Réduction des facteurs antinutritionnels du
niébé par la germination ou le trempage
Description et exigences environnementales du niébé
Le niébé est une plante herbacée grimpante, rampante ou plus ou moins érigée. Ses gousses sont vertes avec une longueur qui peut varier de 15 à 25 cm et ont une forme parfois cylindrique et fine. Ses graines sont de couleurs variables. Habituellement, le nombre de graines par cosse peut varier de 8 à 20. Les graines sont relativement grandes (2 à 12 mm de long) et pèsent de 5 à 30 g / 100 graines (DAISAFF, 2011). Les feuilles sont alternes, trifoliolées, pétiolées. Le pétiole, de 5 à 20 cm de long, est cannelé sur le dessus, renflé à sa base et muni de petites stipelles (sortes de petites stipules que l’on rencontre à la base des folioles de feuilles composées). Les deux folioles opposées sont asymétriques tandis que la foliole centrale est symétrique de forme ovale ou rhomboïde, parfois lobée (http://www.mi-aime-a-ou.com/vigna_unguiculata.php). (a) (b) Figure 1 : graines(a) et gousses (b) de niébé Du point de vue agronomique, le niébé est bien adapté aux conditions climatiques et édaphiques de l’Afrique Subsaharienne. Il a un haut potentiel de fixation biologique de l’azote dans les aires de cultures traditionnelles dont les sols sont pauvres (faible teneur en matière organique) et a une tolérance aux hautes températures durant son stade végétatif (Cissé et Hall, 2001). Les technologies appliquées sur le niébé, dans le cas de la transformation améliorent la situation nutritionnelle et socio-économique des populations qui pratiquent sa culture. De ce fait, à l’image de l’arachide, il est souvent considéré comme une culture de rente. Sa richesse en protéines lui confère l’appellation de « viande de pauvre » . La récolte se développe bien dans une large gamme de textures 3 de sol, à partir d’argiles lourdes, si bien drainées, aux sables. Elle grandit mieux dans des sols qui sont légèrement acides mais aussi légèrement alcalins (pH 5,5- 8,3). Le niébé a peu de tolérance à la salinité, mais aussi il tolère peu les sols riches en aluminium. Comme la plupart des légumineuses, Il ne résiste pas aux conditions d’inondation. Le niébé se développe dans une grande étendue de conditions d’humidité, et une fois établi il est assez tolérant à la sécheresse. Il est souvent cultivé dans l’agriculture pluviale (Smith et Valenzuela, 2002).
Production
La production annuelle de niébé dans le monde est estimée environ de plus de 4,5 millions de tonnes (Drabo et al., 2013). En 2008, cette production s’élevait à plus de 5,7 millions de tonnes de graines sèches par an (Tengo, 2011). En 2010, 6.879.163 tonnes de graines sèches de niébé étaient produits dans le monde sur une superficie de 11557209 Ha (FAOSTAT, 2010, 2011). De 2011-2013, cette production mondiale de niébé était de 6372000 tonnes sur une superficie de 12744000 Ha avec notamment une diminution de la production par rapport à 2010 alors que les superficies emblavées 4 étaient beaucoup plus grandes. Ainsi dans cette production mondiale, environ 95% sont produits par l’Afrique subsaharienne. Au cours des 15 dernières années, la production du niébé a connu une hausse dans tous les pays du Sahel. En Afrique elle s’élève à environ 2,5 millions de tonnes (Coraf, 2012). Les estimations classent l’Afrique de l’ouest comme étant la première productrice de niébé dans le monde. En effet sur plus de 12,5 millions d’Ha cultivées annuellement dans le monde, l’Afrique de l’ouest, à elle seule, réalise environ les 9,8 millions (CGIAR, 2001). Ainsi, dans cette région, la quantité produite en niébé/haricots par tous les pays de la sous région est importante, sauf pour la Côte d’Ivoire. En 2007, cette quantité de niébé/haricots produite par rapport à la moyenne sur la période 2002/2006 a augmenté pour le Niger et le Togo. Alors que le Sénégal, le Bénin et le Mali ont connu une baisse de leur production sur la même période. Dans l’ensemble de la sous-région, le volume total de niébé/haricots produit en 2007 a été de 1423835 tonnes, soit une augmentation d’environ 16% par rapport à la moyenne sur la période 2002-2006 qui a été 1227170 tonnes. La quantité de niébé/haricots produite en 2008 était de 2448758 tonnes (Anonyme, 2011). Au Nigéria la moyenne du rendement en graines sèches de quelques cultivars de niébé est de 1,4-1,7 tonnes/Ha (Yoka et al., 2014). Au Sénégal, le niébé constitue la légumineuse à graine la plus cultivée après l’arachide. 5 Tableau 2 : Production en tonnes de 2 légumineuses au Sénégal de 2011 à 2013 Source : DAPSA, 2016 Pour assurer une augmentation significative de la production de niébé dans les prochaines années, il serait important de développer de nouvelles variétés de niébé.
Amélioration variétale
Au Sénégal beaucoup d’efforts ont été faits sur la recherche de nouvelles variétés de niébé. L’institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) en collaboration avec Dry Grain Pulses Collaborative Research Support Program (Pulse CRSP) sont parvenus à développer trois variétés améliorées de niébé. Il s’agit notamment de Mouride, lancée en 1991; Melakh, lancée en 1995 et Yacine, lancée en 2005 (Magen et al, 2013). (a) (b) (c) Figure 3 : photo de graines de niébé de la variété Melakh (a), yacine (b) et d’un mélange de différentes variétés (c) L’avantage de ces nouvelles variétés réside sur le fait qu’elles offrent d’importants rendements mais aussi qu’elles sont à maturation précoce. Dans la saison 2010, les variétés améliorées développées par le Pulse CRSP ont représenté 42% de la superficie totale de niébé plantée à Diourbel, Thiès et Louga (Magen et al, 2013). Cependant il est important de noter qu’il existe d’autres variétés de niébé à travers le monde. Au Burkina Faso deux variétés de niébéont été mises à la disposition des populations pour une meilleure nutrition des femmes et des enfants mais aussi pour augmenter le revenu des paysans. Ces deux variétés, IT99K-573-2-1 et IT98K-205-8 ont été développées par l’institut international de l’agriculture tropicale (IITA). Ils s’agissent de variétés ayant une maturité précoce avec de hauts rendements et résistent au Striga, une mauvaise herbe parasitique qui limite le rendement du niébé. Ainsi, d’après le Dr Haruki Ishikawa coordonnateur du projet IITA pour les variétés appropriées de niébé à courte durée pour le Burkina Faso (AVEC-BF), à l’opposé des variétés locales qui durent entre 80 et 90 jours, ces nouvelles variétés ne font que 60 jours pour arriver à maturité. Etant donné que la plupart des variétés locales au Burkina ont un rendement situé entre 400kg et 600kg à l’Ha, le Dr Ishikawa affirme que les nouvelles variétés ont un rendement de 2170kg à l’Ha(IITA, 2013). Source de protéines très accessibles car moins coûteuses comparées à celle d’origine animale (viande, poisson, œuf), le niébé peut jouer un rôle significatif dans le problème de déficit protéique souvent constaté dans les pays en voie de développement.
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