Relation entre anaphorique antécédent et expression
« La co-présence de deux expressions, l’une faisant office de « source », l’autre d’anaphorique, est […] un critère définitoire décisif des configurations associatives ». Selon G.Kleiber, il s’agit d’une relation entre deux termes où l’un anaphorise (reprend ou renvoie à) l’autre. Cette définition en termes de « relation » implique une interdépendance entre les deux termes de la relation. Cette caractéristique de l’anaphore paraît définitoire dans la mesure où elle apparaît dans la majorité des définitions de ce phénomène :
Les anaphoriques n’ont par eux-mêmes aucun sens tant qu’ils ne sont pas inclus dans une phrase. En d’autres termes, les anaphoriques sont des mots vides sur le plan statique mais ils deviennent automatiquement pleins sur le plan dynamique. On a anaphore « lorsqu’une structure manifeste in situ une incomplétude déterminée pour une position ; cela ne peut se concevoir naturellement que par comparaison avec la structure complète, car c’est seulement ainsi qu’on peut spécifier une incomplétude déterminée.
Le moteur de l’anaphore serait la nécessité de se ramener, grâce au contexte à une structure complète, à chaque fois que celle-ci ne l’est pas, d’où les conditions qui pèsent sur l’emploi des anaphoriques et la nécessité d’une opération contextuelle qui doit apporter à la forme ce qui lui manque. » 1 Ces différentes définitions de l’anaphore montrent qu’il s’agit d’un terme qui n’est pas autonome sur le plan référentiel et qui a besoin pour être interprété d’un autre terme mentionné dans le cotexte antérieur.
La question qui se pose à ce stade de notre description de l’anaphore associative et notamment de la notion d’antécédent est la suivante: Si la mention de l’antécédent satisfait les exigences de complétude référentielle induite par le SN défini associatif, permet-elle d’évincer des sites associatifs les anaphoriques dont l’antécédent n’est pas mentionné textuellement ? 1CORBLIN, 1985:191. 40 Les exemples qui ont été proposés par Kleiber où l’antécédent n’est pas textuel sont les suivants :
A Boston, ils roulent comme des fous 1 La construction du référent les Bostoniens résulte, selon ce linguiste, de deux procédures cognitives distinctes : La première tient à la valeur sémantique du ils collectif, qui instruit de référer à la totalité des membres humains, non actuels, d’un groupe spécifique. La seconde tient à l’élément restricteur à Boston qui permet la récupération nécessaire de l’ensemble restreint et spécifié.
La mention d’un « ensemble » dans le cotexte conduit à instituer des rapports inférentiels réversibles, comme, entre autres, la relation « d’un tout à ses ingrédients » dans : (…) A New-York, ceux –ci (=Les croisements) sont dégagés. Est-ce à dire que là-bas, ils sont meilleurs que nous. ou encore la relation qui unit une classe à ses individus comme dans l’exemple,
Le témoignage d’un sapeur-pompier nous a assurés qu’ils ont donné tous les moyens possibles.2 où le pronom illustre classiquement les emplois génériques textuels indirects et se trouve assujetti à des contraintes qui selon Kleiber ne sont pas celles de l’anaphore associative. 1. Repérage de l’antécédent dans l’anaphore associative méronymique
Si l’opération du repérage de l’antécédent est incontournable pour l’interprétation des anaphores d’une manière générale, elle ne l’est pas moins lorsqu’il s’agit d’anaphore associative. Ainsi, la question qui s’avère essentielle dans le cadre de cette étude est la suivante : Comment reconnaitre l’antécédent dans une anaphore associative méronymique?
Kleiber a répondu à la question du repérage de l’antécédent dans le cadre des anaphores en général, c’est –à dire aussi bien dans le cadre des anaphores coréférentielles que dans le cadre de celles qui ne le sont pas. La reconnaissance de l’antécédent se fait selon le contexte syntaxique, le contexte sémantique et selon la place de l’antécédent par rapport à l’anaphorique.
Le contexte syntaxique
Il s’agit de l’un des facteurs qui permet de localiser l’expression-source. En effet, le cadre le plus propice pour l’apparition des configurations associatives est le cadre interphrastique que Kleiber décrit comme suit : « L’élément source est instancié dans une P1 et l’anaphorique dans une P2, qui suit en général immédiatement la première proposition. »
Pour ce qui concerne la portée intra-ou interphrastique de la relation associative, deux types de manifestations linguistiques contradictoires sont en cause : 1- Les configurations associatives où les éléments source et cible se trouvent sur un même site syntaxique, tel est le cas de la première phrase de ce doublon proposé par M.Charolles. Un homme entra, le visage menaçant VS ? Un homme entra. L e visage était menaçant. 2- Des configurations qui ne s’expriment convenablement qu’au sein d’un cadre intra phrastique.