RETENTION A 36 MOIS SOUS TRAITEMENT DES PATIENTS VIVANT AVEC LE VIH
Physiopathologie de l’infection à VIH
La découverte du VIH et l’étude de ses propriétés biologiques ont permis de mettre en exergue sa physiopathologie. Cela a débouché sur la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à traiter l’infection par le VIH en inhibant l’interaction virus-récepteurs. Le VIH a un tropisme préférentiel pour les Lymphocytes T CD4+. La molécule CD4, récepteur de haute affinité pour le VIH est une protéine membranaire exprimée en forte quantité à la surface des lymphocytes « T » auxiliaires qui sont responsables de l’initiation de la réponse T auxiliaire et de l’amplification des diverses fonctions du système immunitaire en réaction aux infections. Les cellules constituent des réservoirs de virus dans l’organisme ; mais c’est essentiellement dans les Lymphocytes T CD4+ que le VIH se multiplie en grande quantité. Si la molécule CD4 fonctionne comme un récepteur de haute affinité pour la glycoprotéine (gp) 120 du VIH-1, des récepteurs accessoires sont nécessaires à la pénétration du virus dans la cellule hôte. Les corécepteurs CCR-5 et CXCR-4 identifiés en 1996 utilisés par le VIH, sont des récepteurs de chémokines ou chémo-attractants. Ils coopèrent avec les 11 CD4 pour permettre l’entrée du virus dans la cellule. Cette coopération serait plus lente pour le VIH-2, d’où sa longue latence par rapport au VIH-1. Les virus à tropisme macrophagique utilisent le récepteur de beta chemokines CCR-5, par contre les virus à tropisme T dépendent du récepteur de chémokines CCR-4 ou fusine. Mais 90% des souches virales ont en commun le CCR-5 comme récepteur [5]. 3.1. Structure du virus Il comporte, de l’extérieur vers l’intérieur, une enveloppe membranaire ou péplos dont la bicouche lipidique provient de la membrane cytoplasmique et se trouve hérissée de spicules glycoprotéiques. Celles-ci comportent une partie interne, la gp41 ou glycoprotéine transmembranaire et une partie externe, la gp120. La face interne de l’enveloppe est tapissée d’une matrice protéique faite de la p17. La capside virale en forme de cône tronqué est faite de p24. À l’intérieur se trouve l’ARN, entouré de la protéine de nucléocapside. La transcriptase inverse ou RT (reverse transcriptase), qui intervient en début de cycle, est à l’intérieur de la capside, associée à une intégrase et à une protéase. Ces 3 enzymes sont des cibles potentielles pour la chimiothérapie antirétrovirale. L’ARN viral se trouve en deux exemplaires, sans qu’on sache la raison de cette diploïdie. Le génome viral comporte en plus des gènes classiques de structure qui sont les gènes gag, pol et env, des gènes de régulation qui ont un rôle essentiel dans le pouvoir pathogène du virus : parmi ces derniers tat, rev et nef ont été les premiers étudiés. Tous ces gènes du VIH utilisent les 3 phases de lecture du génome. D’autre part, pour utiliser au maximum les possibilités d’information du génome, certains gènes fonctionnent avec un épissage des ARN messagers ; c’est en particulier le cas de tat et de rev. Certains gènes expriment leur information sous forme de précurseurs polypeptidiques secondairement clivés. Il en est ainsi de Gag et Pol d’une part, et 12 d’autre part de gp120 et gp41. Le clivage du précurseur Gag-Pol, assuré par la protéase virale, est nécessaire à l’accomplissement du cycle viral ; elle intervient en fin de cycle. En revanche, le clivage de la gp160, précurseur des deux glycoprotéines d’enveloppe, en gp41 et gp120, est assuré par des protéases cellulaires [6]. Figure 4: Schéma du VIH
Classification et diversités génétiques
On distingue deux types de VIH, le VIH1 et le VIH2. Les variations génétiques entre les deux virus sont prédominantes dans certaines régions de leur génome viral telles que le gène env. – Le VIH1 est le plus répandu, il est classifié en 3 groupes distincts appelés M, O, N avec des sous-types. o Le groupe M (majoritaire), regroupe jusqu’à présent 9 sous- types de VIH1 (A-D, F-H, J et K). Le sous-type C est largement prédominant et représente 50 % des cas infectés par ce sous-type. 13 o Le groupe O (Outlier) identifié en Afrique Centrale précisément au Cameroun et au Gabon est beaucoup plus rare. o Le groupe N (Non M, Non O), très rare également a été identifié au Cameroun. – Le VIH-2, qui dérive probablement d’une introduction chez l’homme d’un SIV de mangabey dans le passé, est également classé en sous-types génétiques distincts. Isolé en 1986 chez des patients originaires d’Afrique de l’Ouest atteints de SIDA mais séronégatifs pour le VIH-1. Il se rencontre essentiellement dans les zones urbaines d’Afrique de l’Ouest, notamment en Guinée-Bissau où sont notés les taux de séroprévalence les plus élevés (6 à 10% de la population de la capitale en est infectée) ; en Guinée Conakry, au Cap Vert, au Sénégal, en Gambie, en Côte d’Ivoire et à moindre niveau au Burkina Faso, Mali, Ghana, Sierra Léone et Libéria ainsi que dans quelques pays lusophones (Angola, Mozambique). Cependant on observe de plus en plus une tendance à la diminution de la prévalence dans les pays d’Afrique de l’Ouest en faveur d’une augmentation de la prévalence de la double infection VIH1+2. Sa transmissibilité est cinq fois moins importante que celle du VIH1 bien que les modes de transmission soient identiques. Sa période de latence clinique semble plus longue et le taux de progression vers les infections opportunistes est significativement plus faible que pour le VIH-1. En revanche, au stade SIDA, les pathologies rencontrées sont similaires .
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