Relation entre l’activité physique et la santé

Relation entre l’activité physique et la santé 

L’évidence de la relation entre une pratique régulière d’activités physiques et la santé est reconnue depuis des décennies (Haskell, Montoye et Orenstein, 1985). Comme mentionné précédemment, une pratique régulière d’activités physiques est associée à d’importants gains pour la santé tels que la prévention des maladies cardiovasculaires, la prise en charge de l’obésité et du diabète de type 2, la prévention de certains cancers, de l’ostéoporose, de l’hypertension artérielle, de la dyslipidémie et d’autres maladies ou conditions chroniques (Antero Kesaniemi et al., 2001; Lee et al., 2012; Nelson et al., 2007; O’Donovan et al., 2010 ; Warburton et al., 2007). Bien que les effets bénéfiques associés à la pratique d’activités physiques soient bien connus, la quantité et l’intensité de celle-ci sont également à considérer pour avoir une protection optimale, notamment au niveau cardiovasculaire. À ce jour, en termes de quantité, les recommandations chez les adultes sont de 150 minutes d’activités physiques à intensité modérée par semaine, 75 minutes d’intensité élevée ou une combinaison d’activités d’intensité modérée ou élevée (OMS, 2010). En ce qui concerne l’intensité, le niveau d’activités physiques recommandé pour avoir des bénéfices santé est de 500 à 1000 équivalents métaboliques (MET)-min/semaine (Tucker, Welk et Beyler, 2011). Une revue de la littérature et méta-analyse sur le sujet a toutefois démontré que le risque de mortalité par maladie cardiovasculaire et de toutes causes confondues était inférieur chez les individus ayant un niveau d’activité physique dépassant ces recommandations, c’est-à-dire d’au moins 5000 MET-min/semaine (Blond et al., 2019). La littérature plus récente démontre toutefois que chaque minute compte. En effet, ceux qui font moins de 150 minutes d’activités physiques à intensité modérée par semaine, mais qui sont actifs, ont eux aussi une diminution de 20 % de leur risque cardiovasculaire (Arem et al., 2015).

La condition physique et plus précisément la capacité aérobie agissent quant à elles à titre de facteurs de prédiction de la santé globale actuelle et future (Lang et al., 2018). Les travaux de Blair et de ses collègues ont démontré qu’une faible capacité aérobie était associée à une augmentation importante du risque de mortalité précoce (Blair et al., 1989). À la suite de cette étude, plusieurs chercheurs se sont intéressés à cette importante relation en incluant plus spécifiquement l’incidence de maladies cardiovasculaires et de mortalité (Kodama et al., 2009, Kokkinos et al., 2014). Aucun facteur de risque modifiable ne s’est avéré un prédicteur plus puissant de mortalité et de morbidité qu’une faible capacité aérobie (Lee et al., 2012). Ainsi, une capacité aérobie dite adéquate réduirait le risque de mortalité et contribuerait à la prévention des maladies cardiovasculaires, métaboliques et même des troubles de santé mentale (Ortega, Ruiz, Castillo et Sjostrom, 2008). Par conséquent, participer à des activités physiques régulières peut améliorer la capacité aérobie et, donc, améliorer la santé à long terme (Harber et al., 2017). Étant donné que la capacité aérobie est associée à une pratique d’activités physiques régulière et vigoureuse, la mesure à la fois de la quantité et de la qualité de celle-ci sont des éléments considérables de l’évaluation et de la gestion du risque cardiovasculaire (Després, 2016).

De l’autre côté de la médaille, un niveau insuffisant d’activité physique, c’est-à-dire n’atteignant pas le seuil d’activité physique recommandé, mène potentiellement à des effets délétères sur les indicateurs de santé. Par exemple, plusieurs maladies chroniques sont associées à l’inactivité physique: maladies coronariennes, accident vasculaire cérébral, hypertension artérielle, cancer du côlon et du sein, ostéoporose, diabète de type 2 et obésité (Katzmarzyk et Janssen, 2004; Lee et al., 2012; Wilmot et al., 2012). Cependant, tel que démontré dans les sections précédentes, les études récentes suggèrent que chaque minute d’activité physique compte et a des bénéfices, même à un niveau inférieur que recommandé (Arem et al., 2015). Cela étant dit, partout dans le monde, l’inactivité physique est considérée toujours comme l’une des principales causes de décès et d’incapacité avec la mauvaise nutrition, le tabagisme, et la consommation excessive d’alcool (OMS, 2009).

