Résultats et enseignement de la modélisation
« En définitive le grand enjeu de l’urbanisme, c’est la pensée de l’incertitude. La tradition, en particulier celle de la pensée des ingénieurs, consiste à inventer des procédures pour réduire l’incertitude. Le projet en est une, qui permet de le faire dans un contexte très mobile. Mais on doit aller plus loin, c’est-à-dire faire la ville avec l’incertitude. Cela signifie penser et agir en système ouvert, créer des possibles et pas seulement des faits, se situer dans le mouvement pour essayer d’agir sur lui, non en dehors. » L’urbanisme d’après crise – 2014 – Alain Bourdin.
Suite à l’implémentation et à la mise en œuvre du modèle intégré d’usage du sol et des transports pour la région Nord-Pas-de-Calais, à travers le logiciel de modélisation Tranus, il a été possible de générer et de sortir plusieurs résultats relatifs aux évolutions des dynamiques liées au système de transport et à l’usage des sols. En particulier Tranus permet d’évaluer plusieurs paramètres explicatifs du fonctionnement territorial de la zone d’étude.
Dans ce cas spécifique une première analyse a été effectuée, en particulier sur les effets induits par les interventions de densification urbaine (résidentielle et d’activités) et d’amélioration de l’offre des transports en commun, dans les zone du modèle sélectionnées en considération d’une hypothèse de potentiel de développement orienté vers les rails et les transports en commun (TOD).
L’intérêt principal est d’estimer si, effectivement, ces interventions de densification autour des gares et d’intensification de l’offre de transport en commun, progressives dans le temps, contribuent à modifier les choix de localisation des ménages et des activités productives, en favorisant une densification des zones déjà urbanisées, sans pour autant consommer des espaces naturels et sans alimenter l’étalement et la dispersion urbaine.
En outre, le paramètre de répartition modale globale entre la voiture particulière et les transports en commun a été retenu comme une valeur fondamentale d’analyse, avec un intérêt spécifique à l’analyse de l’impact des hypothèses de modélisation sur l’évolution de la fréquentation des services ferroviaires régionaux. Comme nous l’avons précédemment décrit, trois scénarios (A, B et C) ont été implémentés dans le modèle, avec un horizon temporel de 16 ans (2009-2025).
Les résultats du modèle indiquent de très grands mouvements de population entre zones spatiales et entre types de tissus urbains et cet élément pourrait sembler irréaliste. Pourtant la présentation des résultats du modèle à plusieurs acteurs territoriaux clés, n’a pas suscité de réaction de rejet.
Au contraire, face à l’ampleur des incertitudes de la prospective, en matière énergétique, en matière sociétale, en matière d’aspiration au bien-être des individus et des 227 ménages, en matière de mode de vie, ces acteurs ont exprimé l’idée que l’on ne peut balayer la possibilité de changements radicaux dans les structures spatiales de l’occupation humaine de ces territoires qu’ils connaissent bien.
Implémentation du scénario de référence et des différents scénarios de simulation à l’horizon 2025
Introduit dans le chapitre précédent, le travail de modélisation intégrée, mis en place en utilisant le logiciel Tranus, sur le terrain de la région Nord-Pas-de-Calais, prévoit trois scénarios différents de simulation. Les scénarios se développent sur un horizon temporel de 16 ans et considèrent comme période de départ et de référence l’année 2009 et comme année terminale à 2025 à travers quatre simulations, relatives aux périodes 2013, 2017, 2021 et enfin 2025.
Le choix de 2009 comme date de référence est lié essentiellement à la disponibilité des données, qui pour cette période sont en libre accès, grâce aux résultats du recensement fournis par l’INSEE.
En particulier, le site internet des cartes thématiques et des statistiques locales de l’INSEE a été utilisé comme source pour le recueil des données relatives à la distribution de la population et des emplois dans les zones d’études.
Pour les données d’usage du sol, la base de données provenant du Système d’Information Géographique et d’Analyse de L’Environnement (SIGALE) de la région Nord-Pas-de-Calais a été utilisée et enfin, en relation avec l’estimation des prix fonciers, la base de données immobilière des notaires, (disponible en ligne sur le site meilleuragents.fr76) a été considérée comme source.