Remédiation métafolklorique l’œil du Net Art sur le vernaculaire Web !

Remédiation métafolklorique l’œil du Net Art sur le vernaculaire Web !

Un folklore de réseau émerge et se consolide tout au long des années 1980 et au début des années 1990, au sein des premières communautés virtuelles comme Usenet, mais aussi les BBS et les salons de conversations instantanées (les « tchats », dont IRC, Instant Relay Chat, est l’un des premiers protocoles). Essentiellement issu d’une culture conversationnelle, sur laquelle j’ai tenté d’apporter des éclairages dans la partie précédente, il se « transporte » sur le Web alors que celui-ci ouvre la porte de l’Internet au grand public.

On le retrouve en particulier sur les listes de diffusion, les forums, les blogs et plus récemment sur les réseaux sociaux que l’on peut considérer comme des évolutions des métatextes de type « groupes de discussion » de Usenet et des autres communautés virtuelles des années pré-Web. De nouvelles métaformes folkloriques sur le Web apparaissent avec l’arrivée des interfaces graphiques dans la technologie de réseau ainsi que d’outils d’édition et d’auto publication qu’un public de non-spécialistes peut utiliser.

On s’intéressera dans cette partie à la créativité populaire de pages Web et des objets multimédia qu’elles affichent. La question du « populaire » en contexte de réseau, à peine esquissée dans la partie précédente lors de l’analyse de la mythologie des « nouvelles classes » de Usenet,2 sera traitée ici de manière plus approfondie à travers les formes mobilisées et qualifiées de populaires dans les représentations de la culture Web.

On peut annoncer dès à présent qu’en matière de sociologie culturelle d’Internet, une évolution est manifeste depuis les BBS jusqu’au Web social d’aujourd’hui. En effet, si les premières communautés virtuelles se construisent sur l’idée que l’Internet n’est plus aux mains des spécialistes (les ingénieurs de l’ARPA) mais aussi à celles d’amateurs d’informatique et de passionnés de sous-culture qui se retrouvent sur le réseau pour former des groupes d’intérêt, Internet reste encore un médium de connaisseurs et d’usagers privilégiés.

Le Web va changer la donne, et il est révélateur que le mythe selon lequel l’Internet naît avec 1990 (au moment de l’invention du Web), décennie que l’on associe à la « démocratisation » du réseau, soit toujours très présent chez le grand public. Sans pouvoir prétendre traiter ces questions dans le cadre disciplinaire de la sociologie culturelle, on en prendra la mesure dans le cadre d’une réflexion sur le partage d’information et les échanges communicationnels de la culture Web.

En effet, l’ère du Web peut être considérée comme le moment où un nouveau regard est créé à l’intersection des nouvelles technologies de réseau et de leurs nouveaux usages : le multimédia incorpore la matière informationnelle de l’Internet, tandis que de nouvelles orientations à travers cette matière sont proposées par les navigateurs. L’hypertextualisation des interfaces numériques offre une nouvelle « machine de vision »,

selon le concept proposé par Claude Baltz, un « “audit” sur notre environnement informationnel [et] connexion effective dans la société d’information » (Baltz, 1993). L’hypertexte, défini comme un acte de vision aussi bien qu’un processus de matérialisation, provoque des effets d’interprétation en même temps que se crée de la matière-réseau. Les effets se matérialisent dans des formes qui sont créées, identifiées, et perpétrées par des groupes d’utilisateurs en performance.

On a rencontré les prémices d’un tel phénomène à la fin de la partie précédente, alors qu’émergeaient de la matière culturelle de Usenet des métaformes marquées par une ironie communicationnelle (« ironie de connexion »). Quel est cet « audit » généré par l’usage du Web ? Le Web marque un moment fort de l’évolution des technologies de réseau. Comme pour l’Arpanet en son temps, il est inventé en tant qu’outil de facilitation de la recherche universitaire dans des laboratoires scientifiques.

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