Généralités
Le décrochage scolaire n’est pas un phénomène nouveau. Déjà, dans les années 70, le sociologue Pierre Bourdieu avait étudié cette thématique fondamentale (on parlait alors de «déscolarisation») . C’est pour ainsi dire que ce n’est pas une préoccupation récente de la société mais bien au contraire, l’un des grands paradigmes du domaine de l’éducation. La crise socio-économique mondiale a engendré de nombreux problèmes dans plusieurs pays, y compris le décrochage scolaire. Madagascar n’en a pas été épargné. Les premières victimes des crises, notamment de la crise sociale, sont dorénavant les enfants, les jeunes et les familles vulnérables.
Depuis la crise de 2009 jusqu’à ce jour (mi – 2015), la misère s’accroît de jour en jour. Cette crise a occasionné des retombées dévastatrices sur le plan socio-économique. Les premières estimations indiquent que de 2008 à 2013, la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté (qui était déjà élevée avant la crise) a sans doute augmenté de plus de 10 points en pourcentage.
Aujourd’hui, plus de 92% de la population vivent avec moins de 2 dollars Parité de Pouvoir d’Achat par jour, ce qui fait de Madagascar l’un des pays les plus pauvres au monde . En dépit de l’aide liée à la crise dans les secteurs sociaux, selon les estimations, le nombre d’enfants non scolarisés a peut-être augmenté de plus de 600.000.
La malnutrition aiguë des enfants reste un problème critique. Dans certaines zones, elle a augmenté de plus de 50% . De nombreux centres de soins de santé ont été fermés et les parents pauvres ont dû assumer une lourde part du coût de scolarisation de leurs enfants en raison de la défaillance du financement étatique. Cette évolution hypothèque le bienêtre des générations futures. À ce rythme, Madagascar ne sera pas en mesure d’atteindre la plupart des Objectifs du Millénaire pour le Développement d’ici fin 2015, même ceux qui avaient été jugés, avant la crise, potentiellement réalisables tels que la réduction de la mortalité infantile, l’augmentation du taux net de scolarisation et d’achèvement dans le primaire, ainsi que l’élimination de l’extrême pauvreté . Il y a lieu de souligner que plus de la moitié de la population malgache à moins de 18 ans.
Sur le plan économique, environ 400 000 emplois ont été détruits, engendrant en conséquence, des groupes vulnérables. Cette situation aggrave encore plus le phénomène de la pauvreté. La plupart de ceux qui ont perdu leur emploi ont encore des enfants mineurs. Ce qui expose ces derniers au phénomène de décrochage scolaire car les parents ne disposent pas des moyens pour ce faire.
La Commune Urbaine d’Antananarivo, la zone d’études de la présente contribution, est constituée d’une population jeune de l’ordre de 85 % incluant un nombre important d’enfants et de jeunes filles en décrochage scolaire dont les parents n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins en scolarisation. Les filles particulièrement, sont livrées à elles-mêmes. Elles errent inconsciemment dans les rues de la capitale connues par leur vulnérabilité. Pour trouver une certaine sécurité, elles se laissent piéger par des garçons qui leur font miroiter une vie meilleure. Face à cette réalité, de nombreux organismes comme le Centre « FIHAVANANA » , l’ONG TSIRY, le Centre Social du Ministère de la Population et des Affaires Sociales (CSMINPOPAS) , l’Association Aide aux Femmes et Filles en Détresse (AFFD) ont fondé des structures pour les jeunes afin de les orienter vers la vie professionnelle qui leur convient et, par la suite, en vue de leur permettre de découvrir aussi le monde du travail et d’obtenir ainsi une formation qui les aiderait, plus facilement, à trouver un travail.
Cadre général du Centre
Historique du Centre « Fihavanana »
Le Centre « Fihavanana » est un Centre Social fondé par des Sœurs missionnaires de la Congrégation des Sœurs Notre Dame de Charité du Bon Pasteur en 1986. A l’origine, elles étaient touchées par la misère des peuples dans les bas quartiers, surtout en voyant les femmes seules avec leurs enfants (mères célibataires, femmes abandonnées par les conjoints, femmes victimes de violence domestique) qui n’ont pas de travail et qui n’ont rien à mettre sous les dents. Elles étaient frappées aussi en voyant les enfants qui trainent et errent dans les rues. En 1999, les Sœurs ont remarqué des jeunes filles qui erraient dans la rue et qui ne pouvaient pas continuer leurs études, à cause du manque de moyens économiques de leurs parents, de la séparation ou rupture des liens parentaux. Cette situation les a interpellées à faire quelque chose pour les femmes, les enfants et pour les filles, afin qu’elles retrouvent leur dignité et le goût de la réinsertion sociale et professionnelle. C’est pour cette raison qu’elles ont fondé ce Centre « Fihavanana » à Mahamasina en 1991.
Situation géographique
Le Centre « Fihavanana » se trouve dans le Fokontany de Tsimialonjafy, Commune Urbaine d’Antananarivo, IVème Arrondissement. Il est situé à Mahamasina, dans la cour de la paroisse Saint Joseph. Il est en plein cœur d’Antananarivo, la capitale de Madagascar, dans un quartier où vivent de nombreux pauvres que l’on appelle les « habitants de bas quartier » comme : Anosy, Anosibe, 67ha, Ambohijatovo, Anosizato, Paraky, Isotry, Andavamamba, Atoho madinika, Anatihazo, Maharoa.etc. Le Centre « Fihavanana » est limité : au Nord par l’ancien Ministère des Finances et du Budget du IVe arrondissement, à l’Est par l’Ecole « Peter Pan » et la rue 416 vers la Cathédrale d’Andohalo, au Sud par la Gastro Pizza et à l’Ouest par le Stade Municipal et le Collège Sainte Famille.
Critères d’accueil au Centre
Pour les femmes
– les femmes seules avec leurs enfants ;
– les femmes à problèmes qui veulent faire l’effort de se remettre debout et de prendre en main leur vie avec l’aide offerte par le Centre ;
– les femmes victimes de violences domestiques ou sexuelles ;
– et les veuves.
Pour les enfants du Préscolaire et rattrapage scolaire
– Agés de 5 ans pour le préscolaire ;
– 6 à 13 ans pour le rattrapage scolaire ;
– Viennent des familles pauvres dans les bas quartiers ;
– Enfants des rues ;
– Enfants déscolarisés ;
– Une participation de 1000 Ariary par an.
Pour les jeunes filles
– Agées de 14 à 18 ans, prêtes à être formées et à suivre la discipline du Centre;
– Jeunes prêtes à prendre en main leur vie ;
– Avoir au moins le niveau CEPE ;
– Viennent des familles vulnérables, très pauvres ;
– Viennent des bas quartiers, dans le Fokontany du IVème Arrondissement ;
– Pas de discrimination religieuse ;
– Participation de 3000 Ariary par mois ;
– Droit d’inscription de 3000 Ariary par jeune fille.
INTRODUCTION GENERALE |