Support apprendre français, tutoriel & remarques sur les bases de la conjugaison en pdf.
L’utilisation d’un modèle comme le MGL permet donc de distinguer deux types de relations au sein des paradigmes: les relations entre membres d’une même zone correspondant à une case de l’espace thématique sont extrêmement prédictibles et quasiment constantes; les relations entre membres de zones différentes correspondant à plusieurs cases de l’espace thématique sont moins prédictibles, et nécessitent la position de plusieurs règles concurrentes. Postuler des espaces thématiques revient simplement à faire abstraction du premier type de relation pour se concentrer sur le second. Dans la suite de cet article, nous nous concentrons sur la modélisation des relations entre cases de l’espace thématique, et laissons de côté les relations des thèmes aux formes.
LES BASES DE LA FLEXION RÉGULIÈRE
Il existe un présupposé qui fait l’objet d’un large consensus dans la littérature sur la flexion: un lexème régulier, c’est un lexème dont la flexion complète peut être déduite de manière déterministe à partir de la connaissance d’une forme phonologique unique, ce qu’on appellera pour les besoins de cet article la base du lexème. Le consensus s’arrète largement là, les approches concurrentes s’opposant tant dans l’analyse qu’elles proposent de la flexion irrégulière que dans l’implémentation précise qui est proposée pour la notion de base. Ainsi, dans la tradition de la phonologie générative que représente Plénat (1987), il est généralement supposé que l’existence d’une base unique vaut également pour de larges pans de la flexion irrégulière, ce que conteste par exemple Bonami & Boyé (2003). Par ailleurs, pour Plénat (1987) la base est une représentation sous-jacente abstraite, alors que pour Albright (2002b) c’est une forme de surface.
Dans cette section nous explorons une possibilité qui a été ignorée dans la littérature précédente : si la flexion de tout lexème régulier repose sur une base unique, il ne va pas de soi que cette base corresponde toujours à la même zone du paradigme. Dans un cadre qui reconnaît la notion d’espace thématique, différentes cases de l’espace thématique peuvent servir de base pour différents lexèmes. Cette proposition nous permet d’éviter dans une large mesure la postulation de représentations phonologiques abstraites dans le traitement de la flexion régulière.
LES OPACITÉS CONVERSES DANS LA CONJUGAISON DU FRANÇAIS
Pour illustrer les enjeux, considérons la question de savoir quelle est la base d’un verbe régulier du français. Il est généralement supposé que c’est le radical de l’imparfait, le thème1 au sens du tableau(5), qui a le statut de base. Cette hypothèse a cependant l’inconvénient majeur de ne pas permettre de différencier les verbes du premier groupe à thème 1 en /is/ (type TAPISSER: thème 1 /tapis/, thème 3 /tapis/) des verbes du deuxième groupe (type TAPIR: thème 1 /tapis/, thème 3 /tapi/). Si on veut maintenir que le thème 1 sert de base pour tous les verbes, il faut donc différencier ces deux classes de verbes par un autre biais. On pourrait envisager, par exemple, soit de considérer que les verbes du deuxième groupe ne sont pas réguliers, et n’ont donc pas de base unique (Bonami & Boyé, 2003); soit que la base des verbes du deuxième groupe porte un diacritique qui indique qu’elle est sujette à des règles spéciales. La nature du diacritique en question peut elle-même être débattue: il pourrait s’agir d’un trait de classe morphologique, d’un trait de règle (Plénat1987) ou du marquage de la consonne finale comme consonne latente (Paradis & El Fenne, 1996).
……..
Remarques sur les bases de la conjugaison (524 KO) (Cours PDF)