Régulation naturelle des populations de la mineuse de l’épi de mil, Heliocheilus albipunctella dans le bassin arachidier

Régulation naturelle des populations de la mineuse
de l’épi de mil, Heliocheilus albipunctella dans le
bassin arachidier

Méthodes de lutte

 Lutte chimique 

Au Sénégal, les paysans n’utilisent aucun insecticide pour lutter contre la mineuse de l’épi de mil, du fait du coût et de la difficulté d’application en culture traditionnelle à cause de la hauteur des plants et de leur écartement (Vercambre, 1978; Guevremont, 1983). Larve stade L1 Larve stade L2 Larve stade L3 Larve stade L4 Chrysalides Accouplement des adultes Ponte Œuf Diapause 

 Contrôle cultural 

Certaines pratiques incluant la manipulation des dates de semis et le labour profond sont préconisées pour réduire les infestations. Malgré son efficacité dans la réduction des populations résiduelles ; le labour est d’application difficile en raison du sous-équipement des agriculteurs, du calendrier cultural étriqué et de la faible structure des sols (Payne et. al., 2011).

Lutte biologique

 La lutte biologique consiste à réduire la densité de la population d’un ravageur en utilisant des prédateurs, des parasitoïdes ou micro-organismes pathogènes. Ces organismes peuvent être indigènes, ou exotiques, auquel cas les organismes sont volontairement introduits dans le milieu (Eilenberg et. al., 2001). La lutte biologique par conservation se définit comme une pratique qui s’appuie sur la modification de l’environnement ou des pratiques existantes pour favoriser l’impact des ennemis naturels (dits auxiliaires) sur des organismes phytophages des plantes cultivées, afin d’en réduire leurs dégâts (Gurr et. al., 2000). La lutte biologique par conservation se base sur la modification des pratiques agricoles et l’aménagement des habitats pour favoriser le développement des ennemis naturels qui sont déjà présents dans l’écosystème (Kruess et Tscharntke, 2002). Néanmoins, le lien entre la présence d’ennemis naturels et la lutte contre les ravageurs n’est pas automatique et implique certains processus écologiques, parfois complexes. Ces ennemis naturels doivent être présents dans les habitats cultivés, ou être facilement recrutés à proximité, ou être aptes à coloniser les habitats cultivés depuis une plus longue distance (Steffan-Dewenter et Tscharntke, 2000). Plusieurs études montrent que la régulation naturelle des ravageurs est influencée par la structure du paysage, en particulier par la présence d’habitats naturels adjacents aux parcelles cultivées (Bianchi et. al., 2006a, b, c). La fragmentation des habitats semi-naturels à l’échelle du paysage, résultant de l’emprise agricole, réduit de manière considérable les populations d’ennemis naturels, entrainant ainsi une réduction du contrôle biologique des ravageurs (Kruess et Tscharntke, 2002). Pour les cultures annuelles, de petites zones non cultivées peuvent faciliter le déplacement rapide des ennemis naturels vers la culture (Bianchi et. al., 2006a, b, c). En conséquence, le contrôle effectué par les ennemis naturels est plus accentué là où il y a une grande connectivité avec l’habitat non cultivé. Par exemple, en Amérique centrale, une mosaïque d’habitats naturels peut soutenir une vaste communauté d’ennemis naturels dans la production de maïs à petite échelle (Wyckhuys et O’Neil, 2007). 

 Ennemis naturels de la MEM : les prédateurs 

La mortalité des proies est une conséquence directe de l’alimentation par les prédateurs ; elle peut être déterminée à l’aide d’une variété de méthodes, d’études dans des arènes de la taille d’une boîte de Pétri (peut-être la moins informative), et d’ observations au champ avec l’utilisation de cages permettant de restreindre les mouvements des prédateurs et des proies (Fiedler et Landis, 2007) ou encore par des examens sérologiques ou des techniques moléculaires qui détectent les proies dans les intestins des prédateurs (Furlong et. al., 2014; Pompanon et. al., 2012). Parmi les prédateurs cités dans le tableau I, la guêpe Ammophila sp (Sphecidae), qui remplit son nid de larves d’ H. albipunctella est la plus importante. En 1996, les études de Sarr dans une parcelle de mil à l’ISRA de Nioro du Rip, révèlent une fraction de perte des œufs située entre 49 et 72%, avec un taux global de 51% résultant de la prédation par des Coccinellidae, Sphecidae et Reduviidae. Verania striata (Coccinellidae) et Orius sp (Anthocoridae) sont des prédateurs dont les rôles sont importants dans la prédation des œufs (Sarr, 1996). Tableau I. Classification des principaux invertébrés ennemis naturels, prédateurs d’ H. albipunctella recensés (d’après Guevremont, 1983; Bhatnagar, 1986 ; Gahukar, 1984, 1989, 1990) Stades Ordres Familles Genres Espèces Œufs Coléoptères Coccinellidae Verania striata Declivata hamata Hétéroptères Anthocoridae Orius sp Larves Coléoptères Carabidae Graphypterus obsoletus Pheropsephus sp Chlanius dusaultii boisduvalii Dermaptères Forficulidae Forficula senegalensis Hétéroptères Reduviidae Ectomocoris sp Katanga etiennei Hyménoptères Sphecidae Ammophila sp .

