Régime hydrologique du fleuve Sénégal
INTRODUCTION
La sécheresse des années 1970 a eu des conséquences néfastes sur le régime hydrologique du fleuve Sénégal. En effet le fleuve a cessé de couler en 1984 pendant la période d’étiage. Alors pour faire face à cette précarité des ressources en eau de surface qui joue un rôle prépondérant dans le développement de l’irrigation, des aménagements ont été réalisés sur les cours d’eau du fleuve Sénégal. Le barrage de Diama qui a pour vocation de stopper l’avancée de la mer à l’intérieur du continent est construit dans le delta du fleuve Sénégal à 26 km en amont de la ville de Saint Louis. Ce barrage a été mis en service en 1986 et dispose en amont d’un grand réservoir d’eau douce destiné essentiellement à l’irrigation. Ce barrage en dehors de cet intérêt a fortement modifié le processus naturel de la recharge de la nappe et le régime naturel du fleuve. Avant 1964, les seules zones de recharge de la nappe alluviale étaient des dépressions naturelles se remplissant en hivernage, les marigots et les cours d’eau. Actuellement, l’homme a modifié ces zones de recharge de la nappe par l’endiguement du fleuve Sénégal supprimant ainsi ces zones de recharges naturelles, par l’aménagement des terres ajoutant ou modifiant des zones de recharge et par le relèvement des niveaux des eaux de surface (SAED/DPDR 1998). Face à ces modifications d’origine anthropique (avec l’avènement des infrastructures et la mise en valeur des terres agricoles) et naturels liées aux changements climatiques, il est nécessaire et intéressant d’étudier le fonctionnement hydrodynamique de la nappe face à ces multiples contraintes. L’objectifs de l’étude vise à déterminer les mécanismes d’interactions qui existent entre la nappe et la rivière mais aussi d’évaluer l’impact potentiel des ouvrages sur la piézométrie de la nappe. Pour cela, la première partie du document est consacrée à la présentation de la zone d’étude et la deuxième partie à l’évaluation de l’impact de ces différentes sources sur le fonctionnement de la nappe alluviale.
Cadre physique et contexte climatique
-Localisation de la zone d’étude Le delta du fleuve Sénégal qui s’étend de Dagana à l’embouchure au Sud de Saint Louis, constitue une entité géographique de forme triangulaire (Cissé, 2011). Il est limité au Nord par le fleuve Sénégal, à l’Ouest par l’océan Atlantique, à l’Est par le Ferlo et au Sud par la latitude 15°45 Nord (Ngom, 2013). Selon ce dernier, par sa position géographique il est situé entre les latitudes 14°4 et 16°50 Nord et les longitudes 15°30 et 16°30 Ouest. Il couvre une superficie d’environ de 4343 Km2 (figure1). Figure 1 : Carte de localisation du delta du fleuve Sénégal (d’après Ngom et al, 2008)
Contexte climatique
Le climat du DFS est marqué par ailleurs et dans le temps par une distinction saisonnière très nette. Dans le littoral, le climat est de type subcanarien. A l’intérieur, il est de type sahélien avec de grandes amplitudes thermiques. D’après (Gueye, 2018), la circulation de façon alternative de trois masses d’air (la mousson, les alizés maritimes et continentaux) permet de définir deux saisons nettement tranchées : une saison sèche (de novembre à mai) et une saison humide (de juin à octobre). De manière générale, la pluviométrie du Sénégal diminue du Sud vers le Nord, causée par l’approche de la zone saharienne. Le delta du fleuve Sénégal situé dans le domaine climatique nord sahélien a une pluviométrie relativement faible environ 300 mm/an. Les données climatiques utilisées ont été tirées de la base de données de l’Agence National de l’Aviation Civil et de la Météorologie (ANACIM) et concernent la station de Saint Louis. Elles portent sur : La pluviométrie La figure 2 représente l’évolution mensuelle des précipitations de 1987 à 2018. Cette figure montre que la saison des pluies débute au mois de juin et se termine au mois d’octobre, le reste de l’année étant sèche. L’alternance entre les deux saisons est due aux mouvements du front intertropical (FIT) qui dès le mois de juin, sous l’effet de la dépression continentale centrée sur le Sahara, migre vers le nord et permet l’installation du flux de Mousson issu de l’anticyclone de Saint Hélène. La remontée maximale du FIT vers le nord se produit au mois d’août (Olivry et al, 1987 in Gning, 2015), ce qui correspond à la période de précipitation maximale dans la région. Les mois d’août et septembre sont les mois les plus pluvieux et enregistrent 70% des précipitations. Au cours de la saison sèche, des pluies hors saison communément appelées Heug sont enregistrées. Selon (Cissé, 2011), ces précipitations sont dues à des invasions épisodiques d’airs froids issus des régions tempérées. Page 4 Figure 2: Précipitations moyennes mensuelles à la station de Saint Louis (1987 à 2018) Cette zone est marquée par une variation interannuelle de la pluviométrie. Le maximum de précipitation est enregistré en 2010 avec une moyenne de 593.6 mm tandis que le minimum est noté en 1992 avec une moyenne de 58.6 mm (figure 3). Figure 3: Précipitations moyennes annuelles à la station de Saint Louis (1987 à 2018) La température La figure 4 représente les variations moyennes mensuelles de la température à la station de Saint Louis de 1987 à 2016. Elle montre de faibles variations de la température au cours de l’année avec des maxima de 29.11°C pendant la période hivernale au mois de septembre et des minima de 23.54 °C enregistrés en période sèche au mois de janvier. Selon Diaw (2008), ces températures sont adoucies par l’influence océanique et la fraicheur des alizés maritimes dans les régions côtières. Figure 4: Températures moyennes mensuelles à la station de Saint Louis (1987 à 2016) L’évaporation Les phénomènes d’évaporation jouent un rôle significatif dans l’hydrologie du delta, du fait de la disponibilité des ressources en eau de surface, mais également de l’existence d’une nappe subaffleurante (Ngom, 2013). Les données utilisées sont issues d’un évaporomètre Piche. Ces données montrent une évaporation importante pendant la saison sèche. Le maximum est atteint entre Novembre et Mars. Durant cette période (novembre à mars), la quasi-totalité du delta se trouve sous l’influence des vents continentaux, chauds et secs dont la dynamique est facilitée par l’absence d’obstacles montagneux (le delta est plat) et de brise-vent (arbres, etc.), (Cissé, 2003 in Cissé 2011). Les valeurs élevées de l’évaporation enregistrées en cette période de l’année peuvent être expliquées par l’augmentation du déficit de saturation de l’air dû à l’ensoleillement et les températures importantes. Elle diminue pendant la saison des pluies pour atteindre son minimum entre les mois d’août et septembre (figure 5).