Les comportements sédentaires 

Outre la relation entre le niveau d’activité physique et la santé, les comportements sédentaires s’ajoutent maintenant distinctivement aux facteurs de risque de mortalité et de mortalité (Bouchard, Blair, Katzmarzyk, 2015). Le temps de sédentarité est différent de l’inactivité physique en soi, qui elle correspond à un niveau d’ activité en dessous des normes recommandées. Un comportement sédentaire se définit par une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique :S 1,5 MET en position assise ou allongée. Il s’agit en fait de postures ou d’activités qui requiert peu de mouvements, entre autres liées aux heures à participer à des activités sur écrans, à regarder la télévision ou à être assis dans le cadre d’activités professionnelles (Després, 2016; Shuval et al., 2014). La littérature scientifique met entre autres en lumière la relation entre l’obésité et le temps passé devant un écran, qui est passé de 9 heures par semaine en 1998, à 21 heures par semaine en 2017 (Andersen, Crespo, Bartlett, Cheskin et Pratt, 1998; Hancox et Poulton, 2006; Statistique Canada, 2019). Ainsi, même lorsqu’un niveau de condition physique est adéquat, les comportements sédentaires contribuent à augmenter les risques cardiovasculaires (Després, 2016). Afin de bénéficier de bienfaits pour leur santé, les enfants et les jeunes doivent restreindre chaque jour le temps consacré à des activités sédentaires, soit à moins de deux heures par jour pour le temps de loisir passé devant l’écran, diminuer les déplacements en véhicule motorisé et limiter le temps passé assis à l’intérieur durant la journée (Tremblay et al., 2011). Toutefois, au Canada et partout dans le monde, il n’existe aucune directive en matière de comportements sédentaires chez les adultes qui soit basée sur des données probantes à ce jour (Tremblay et al., 2011).

Facteurs associés à l’inactivité physique chez les jeunes 

Chez les enfants et les adolescents 

On observe récemment que la génération actuelle d’enfants et d’adolescents est davantage sédentaire que celles du passé (Jeunesse Canada en Forme, 2018). Les loisirs passifs ayant fait leur apparition dans le dernier siècle (télévision, jeux vidéo, ordinateur) constituent de réelles barrières à la pratique d’activités physiques et augmentent les risques d’obésité et de surpoids chez les jeunes (Alméras, 2008). C’est possiblement ce qui explique qu’on rapporte qu’environ seulement 10 % des jeunes canadiens atteignent les recommandations nationales de 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à élevée par jour (Jeunesse Canada en Forme, 2015). Au Québec, ce sont six enfants sur dix (58,7 %) et quatre adolescents sur dix (40,9 %) qui sont considérés comme actifs selon l’Enquête québécoise sur la santé de la population (Institut de la statistique du Québec, 2016). Pourtant, il est connu que le statut de santé à l’enfance est un prédicteur important du statut de santé à l’âge adulte, particulièrement en ce qui a trait à trois types de maladies chroniques: maladies cardiovasculaires, ostéoporose et santé mentale (Huotari et al., 2011; Telama et al., 2005; Twist et al., 1997).

Chez les jeunes adultes

On relève également une augmentation de l’inactivité physique dès le passage à l’âge adulte. Au Québec, chez les hommes, les pourcentages de sédentarité passent d’environ 6 % chez le groupe des 12-17 ans à 14 % chez celui des 18-24 ans. Dans le cas des femmes, une augmentation importante est observée entre le groupe des 12-17 ans et celui des 18-24 ans, passant de 8 % à 19 % (Lavoie, 2010). Pour ce qui est du temps de sédentarité, des études réalisées en Europe et en Amérique du Nord rapportent qu’en moyenne les deux tiers du temps d’éveil d’un adulte seraient dédiés à des comportements sédentaires, c’est-à-dire entre 8 heures et Il heures par jour (Are su et al., 2009; Matthews et al., 2008).