Régulation naturelle des insectes ravageurs

 Définition et processus 

Très controversé, le terme de régulation naturelle des populations n’admet pas une définition consensuelle acceptée par l’ensemble de la communauté scientifique. C’est ainsi que, Berryman (2004) donne une définition formelle du terme basée sur un rétrocontrôle négatif nécessaire à la régulation d’une variable dynamique. Le rétrocontrôle négatif se produit à chaque fois que le changement de taux d’une variable est inversement proportionnel à ses états actuels ou passés. Les rétrocontrôles négatifs surviennent lorsqu’un facteur, ou une série de facteurs, augmente leur impact négatif sur la reproduction et la survie des individus en réponse à l’augmentation de la densité de la population. Les interactions entre les bioagresseurs et leurs plantes hôtes, les prédateurs, les parasites et les agents pathogènes peuvent tous être impliquées dans un rétrocontrôle négatif. Les facteurs exogènes tels que le climat (température, précipitations, ensoleillement, humidité de l’air, vitesse des vents), le sol, ne sont pas considérés comme faisant partie du processus de régulation naturelle parce qu’ils ne changent pas en réponse à la densité de la population. Cependant, ils jouent un rôle critique dans la détermination du niveau auquel la régulation de la population se produit. Cette distinction importante peut être illustrée par analogie: la température d’une pièce est régulée par un rétrocontrôle négatif entre un thermostat et des dispositifs de chauffage ou de refroidissement, mais le niveau auquel la température est réglementée est défini par un opérateur externe qui n’est pas un composant intégral du système de rétrocontrôle (Berryman et. al., 1987). La régulation de la densité des populations par rétrocontrôle négatif nécessite que les forces affectant les taux de naissance, de mort ou de mouvement des organismes répondent directement à la densité de la population. En raison de la différence fondamentale dans la façon dont les divers facteurs opèrent pour réguler la densité de la population, deux ensembles de variables de base sont habituellement reconnus: des variables dépendantes de la densité de la population faisant partie des processus de rétrocontrôles négatifs, et des variables indépendantes de la densité de la population qui définissent le cadre dans lequel les processus de rétrocontrôle fonctionnent et affectent le niveau de la population régulée (Berryman et. al., 1987). En fait, l’augmentation de la population d’insectes entraîne l’exposition de plus d’individus à des températures chaudes ou froides, où un prédateur ou parasite peut y provoquer des mortalités assez élevées. Cette même augmentation de la densité de la population réduit la part de nourriture pour chaque individu entrainant ainsi une diminution de la fécondité et de la survie. La compétition intraspécifique pour la nourriture devient accrue dans ce cas (Berryman et Brown, 1981; Fretwell, 1972; Huffaker, 1958; Royama, 1977). De surcroit, il parait important de noter qu’ une continuité du développement assurant une meilleure coïncidence spatio- 9 temporelle entre ravageurs et auxiliaires n’est possible que si la diversité végétale offre toutes les ressources à ces derniers (Berryman, 2004).

Table des matières

Introduction
CHAPITRE I. Synthèse Bibliographique
I.1. Présentation du mil
I.1.1. Importance
I.1.2. Ecologie
I.1.3. Cycle de développement
I.1.4. Contraintes à la production
I.2. Presentation de la mineuse de l’épi de mil (MEM)
I.2.1. Bio-écologie
I.2.2. Méthodes de lutte
I.3. Ennemis naturels de la MEM : les prédateurs
I.4. Régulation naturelle des insectes ravageurs
I.4.1 Définition et processus
I.4.2. Facteurs biotiques : cas des prédateurs vertébrés (oiseaux et chauves-souris)
I.4.3. Facteurs abiotiques
CHAPITRE II. Matériel et Méthodes
II.1. Présentation de la zone d’étude
II.2. Sélection des parcelles
II.3. Observations
II.3.1. Incidence de la MEM
II.3.2. Régulation naturelle
II.3.3. Oiseaux et chauves-souris
II.3.4. Collecte de crottes d’oiseaux et de chauves-souris
II.4. Effet de la pluie sur les œufs et les larves de la MEM
II.5. Analyses statistiques
CHAPITRE III. Résultats et Discussion
III.1. Résultats
III.1.1. Inventaire des vertébrés insectivore
III.1.2. Infestation des épis en œufs
III.1.3. Dégâts occasionnés par la MEM
III.1.4. Régulation naturelle
III.1.5. Impact de la pluie sur les larves de la MEM
III.2. Discussion
Conclusion, recommandations et perspectives
Références
 Bibliographiques
 Rapports
Annexes

 

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