Repartition verticale des vangidae dans la foret seche

L’écosystème forestier renferme différentes caractéristiques qui répondent particulièrement aux exigences biologiques et écologiques de ses peuplements fauniques (Pascal, 2003). L’hétérogénéité de la structure de l’habitat forestier qui se manifeste aussi bien sur le plan horizontal que vertical ainsi que la variation de la composition floristique jouent un rôle important sur la diversité biologique de plusieurs espèces animales (Blondel, 1995). La répartition écologique de certains groupes taxonomiques comme l’avifaune résulte de la variation de la structure horizontale et verticale de ce milieu forestier (Culbert et al., 2013). Le peuplement aviaire malgache compte 282 espèces (Goodman & Raherilalao, 2013). Concernant les oiseaux terrestres, une grande partie est inféodée aux habitats sylvicoles et seulement 10 % sont adaptées aux milieux ouverts (Goodman & Hawkins, 2008). Les membres de la famille endémique des Vangidae ou vangas figurent parmi ces oiseaux forestiers (Nakamura, 2005).

La famille des Vangidae témoigne d’une radiation évolutive spectaculaire (Yamagishi et al., 2001). Cette radiation adaptative se manifeste par la diversification étonnante de la forme du bec des membres de cette famille depuis les formes les plus simples jusqu’aux formes les plus étranges que certaines espèces arborent (Raherilalao & Goodman, 2011). Auparavant, les Vangidae malgaches ont été représentés par 12 genres subdivisés en 14 espèces dont une espèce, Cyanolanius madagascarinus est commune avec les Comores (Mohéli et grande Comore) (Langrand, 1995). Des études moléculaires ont classées des espèces endémiques de Madagascar connues dans d’autres familles (Muscicapidae, Sylviidae, Timaliidae) comme membres au sein des Vangidae (Yamagishi et al., 2001 ; Jonsson et al., 2012 ; Reddy et al., 2012). Actuellement, les vangas malgaches comptent 21 espèces regroupées en 15 genres, notamment Artamella, Calicalicus, Cyanolanius, Euryceros, Falculea, Hypositta, Leptopterus, Mystacornis, Newtonia, Oriolia, Pseudobias, Schetba, Tylas, Vanga et Xenopirostris (Goodman & Raherilalao, 2013).

GENERALITE

Les analyses sur la répartition géographique du peuplement aviaire malgache montrent que leur distribution dépend de la répartition des différents types de formations forestières (Wilmé, 1996 ; Raherilalao & Goodman, 2005 ; Raherilalao & Wilmé, 2008 ; Goodman & Raherilalao, 2013). Du point de vue horizontal, la structure et la composition spécifique des végétations sylvicoles malgaches sont déterminées par la variabilité géographique des conditions climatiques (Moat & Smith, 2007). D’une manière générale, le versant oriental se caractérise par des forêts humides sempervirentes, le versant occidental en revanche par des forêts sèches caducifoliées, la partie Sud se distingue par des forêts épineuses ou bush épineux et les forêts d’altitudes des Hautes Terres centrales (Koechlin et al., 1997). Les forêts pluviales de l’Est sont marquées par une grande concentration en diversité spécifique avienne (Wilmé, 1996 ; Hawkins, 1999).

Concernant la famille des Vangidae, 16 sur les 21 espèces existantes sont rencontrées dans les forêts denses humides de l’Est (Goodman & Raherilalao, 2013). La distribution de ces espèces de vangas au sein des différents écosystèmes forestiers varie suivant leurs tolérances et leurs exigences aux conditions écologiques de ces habitats (Goodman & Hawkins, 2008). Certaines sont largement réparties, d’autres sont confinées dans une région donnée . En guise d’exemple, la distribution des espèces comme Euryceros prevostii et Newtonia fanovanae sont restreintes dans les forêts pluviales de l’Est (Goodman et al., 2000). Par contre, Xenopirostris damii est confiné au versant occidental (Raherilalao & Wilmé, 2008). Xenopirostris xenopirostris est adapté aux formations épineuses du Sud (Yamagishi & Nakamura, 2009). Toutefois, les vangas comme Leptopterus chabert, Newtonia brunneicauda, Vanga curvirostris, etc. sont à large distribution à travers l’île (Nakamura, 2005).

