RESISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES DES BACTERIES MULTI-RESISTANTES ISOLEES
INTRODUCTION
Les bactéries sont dites multi résistantes aux antibiotiques (BMR) lorsque, du fait de l’accumulation de résistances acquises à plusieurs familles d’antibiotiques, elles ne sont plus sensibles qu’à un petit nombre d’antibiotiques utilisables en thérapeutique [1]. Aujourd’hui, la résistance bactérienne aux antibiotiques est un grave problème de santé publique mondial qui progresse très rapidement avec en parallèle une absence totale de nouveaux agents antibactériens [2]. Ainsi, l’ère post-antibiotique du 21ème siècle est prévue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) [3]. En effet, les données récentes de la bibliographie abondent de descriptions de bactéries multi résistantes voire toto-résistantes aux antibiotiques dont le nombre ne cesse de croitre aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement [4]. Elle atteint désormais des niveaux dangereusement élevés dans toutes les régions du monde et constitue alors une étape vers l’impasse thérapeutique [5]. La multi résistance aux antibiotiques concerne aussi bien les bactéries responsables d’infections communautaires qu’infections associées aux soins [1]. Ainsi, selon l’OMS, 60 % des infections liées aux soins sur le plan mondial sont provoquées par des bactéries résistantes [5]. Par ailleurs, les entérobactéries particulièrement les souches de Klebsiella spp montrent des taux de multi-résistance pouvant atteindre 70 % dans certains pays [5]. Au Sénégal, les données sur le profil de résistance aux antibiotiques ont été recensées dans certaines grandes structures hospitalières [6]. A titre d’exemple en 2017 une étude réalisée au CHU Le Dantec avait montré une prévalence globale de 26,2% d’entérobactéries productrices de BLSE et 5,1% de souches productrices de carbapénamases [7]. Cependant, aucune étude portant sur la multirésistance bactérienne n’a été réalisée au CHAN. Dès lors, il devient indispensable de surveiller les bactéries multi résistantes pour lutter efficacement contre les infections potentiellement dangereuses dues à ces bactéries. C’est dans ce contexte que nous avons réalisé cette étude portant sur le profil de résistance aux antibiotiques des BMR isolées au CHAN. L’objectif général de notre étude était d’évaluer la fréquence des BMR isolées au laboratoire du CHAN de janvier à juin 2016 avec comme objectifs spécifiques : 10 – Donner l’étiologie des BMR retrouvées au niveau du CHAN. – Déterminer les phénotypes de résistance de ces BMR. -Déterminer la distribution de ces BMR en fonction du produit pathologique, de l’âge et du sexe.
LES ANTIBOTIQUES
Définition
Les antibiotiques sont des molécules dont la toxicité sélective résulte d’un mode d’action spécifique sur les bactéries . Ils peuvent avoir une action bactéricide entraînant une diminution de la population bactérienne initiale ou une action bactériostatique avec seulement une inhibition du développement de la bactérie . Plusieurs origines, pour les antibiotiques, sont décrites : – biologique : ils sont issus du monde microbien (bactéries et champignons). – semi-synthétique : d’origine biologique, ils ont été modifiés par l’industrie pharmaceutique pour améliorer leurs propriétés. Pour ces deux premières catégories, des mécanismes de résistance sont préexistants, les progéniteurs microbiens devant être résistants à l’action de ces substances. – synthétique : ils n’ont aucun équivalent dans la nature. Exemple des Quinolones, issues de la recherche sur les antipaludéens, et du Linézolide . Les antibiotiques sont utilisés comme agents thérapeutiques chez l’homme, comme phytopharmaceutiques sur des plantes, comme adjuvants alimentaires pour l’accélération de la croissance et en tant que médicaments et agents prophylactiques chez les animaux d’élevage. Mais leur efficacité est menacée par la capacité des bactéries qui sont des organismes très adaptables à développer une résistance à ces molécules
Classification
Critères de classification
La classification des antibiotiques peut se faire selon : L’origine : élaboré par un organisme (naturel) ou produit par synthèse (synthétique ou semi synthétique) Le mode d’action : paroi, membrane cytoplasmique, synthèse des protéines, synthèse des acides nucléiques Le spectre d’activité : liste des espèces sur lesquelles les antibiotiques sont actifs (spectre étroit ou large) La Nature chimique : très variable, elle est basée souvent sur une structure de base (ex : cycle β lactame) sur laquelle il y a hémi synthèse. La classification selon la nature chimique nous permet de classer les antibiotiques en familles (β lactamines, aminosides, tétracyclines…..etc.)
Mode d’action des antibiotiques
Quatre grandes modes d’action sont distinguées chez les antibiotiques : une action sur la biosynthèse du peptidoglycane, une action sur la membrane cytoplasmique, une action sur la synthèse nucléique et une action sur la synthèse protéique [10]
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