La population collégiale, formée majoritairement de jeunes adultes âgés entre 17 et 20 ans, vit des changements reliés au passage de la fin du secondaire vers le niveau collégial, qui peuvent avoir des impacts considérables sur le mode de vie. Chez nos voisins américains, l’inactivité physique des collégiens constitue une problématique considérable en matière de santé, puisque près de 50 % d’entre eux seraient inactifs (Keating, Guan, Pifiero et Bridges, 2005). Une étude américaine a d’ailleurs démontré que les étudiants de niveau collégial qui ont une faible condition physique présentent un profil de risque cardio-métabolique peu favorable pour leur santé (Buresh, Hombuckle, Garrett, Garber et Woodward, 2018). En fait, les individus ayant une faible capacité musculaire présentaient un taux d’insuline àjeun plus élevé et un indice de sensibilité à l’insuline plus faible que ceux ayant une capacité musculaire élevée. Cette altération est d’autant plus importante chez les femmes ayant un pourcentage de gras élevé (Buresh, Hombuckle, Garrett, Garber et Woodward, 2018). Parallèlement à cela, une étude menée au Québec démontre que la condition physique générale des étudiants collégiaux chute de manière non négligeable (Chiasson, 2004b). Cette problématique incite à plusieurs pistes de réflexion quant à la santé de notre population à long terme. Qu’est-ce qui explique cette diminution de la condition physique? En fait, l’adoption d’un mode de vie sain et actif serait étroitement liée à plusieurs facteurs environnementaux et personnels. Les facteurs environnementaux liés aux transports actifs et aux loisirs, tels que la présence de trottoirs, de pistes cyclables et de sentiers pédestres, auraient en effet un impact sur la pratique d’activités physiques. L’accès aux infrastructures tels que les parcs, les espaces verts et les centres sportifs seraient également associés positivement à la pratique d’activités physiques pendant les loisirs (Bergeron et Reybum, 2010). Quant à eux, les facteurs personnels, par exemple les attitudes et les motivations, sont des déterminants importants de l’adoption de comportements de santé, notamment en ce qui a trait à la pratique d’activités physiques (Godin, 2002). Ces constats sont d’ailleurs observés chez les jeunes collégiens québécois dans le cadre des cours d’éducation physique (Lemoyne, 2012). Selon une autre étude québécoise réalisée auprès de collégiens, on explique la baisse de  motivation face à l’activité physique par plusieurs facteurs: 1) le manque de temps, 2) les limites associées au manque d’argent et à l’accessibilité, 3) l’environnement social, et 4) au sentiment d’efficacité personnelle (Leriche et Walczak, 2014).

Table des matières

1. INTRODUCTION
2. PROBLÉMATIQUE
2.1 Relation entre l’activité physique et la santé
2.2 Les comportements sédentaires
2.3 Facteurs associés à l’inactivité physique chez les jeunes
2.2.1 Chez les enfants et les adolescents
2.2.2 Chez les jeunes adultes
2.4 La condition physique au collégial: le rôle de l’ éducation physique
3. CADRE DE RÉFÉRENCE
3.1 Condition physique
3.1.1 Les déterminants de la condition physique
3.1.2 Les relations entre la condition physique et la santé
3.1.3 L’importance de la capacité aérobie
3.1.3 La condition physique spécifiquement chez les jeunes adultes et collégiens
3.2 La santé cardiovasculaire
3.2.1 L’âge
3.2.2 Les taux de cholestérol total et de cholestérol HDL
3.2.3 La pression artérielle systolique
3.2.4 Le tabagisme
3.2.5 Le diabète
3.2.6 Les antécédents familiaux
3.3 Objectifs de la recherche
4. ARTICLE
Méthodologie
Devis et milieu d’étude
Population cible, recrutement et taille d’échantillon
Méthode de collecte de données
Analyses statistiques
Résultats
Discussion
Limites et futures recherches
Conclusion
Références
5. DISCUSSION GÉNÉRALE
5.1 Synthèse de l’ étude
5.2 Recommandations pratiques
5.3 Limites du mémoire
6. CONCLUSION

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