La répartition de la faune avienne varie également avec l’augmentation de l’altitude (Hawkins, 1999 ; Goodman et al., 2000 ; Raherilalao & Goodman, 2003 ; Raherilalao et al., 2007). En effet, la richesse et la composition spécifique en avifaune change le long du gradient altitudinal en liaison avec la variation remarquable de la physionomie de la végétation compte tenu de la modification des conditions climatiques en fonction de l’altitude (Raherilalao & Goodman, 2003). Selon les recherches réalisées par Guillaumet et Koechlin (1971) sur les différentes caractéristiques de l’habitat suivant l’altitude, la formation végétale de basse altitude est formée par un étage supérieur de 25 m de hauteur et la réduction de la strate arbustive, la strate herbacée domine par contre avec une forte abondance des espèces végétales à larges feuilles. En moyenne altitude, la strate supérieure diminue de taille, la strate arbustive devient éparse et à feuilles sclérophylles, la strate muscinale et lichenique se développent considérablement. En haute montagne, des brousses éricoïdes ou des formations buissonnantes denses à feuillages fortement microphylles sont observées. Des espèces d’oiseaux dites généralistes, c’est-à-dire, qui peuvent s’adapter à une grande variété de conditions écologiques comme Newtonia brunneicauda et Tylas eduardi sont à large répartition altitudinale (Hawkins, 1999). Cependant, les espèces comme Oriolia bernieri et Schetba rufa typiquement forestières sont inféodées aux végétations de basse altitude (Raherilalao et al., 2007).

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Milieu d’étude

La forêt de Kirindy CNFEREF d’une superficie de 12 500 ha (Sorg et al., 2008) se trouve dans la partie Centre-ouest de Madagascar dans la région de Menabe central, à 20 km à l’est des côtes et à 40 km au nord-est de Morondava sur la Route Nationale numéro 8 (RN8) qui mène à Belo sur Tsiribihina . Le climat de la région est de type tropical sec avec deux saisons bien distinctes : une saison chaude et pluvieuse de décembre à mars/avril et une saison sèche de mai à novembre (Sorg & Rohner, 1996). La formation végétale du site est définie comme étant une forêt dense sèche caducifoliée (Koechlin et al., 1997) ou une forêt dense sèche de l’Ouest (Moat & Smith, 2007). La concession forestière constitue la station de recherche du Deutsches Primatenzentrum (DPZ) et le site éco touristique du CNFEREF.

Site et période d’échantillonnage 

Afin de voir les éventuels impacts de la dégradation de la forêt sur la stratification verticale des vangas, les données ont été collectées dans une zone non exploitée (CS7) et un site auparavant exploité (N5) . Ces sites d’échantillonnages sont présentés ci-après :

❖ Le site CS7 se trouve au sud d’une piste principale dénommée CONOCO. Cette parcelle est localisée à 7 km à l’est à partir du croisement entre la RN8 et cette piste CONOCO. Ce bloc de 100 ha est traversé par une rivière saisonnière appelée « Kirindy ». Ce site n’a pas été exploité dû au fait qu’il est pauvre en essence commercialisable, c’est-à-dire en arbre de diamètre supérieur ou égal à 37 cm (Raharivololona, 1996).

❖ Le bloc N5 anciennement exploité se situe au nord de la piste CONOCO et à 5 km à l’est du croisement vers Belo sur Tsiribihina. Ce site de 140 ha a été exploité sélectivement en 1990 et 1991 (Raharivololona, 1996).

Les deux blocs forestiers de Kirindy (CS7 et N5) sont parcourus par un réseau de pistes équidistantes de 25 m pour faciliter l’observation des chercheurs. Ces pistes sont munies d’un système d’orientation à chaque intersection dont des lettres de A à Z vont de la piste CONOCO vers l’intérieur de la forêt. Ces lettres sont numérotées de -12 à 40 de l’ouest à l’est dans le site CS7 et de -13 à 29 du sud au nord dans le bloc N5.

Les travaux sur le terrain ont été effectués au cours de la saison de pluie, du 20 février au 23 mars 2015, période qui coïncide encore à la saison de reproduction des oiseaux dans la partie Ouest de l’île (Raherilalao & Wilmé, 2008). Au cours de cette saison, les oiseaux sont très actifs et ainsi plus faciles à détecter.

Table des matières

INTRODUCTION
GENERALITE
I. METHODOLOGIE
I.1. Milieu d’étude
I.2. Site et période d’échantillonnage
I.3. Technique d’échantillonnage
I.3.1. Collecte des données sur les Vangidae
I.3.2. Caractérisation de l’habitat par la méthode de relevé linéaire
I.4. Traitement et analyse des données
I.4.1. Abondance relative
I.4.2. Analyse de la répartition verticale des Vangidae
I.4.3. Analyse de chevauchement de la répartition verticale des Vangidae
I.4.4. Taux de recouvrement végétal
I.4.5. Analyse de la répartition verticale des Vangidae au sein des deux sites
II. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
II.1. Composition et diversité spécifique
II.2. Répartition verticale des Vangidae
II.2.1. Artamella viridis
II.2.2. Cyanolanius madagascarinus
II.2.3. Newtonia brunneicauda
II.2.4. Schetba rufa
II.3. Chevauchement de la répartition verticale des Vangidae
II.4. Structure verticale de l’habitat
II.5. Répartition verticale des Vangidae au sein des deux sites
II.5.1. Répartition verticale générale des Vangidae
II.5.2. Répartition verticale des espèces prises individuellement
III. DISCUSSION
CONCLUSIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIES

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