Référents théoriques de l’acceptation des technologies une approche par les modèles
La thématique de l’acceptation des technologies a émergé de la littérature sur les AME destinés à des utilisateurs aînés. Dans ce chapitre, une étude théorique permettra d’appréhender le concept d’acceptation des technologies au travers de différentes approches complémentaires.
La complexité du concept d’acceptation sera mise en évidence, ainsi que son caractère situé. Plusieurs cadres théoriques vont permettre de définir l’acceptation technologique.
En effet, l’analyse de l’acceptation peut être réalisée auprès de futurs utilisateurs qui se projettent dans un possible usage d’une technologie, et auprès d’utilisateurs effectifs faisant l’expérience réelle de la technologie dans le cadre situé de leur activité.
Ainsi, l’acceptation d’une technologie est un processus qui se construit au fil du temps, d’une acceptabilité a priori à une acceptation située. La figure 3 propose une schématisation de ces différentes approches théoriques.
L’acceptabilité a priori, « avant » l’usage réel Les théories de l’acceptabilité sociale et pratique (pour revue des théories et modèles voir Pasquier, 2012) sont particulièrement mobilisées avant l’usage réel de la technologie pour interroger les conditions pratiques et sociales d’acceptation de la technologie.
L’acceptabilité sociale
L’acceptabilité sociale s’intéresse aux représentations de l’individu et à ses intentions d’utiliser ou non une future technologie. Une question posée dans ce cadre serait par exemple : « est-ce qu’a priori, cette technologie est acceptable au regard des normes sociales ou des représentations sociales des futurs utilisateurs ?
Selon Pasquier (2012, p.26-42), les modèles princeps du cadre théorique de l’acceptabilité sociale, comme le TAM (Technology Acceptance Model, fig.4) par exemple, ne présentent pas originellement de dimensions sociales7. Pour reprendre le cas du TAM développé par Davis et collègues en 1989, ce modèle se structure en quatre composantes fondamentales qui sont l’utilité perçue (U), la facilité d’utilisation perçue (EOU), l’intention comportementale (BI) et le comportement d’utilisation.
Ainsi, les caractéristiques de la technologie seraient évaluées a priori par les futurs utilisateurs. Leurs attitudes (A) seraient modulées par l’utilité ou la facilité d’usage du système qu’ils anticipent. Elles participeraient ainsi à la formation de leurs intentions d’utiliser la technologie, et par conséquent, se répercuteraient sur leur utilisation effective.
Pour enrichir ces modèles, trois types d’évolutions (ib., p.43-61) ont conduit à la prise en compte de facteurs sociaux dans l’étude de l’acceptabilité sociale. En référence notamment aux théories psychosociales de l’Action Raisonnée (TAR, développé par Fishbein et Ajzen en 1975 ; voir par exemple Ajzen, 1991) et du comportement planifié (TCP, développé par Azjen en 1991) (ib., p. 43-90) des évolutions des modèles de l’acceptabilité, sous des formes « composites », ont été proposées (Bobillier Chaumon, 2016, p.7).
Un premier type d’évolution a spécifié les composantes organisationnelles qui entrent en jeu dans la formation des intentions d’usage. Ces composantes renvoient aux niveaux intra-individuel, interpersonnel, statutaire et culturel du contexte social, parmi lesquels la dimension sociale apparaît en plusieurs endroits. Une seconde évolution s’exprime dans les modèles actualisés du TAM (TAM2 et TAM 3).
Selon Pasquier, la dimension sociale de l’acceptabilité est ici assimilée à un phénomène de conformisme social (Pasquier, 2012, p.61). Enfin, une troisième évolution aboutit à la combinaison de plusieurs modèles.
Le modèle UTAUT (Unified Theory of Acceptance and Use of Technology, fig.5) est une de ces combinaisons 7Pasquier investigue les modèles et définitions de l’acceptabilité selon Schakel, 1991 ; Nielsen, 1993 ; les normes ISO relatives à l’utilisabilité ; Goodhue et Thompson, 1995 (modèle d’ajustement à la tâche, TTF)