Regards croisés sur l’éducation et la réinsertion des filles
Présentation générale du système éducatif
Suisse: La Suisse est constituée par 26 cantons . Chaque canton possède sa propre organisation dans le domaine de l‟éducation. L‟élaboration du programme scolaire, connu sous le nom de plan d‟étude, et la scolarisation des élèves sont à la charge du canton tout en respectant les grandes lignes définies par la convention inter cantonale. Il existe deux niveaux en général : le degré primaire, le degré secondaire et le gymnase. Le degré primaire dure 8ans reparti en deux cycles : premier cycle primaire et deuxième cycle primaire. Ces deux cycles s‟étalent respectivement sur quatre ans, puis le degré secondaire dure encore 4 années. Les enfants commencent leur scolarité à l‟âge de cinq ans. Après 12 ans d‟étude, après avoir décroché l‟examen final, qui marque la fin du parcours scolaire obligatoire, l‟élève passe au gymnase qui s‟étale également sur trois ans. II. Scolarisation gratuite et obligatoire En Suisse, l‟éducation est à la charge de l‟Etat et elle est obligatoire. L‟Etat organise l‟éducation de sorte que tous les enfants soient égaux et aient les mêmes chances. Ainsi, ils distribuent des manuels scolaires adaptés à chaque niveau (cahiers, livres,…). Cette initiative de l‟Etat suisse montre bien l‟écart qu‟il y a entre nos deux pays. A Madagascar, il y aussi des distributions de kits scolaires au niveau primaire mais ils proviennent des aides que notre pays reçoit. Mais en Suisse, il faut dire qu‟on ne rencontre pas le problème de la jeunesse de la population et que les parents suisses n‟ont pas autant d‟enfants qu‟ici. De plus, les impôts qu‟ils paient peuvent largement couvrir ces frais. Donc si l‟Etat peut se charger de la scolarisation de tous les enfants suisses c‟est qu‟il peut se le permettre. 50 III. Un système éducatif sélectif : Le système éducatif Suisse se veut sélectif et exigeant. Dès la 8ème année d‟étude, les élèves sont classés selon leur niveau en deux classes : la classe VP et la classe VG. Les élèves les plus doués sont placés dans les classes VP où ils se préparent pour rentrer au gymnase (équivalent du lycée) tandis que les élèves qu‟ils disent « manuels » sont envoyés dans les classes VG où ils continuent leur scolarisation obligatoire, ils feront des apprentissages de métiers après. Seul le tiers des élèves qui ont eu les meilleurs résultats passent dans les classes VP. Mais là encore, ce ne sont pas tous les élèves des classes VP qui iront au gymnase. Les élèves passent un examen final. La note qu‟ils obtiennent lors de cet examen s‟additionne à leurs notes journalières ce qui leur donne leur note définitive. Ils seront notés sur six (06) et ils doivent obtenir la « moyenne » dans toutes les matières soit un minimum de quatre (04) points au risque d‟être recalés. S‟ils n‟obtiennent pas cette moyenne de quatre sur six, ils peuvent redoubler la classe afin d‟obtenir la moyenne pour passer au gymnase. Mais une fois que les élèves savent qu‟ils ont déjà la note requise, certains deviennent des perturbateurs en classe. Mais à la fin de l‟année scolaire, les enseignants peuvent donner un demi-point à un élève qu‟ils jugent méritant si c‟est le point qui lui manque pour rentrer au gymnase. Les élèves qui n‟iront pas au gymnase iront en apprentissage vers d‟autres institutions spécialisées tel que l‟OPTI et l‟UTT. Chez nous, à Madagascar, le sélection se fait au niveau de l‟entrée dans les établissements publics, pour passer du primaire au collège puis du collège au lycée, où les places sont limitées et les élèves doivent passer des concours. Mais comme nous l‟avons vu plus tôt, bien des enfants quittent le banc de l‟école avant même de passer ces concours. Selon, des parents suisses à qui nous avons parlé, ils ne considèrent pas que les enfants qui vont en apprentissage d‟un métier soient plus défavorisés que ceux qui vont au gymnase et feront des études universitaires et qui après ne trouveront peut-être pas d‟emploi. Ce qui n‟est pas de l‟avis de ces enfants qui se considèrent plutôt comme des rejets de la société. Si nous faisons un calcul simple une moyenne de passage de quatre sur six (4/6) suisse correspondrait à une note de treize virgule trente-trois sur vingt à Madagascar (13,33/20) soit 51 à une mention assez-bien. Ce qui reviendrait à relever le taux d‟échec et d‟abandon scolaire à Madagascar. Cette culture de l‟excellence ne prenant que le tiers d‟une classe et complète à l‟opposé de ce que nous voulons instaurer à Madagascar : une éducation pour tous et le zéro redoublement. D‟ailleurs, l‟Etat malgache avait même pensé à réintroduire les enfants qui avaient déjà décroché l‟école pour la rentrée 2014-2015.
Une sélection en faveur des filles
Ce classement très tôt des élèves (dès l‟âge de 13ans) favoriserait plus les filles car à ce qu‟il parait les filles s‟éveilleraient plus tôt que les garçons. En effet, lors de nos observations de deux classes de 9ème à l‟Etablissement Primaire et Secondaire C.F. Ramuz dont l‟une était une classe VP et l‟autre VG, nous avons constaté que pour la classe de 9ème VG qui comptait 15élèves à son effectif il n‟y avait que 6 filles tandis que pour la 9ème VP avec 22 élèves, elle comptait 13 filles soit plus de la moitié de son effectif à ses rangs. Dans la classe VP, les filles étaient plus actives que les garçons qui n‟ont jamais levé la main pour répondre aux questions de l‟enseignant. A Madagascar, une sélection se fait au niveau de l‟entrée en classe de première au lycée, bien que les élèves soient libres de leur choix, certains iront dans les classes scientifiques et d‟autres dans les classes littéraires selon leurs notes. Lors de ces observations de classe, nous avons vu une certaine analogie entre ces classes VP et VG en Suisse et les classes scientifiques et littéraires au lycée de notre pays. Ici, nous n‟insinuons pas que les élèves des classes littéraires soient des classes des élèves « manuels » et que les classes scientifiques soient des classes pour les enfants brillants mais cette ressemblance au niveau de l‟enseignement des matières scientifiques. Dans la classe de 9ème VP, lors de la correction d‟un exercice de mathématiques, l‟enseignant n‟avait même pas à écrire au tableau que les élèves anticipaient et comprenaient déjà les réponses tandis que dans la classe VG l‟enseignant devait réexpliquer plusieurs fois et finir par inviter les élèves à regarder leur leçon pour finir un exercice. Toutefois, dans les classes scientifiques de nos lycées, il y a plus de garçons que de filles par rapport aux classes littéraires. Notons aussi que les élèves des classes VP ne sont exclusivement des scientifiques et ceux des classes VG ne sont pas forcément des littéraires