Représenter les retours

Représenter les retours

Après avoir modélisé les questions, nous allons maintenant nous intéresser au sujet complémen taire des acquiescements. Nous commencerons par présenter rapidement les notions de niveau de communication et de processus d’établissement qui sont cruciales quand il s’agit d’étudier les aspects interactifs de la communication. Ensuite nous présenterons le travail d’Allwood et de ses collègues [Allwood et al., 1992] qui fait exception en tant qu’approche sémantique du retour.

Puis nous rappellerons les propositions de la SDRT pour traiter ces problèmes et nous montrerons que ces dernières s’appuient sur des hypothèses qui sont difficilement tenables dans le dialogue naturel. A partir de l` a nous introduirons la notion d’établissement en SDRT. Avant d’aborder les différents phénomènes que nous avons associé aux retours dans l’analyse du chapitre 6. 9.1 Les notions sous-jacentes : coordination et établissement 

Fond commun et niveauxde communication Il n’est pas nécessaire de s’intéresser au langage naturel pour ˆ etre confronté aux ”retours”, en anglais ”feedback” ou ”backchannel” [Jurafsky et al., 1998]. Tout système d’échange d’informations doit fournir des moyens pour assurer la coordination [Clark, 1996, Pickering et Garrod, 2003] des partis en présence.

La communication confronte des participants dotés de croyances privées qui com muniquent au travers d’un langage commun (public). Au cours de l’échange, des informations vont ˆ etre établies (ne serait-ce que l’historique du dialogue) et constitueront le fond commun conversation nel. Il se distingue du fond commun (”tout court”) qui représente toute les connaissances communes que les participants peuvent avoir [Levinson, 1983, Clark, 1996]1.

Ce processus très général, somme toute assez simple, se traduit dans le langage naturel par un ensemble d’outils extrˆ emement élaborés. Parmi ces outils, les retours ont une place ` a part puisqu’ils sont dédiés ` a la gestion de la communication et en particulier de l’établissement des informations. Certes ils ne constituent pas le seul moyen d’établir des données mais leur rˆ ole principal est celui-l` a.

Les niveaux de communication Les travaux sur la communication, tout au moins dans ses aspects langagiers, s’accordent sur sa nature stratifiée. Le point de vue de Clark qui tient la communication comme une chaˆ ıne com 1Plus les participants seront proches socialement et plus ce fond commun sera grand.

Glose (Producteur / Destinataire) Faire quelque chose / ˆ etre attentif émettre / percevoir un signal Allwood-Clark Contact-Execution/Attention Perception-Presentation/Identification Exprimer / comprendre une proposition Understanding- Meaning/Understanding Proposer / Prendre en compte RMEF2-Proposal/Consideration FIG. 9.1– Niveaux de communication plexe d’encodage et de décodage s’oppose ` a celui de Garrod, Simmons et Pickering qui proposent un modèle o` u la coordination s’établit directement entre chaque strate.

Dans les deux cas la notion de ni veaux de communicationest toujoursprésente. Que ce soit pour Clark [Clark, 1996] ou pour Allwood [Allwood, 1995] les niveaux mis en jeu sont sensiblement les mˆ emes. Dans la table 9.1 nous avons récapitulé et mis en relation les fonctions communicatives d’Allwood[Allwood, 1995] et l’échelle de l’action jointe de Clark [Clark, 1996]:p153. Retour et niveaux de communication Dans les approches d’Allwood et de Clark, les retours sont étroitement liés aux fonctions qui viennent d’ˆ etre introduites.

Pour Allwood et ses collègues [Allwood et al., 1992], les retours ne sont rien de moins que lesmécanismes linguistiques3 qui permettent d’échanger des informations ` a propos des fonctions communicatives de base.

Dans le tableau 9.2 sont reproduits des exemples de retours explicites ` a l’énonce ”Il pleut.” pour chaque fonction communicative de base. Fonction communicative Contact Perception Compréhension Réaction ` a l’intention Retour positif Je vais continuer J’ai entendu J’ai compris Oui tu as raison Retour négatif Je dois m’en aller Je n’ai pas entendu Je n’ai pas compris Non tu as tort FIG. 9.2– Rapports explicites de l’évaluation d’un énoncé déclaratif[Allwood, 1995].

La stratification de ces fonctions/niveaux autorise ` a formuler deux principes généraux sur les re tours : un principe d’évidence positive et un principe d’évidence négative. En effet si l’on considère que les quatre niveaux sont ordonnés de la manière suivante : contact(1) perception(2) compréhension(3) prise en compte(4), il découle que dès qu’un retour positif de niveau est détecté tous les retours positifs de niveaux in férieur ` a sont implicites. De mˆ eme si un retour négatif de niveau est détecté alors tous les retours négatifs de niveau supérieur ` a sont implicites.

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