Réformes et mutations économiques en Algérie depuis 1962
Les réformes économiques avant 1988 : Dés l’indépendance, l’Etat Algérien formait le produit de conflits sociaux, économiques, politiques, culturels du fait de la colonisation ou la libération nationale ajoutons à cela le sous développement. A cette période là, tout devait se reconstruire à nouveau ; le tissu social, culturel, économique, politique. En effet c’est à l’Etat que cette charge devait être le plus vite possible assumée.
L’économie otage de l’état
L’économie Algérienne a été entre 1962-1990 une économie centralement planifiée ou l’Etat intervenait dans la production et la régulation des activités économiques (agriculture et industrie, exercer son monopole sur le commerce extérieur, le système financier, monétaire et enfin la fiscalité,…) (A. Henni ; 2009)1 à travers la mise en place d’un ensemble de réformes ayant pour but la réalisation d’une croissance soutenue et d’un développement. Cet interventionnisme étatique qui était influencé par le modèle Keynésien et l’expérience soviétique était jugé comme étant primordial et comme le moyen le plus sure et moins couteux socialement et politiquement pour accélérer le processus d’accumulation et d’industrialisation (A. Dahmani, 1999) 2 de la société Algérienne qui était affaiblie, voire même totalement déstructurée du fait de la colonisation. (B.Chavance, A.Dahmani ; 1999 ; p16). Cet état devait guérir tous les maux, effacer toutes les frustrations causées par l’Etat colonial, satisfaire tous les besoins et promouvoir l’égalité entre les citoyens. Les Algériens dans leur grande majorité appelaient à cette période là, à un « EtatProvidence » qui pouvait leur faire oublier la domination et l’exploitation passées, supprimer les inégalités et éliminer les injustices. La dignité devait être à tout prix garantie et le bien-être assuré pour tous. Tous les biens et les services dont les Algériens ont été dépossédés: terre, travail, logement, santé, culture, savoir, pouvoir politique, etc., le nouvel Etat indépendant se devait de les leur procurer le plus vite possible. Pour cela, l’Etat Algérien procède à un ensemble de mesures en débutant avec les opérations de nationalisation des entreprises étrangères (françaises) entre 1966-1969 et de l’économie (les hydrocarbures le 24 février 1971, le système bancaire…) mais aussi améliorer les échanges commerciaux. Dans le cadre de cette politique planifiée, les entreprises publiques ont vu le jour pour réaliser les grands projets d’infrastructure1 . Le trésor public finançait les investissements de ces sociétés sous forme de prêt à moyen et long terme. 1) La période de la mise en œuvre du monopole de l’état sur le commerce extérieur : Dès 1963, l’Algérie opte pour le protectionnisme en augmentant les barrières tarifaires et en contrôlant les échanges, mais cette tendance s’est renforcée vers la fin des années 1970 avec la confirmation de l’étatisation du commerce extérieur en 1978 par la loi78-02 qui renforce le principe de l’interventionnisme étatique sur les échanges extérieurs. Le contexte règlementaire (1963-1988) : 1-1)-l’organisation des importations : Depuis l’indépendance de l’Algérie, les pouvoirs publics accordent une importance cruciale au commerce extérieur qui a contribué pendant très longtemps au sous développement de l’économie du fait de la colonisation, de sa structure des échanges2 qui se composait essentiellement de l’exportation des produits bruts (surtout agricoles) et l’importation des biens manufacturés et de consommation, et finalement du déficit de la balance commerciale et l’orientation de 80% des échanges commerciaux principalement vers la France.3 Pour y remédier à cette situation de sous développement, l’Algérie a cherché à donner à son économie une base saine bâtit sur de nouvelles structures, et a commencé à cet effet par instaurer un système de contrôle sur toutes les opérations du commerce extérieur et organiser ses échanges commerciaux dans un cadre national. L’Etat algérien a commencé d’abord par mettre en place des offices publics comme l’O.N.A.C.O qui a été crée le 13 décembre 1962 (l’office national de commercialisation du marché en produits de grande consommation : café, sucre, beurre, thé…etc.), c’était un 1Yasmine Boudjenah , ouvrage « Algérie : décomposition d’une industrie : la restructuration des entreprises ,1980-2000 : l’état en question »,organisme public qui avait le monopole sur les exportations et les importations ; puis l’Etat s’est tourné vers la création des groupements professionnels d’achat qui rassemblaient à la fois l’état et des importateurs privés constituant des sociétés à capital public. Ces groupements avaient pour fonction d’élaborer les programmes d’importation et de répartir ces importations entre leurs membres. Finalement, dans le cadre des programmes de développement, de nombreuses entreprises publiques nationale ont été crées à partir de 1966 qui devaient se charger de l’importation et de l’exportation des produits alimentaires, matériaux de construction,… tout en restant sous le contrôle du ministère du commerce.
Le programme général d’importation (PGI)
Une phase libérale avant d’instaurer le monopole de l’état : En janvier 1974, le commerce extérieur est entré dans une phase d’organisation à travers l’instauration des programmes dits : « Programme Général d’Importation » 1 (P.G.I), introduit par le décret n° 74/12 du 30 janvier 1974. Le texte relatif au Programme Général d’Importation prévoit les régimes d’importation ci-après : – Les marchandises libres à l’importation. – Les produits contingentés. (limités) – Et finalement, les marchandises importées dans le cadre d’une autorisation globale d’importation (AGI) 2 seront délivrées annuellement à des entreprises et organismes publics détenteurs de monopole à l’importation. Ces opérations du commerce extérieur étaient sévèrement réglementées et surveillées par l’administration publique.