve certaines dates comme Noël, on retrouve certaines dates comme Pâques. C 18 Anonyme : l’anniversaire. Par ces remarques, les élèves évoquent cette fois-ci un infini culturel qui dépasse l’individu. 19 E : Ah oui alors l’anniversaire c’est vrai mais la grand-mère d’Hipollène qui est morte par exemple qui est morte. Elle ne peut plus fêter son anniversaire. 20 Gwendal : nous on peut être mort nous aussi donc ça s’arrête. C
La question de l’infini générationnel est évoquée
1 E : Nous, on vient de personnes d’il y a très longtemps. D’une famille qui a ses racines justement, comme un arbre, depuis très longtemps. Ça s’arrête pas ; on ne sait pas vraiment. Peut-être qu’à un moment donné dans l’histoire de l’humanité, ce qu’on pense savoir, c’est que les premiers hommes sont apparus à partir d’une lignée de cousins de singes, d’accord ? Ça veut dire qu’il y aurait un début quand même. Ça ne serait pas infini ; nous les êtres humains n’existons pas depuis le tout début de l’existence de la Terre C 42 Emy : Quand on devient adulte et qu’on fête ses anniversaires, on peut rétrécir… ? 43 E : On peut rétrécir ? On peut se tasser ? On a dit que les générations, on ne sait pas trop quand ça commence, ça peut être un peu infini, la famille. Mais est-ce que tous les membres de la famille sont pareils ? 44 Léo : Non, parce qu’il y a un petit peu de la maman et un petit peu du papa. C C’est sans surprise l’aspect purement physique de la question qui est évoqué. 45 E : D’accord, ça veut dire que toi tu n’es pas exactement pareil que ta maman et ta maman n’est pas exactement pareille que sa maman etc. C’est pour… regardez dans le livre, elles ont toutes un nom différent ces mamies-là, ces ancêtres ; la maman s’appelle « Faîtencime-ladénombreuse-d’étoiles », sa mamie, elle s’appelait « Orée-d’Otone-la Tisseuse-de-contes », son arrière-grand-mère s’appelait « Graine-doubli-la-dormorante », la grand-mère encore audessus s’appelait « Séquoi-Yaparla-la-questionnante ». Il y avait « Pessiolle-dussoir-lavagabonde » etc. Et elle le problème, c’est qu’elle n’a pas de nom. 46 Mathis : Elle n’a pas de surnom. D 47 E : Alors, on pourrait dire « de surnom », tu as raison. Est-ce que, justement, comme nous ne sommes pas exactement pareils que nos ancêtres, 48 Emy : moi je suis pareille que ma maman. J’ai les mêmes cheveux. F↔R 49 E : Est-ce qu’on est pareils que nos parents, c’est ça la question ? 50 Classe : Oui 51 E : exactement pareils ? 52 Jade : si, j’ai la même figure que mon papa. F↔R 53 E : Non, je suis sûr que non. Tu lui ressembles peut-être mais tu n’es pas exactement pareille que lui. 54 Jade : j’ai les mêmes yeux. F↔R 55 E : D’accord les yeux mais pas exactement pareille