Relations familiales Relations amoureuses

Relations familiales Relations amoureuses

Les romans étudiés présentent des relations familiales fondées sur le conflit et sur un manque affectif. Les personnages se déterminent par le rôle qu’ils occupent au sein de la famille. Le personnage du père se définit, comme nous l’avons vu, par sa violence ou par son absence, tandis que celui de la mère se fonde soit par sa protection soit par son rejet de l’enfant. Enfin, les personnages féminins ne développent aucune relation fraternelle. Chez Maïssa Bey, les personnages de la mère et du père sont décrits suivant leurs rôles respectifs au sein de la famille. Le personnage de la mère possède deux figures : celle qui protège et celle qui guide ou au contraire celle qui rejette. Le personnage du père doit incarné le protection de la famille, or il s’impose par la violence et la répression qu’il inflige. Les relations familiales dans le roman Amour, Prozac et autres curiosités de Lucía Etxebarría se caractérisent par un manque de rapport affectif. Les personnages dévoilent différence, les membres de la famille ne se comprennent pas et instaurent une distance volontaire. Les parents n’apportent ni affection ni réconfort. Le personnage de la mère se définit par sa froideur et le personnage du père par son abandon. Chez Virginie Despentes, les relations familiales relèvent du conflit voire de la haine. Le personnage du père violente la mère et la fille, le personnage de la mère ne donne de l’affection qu’à une fille sur deux, enfin les personnages de Pauline et de Claudine se détestent. Parallèlement aux relations familiales, les relations amoureuses révèlent des rapports humains complexes. La recherche de l’amour et les rapports amoureux contribuent à la définition des personnages et déterminent leur place dans la société. Les personnages narrateurs de Lucía Etxebarria et de Virginie Despentes décrivent les qualités des personnages du père et de la mère. Dans le roman de Lucía Etxebarria, ils sont tour à tour présentés par les trois narratrices, qui soulignent leur différence. Leur relation se révèle par une distance. La narratrice Rosa décrit le personnage de la mère par rapport à ce qui l’oppose à celui du père. La mère n’aime pas les plages du Sud, qualifiées de « vulgaires », ni les parasols, ni les Suédoises « en bikini », ni les crèmes bronzantes, ni les Gitans dotés « d’énormes chaînes en or sur un torse velu » (« gruesos cadenones de oro sobre el pecho velludo » p.68). Il s’agit au contraire de l’univers du père, qui « adorait la Méditerranée, les calamars frits dans les buvettes sur la plage, les parties de dominos » (« adoraba el Mediterráneo, los calamares fritos en los chiringuitos de la playa, las partidas de dominó » p.68) Les plages du Sud représentent le reflet de ce personnage, qui aime les yeux et les cheveux noirs des Andalouses puisqu’elles renvoient sa  Les activités des personnages du père et de la mère ne se rejoignent donc jamais. La mère évite le soleil et cherche la solitude : « […] ma mère passe ses matinées à lire et ses après-midi à faire de longues promenades solitaires au bord de l’eau » (« […] mi madre se pasase las mañanas leyendo y los atardeceres dando largos paseos solitarios por la orilla » p.69). A l’opposé, le père préfère s’amuser et être entouré : « […] mon père passait ses matinées dans les buvettes, le midi à faire la sieste, les après-midi à des parties de dominos et les nuits à faire la java. » (« […] mi padre se pasase las mañanas en los chiringuitos, los mediodías de siesta, las tardes en la partida de dominó y las noches de jarana. » p.69-70) Les vacances renvoient l’image du quotidien familial puisque la narratrice Ana reprend cette opposition. Le père ne supporte pas l’enfermement et fuit la maison familiale chaque soir. Au contraire, la mère préfère la solitude et ne sort pas. Les habitudes des deux personnages au foyer se retrouvent également pendant les vacances, installant une vie commune fondée sur l’incompréhension et la distance.

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Les deux personnages se distinguent par leurs envies, leurs besoins et leurs priorités. Tandis que le rôle de la mère est de s’occuper de son foyer et de ses enfants, le père refuse de jouer son rôle de protecteur et de responsable de la famille et cherche à conserver sa liberté. Il adopte un comportement différent en présence du personnage de la mère : « Je me promenais […] en me demandant pourquoi mon père, si bavard et spirituel à la buvette, se réfugiait dans le mutisme le plus glacé quand il arrivait à la maison. »148 Sa présence au foyer lui rappelle ses responsabilités familiales ainsi que son rôle de père et de mari, dont il ne veut pas. Il rejette finalement ce rôle en abandonnant sa famille. Chez Virginie Despentes, afin de comprendre le schéma familial, il faut tout d’abord s’attacher aux relations entre les parents. Lorsque le personnage du père épouse celui de la mère, son comportement change totalement. Sa femme, qui représentait avant le mariage tout son « bonheur », devient après l’union « une conne, godiche et sans éclat ». L’union entraîne finalement la domination du personnage masculin. Le père la méprise constamment, la qualifie d’ « incapable » et juge chacun de ses gestes comme reprochables : « Et sans jamais lever la main sur elle il y allait de toute sa violence, tout son esprit concentré pour la dénigrer. Jusqu’à ce qu’elle verse une larme, il ne la lâchait pas. » (p.37) Ce personnage se veut l’élément central, principal et indispensable de la famille.

 

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