Rechercher les idées et faire un plan
La recherche des idées se fait au brouillon. A l’examen vous ne disposerez d’aucun document et ne pourrez-vous fier qu’à vos souvenirs de cours ou de lecture… et à votre intelligence. La philosophie consiste avant tout à penser par soi-même. À vous donc de vous interroger et il n’est pas d’autre méthode que de noter soigneusement au brouillon toutes les idées que le sujet vous évoque. Néanmoins, vos professeurs apprécieront vos éventuelles connaissances philosophiques et, puisque nous ne sommes pas ici à l’examen, je vous propose quelques références qui pourront nourrir votre réflexion. Une première piste possible consiste à reprendre les différents sens du mot solitude que nous avons repérés. En ce qui concerne d’abord la solitude temporaire et volontaire, on pourra trouver des éléments intéressants de réflexion chez Heidegger (auteur malheureusement difficile) sur le thème du nivellement social et de ce qu’il appelle la « dictature du On » (Être et temps), et aussi chez Schopenhauer. On pourra aussi se référer au thème de la mauvaise foi chez Sartre et notamment du célèbre épisode du garçon de café ( L’être et le néant », 1ère partie, chapitre 2) où Sartre montre comment nous sommes conduits face aux autres à jouer une comédie, un personnage. Le thème de la robinsonnade a été abordé dans un roman de lecture facile : Vendredi ou les limbes du Pacifique de Tournier dont je vous recommande vivement la lecture. L’incontournable livre de Lucien Malson, Les enfants sauvages vous éclairera sur ce que ferait réellement de nous l’absence totale de contact social.
Enfin La forteresse vide de Bettelheim permettra d’étudier l’autisme. On pourra se référer aussi aux auteurs qui ont insisté sur le rôle d’autrui dans la constitution de soi : Hegel, Lacan et aussi la thématique du regard chez Sartre. Encore une fois, tout ceci est donné à titre indicatif et il est tout à fait possible, quoiqu’un peu risqué, de construire une dissertation sans référence philosophique. Une fois vos idées trouvées, il faudra les mettre en ordre et constituer un plan. À vous de voir ce qu’il est logique d’aborder en premier. Rappelez-vous que la thèse que l’on défend est toujours la dernière abordée dans le devoir et qu’il faut d’abord commencer par celle que l’on va réfuter, que les parties doivent être équilibrées c’est à dire être d’à peu près même longueur. Le nombre de vos parties est libre. Certes la dissertation idéale suit un plan en trois parties (mais on n’exige pas de vous une dissertation idéale). Vous pourrez n’en faire que deux ou aller jusqu’à quatre. N’allez pas au-delà néanmoins car il n’est pas réaliste de vouloir mener une dissertation de plus de quatre parties dans le temps imparti à l’examen. Quant à ne pas faire de partie du tout, cela signifierait que votre dissertation n’a pas de plan et n’est donc pas une dissertation. Pour le sujet qui nous occupe, vous trouverez ci-dessous une proposition de plan. Attention ! il ne s’agit en aucun cas d’un modèle. Il y a toujours plusieurs cheminements possibles et celui qui vous est proposé n’est qu’une possibilité parmi d’autres. Si certains points de ce plan ne vous semblent pas clairs (un plan est toujours un rapide résumé), pas de crainte, un corrigé complet suivra.
La nécessité de la solitude pour être soi-même
1) La société, c’est le nivellement
• La « Dictature du On » chez Heidegger
• Schopenhauer montre que l’authenticité passe par la solitude
2) L’être et le paraître
• Autrui ne voit pas ma conscience mais l’apparence extérieure de moi.
• Je peux donc être conduit à paraître, à jouer un rôle, un personnage comme le montre l’exemple du garçon de café chez Sartre qui joue à être ce garçon de café parce que c’est ce que les autres attendent de lui.
• Si je confonds l’être et le paraître, si je crois que ce personnage à l’usage d’autrui, c’est moi, alors je suis de mauvaise foi et je ne peux plus être moi-même
3) Société et individualité.
• Il est vrai que la société exerce une contrainte sur nous comme le montrent les analyses des sociologues Tardes ou Durkheim
• Néanmoins la société ne fait pas de nous des robots. Nous ne sommes pas tous semblables et chacun a son originalité. Ne faut-il pas alors dépasser cette analyse ? Que serais-je sans les autres ?
Que suis-je sans les autres ?
1)L’enfantsauvage
Montrer ici que l’enfant sauvage doit à son isolement de n’avoir pas constitué de personnalité. La privation sociale ne nous fait pas être nous-mêmes.
2)L’autisme
En s’isolant, l’enfant autistique se constitue une forteresse vide, c’est à dire qu’en l’absence de relation avec l’autre la personnalité, le Moi, disparaît. L’enfant autistiquenepeutêtrelui-même.
3)Larobinsonnade
Montrer ici à partir du roman de Tournier comment la solitude ronge progressivement les facultés de Robinson. La conscience de soi et celle des choses nécessitent la présence d’autrui qui manque à Robinson.
Si sans les autres nous ne sommes rien, il faut conclure que c’est autrui qui nous constitue. Comment le fait-il ?
Comment l’autre me constitue-t-il ?
1) Autrui et le développement de la personnalité
On développera ici les analyses de Lacan et notamment comment l’enfant constitue une personnalité séparée de celle de sa mère par le rapport avec son père dans la situation œdipienne. On pourra aussi se référer aux analyses de Hegel sur le thème delareconnaissance.
2)Leregard
A travers la thématique du regard chez Sartre, on montrera comment l’autre me fait exister, me dévoile à moi-même. La pièce Huis-Clos, où l’on voit comment la mauvaise foi des personnages ne résiste pas au regard d’autrui et oblige les protagonistes à révéler qui ils sont pourra servir d’illustration.
3) Autrui est-il une condition suffisante pour être soi-même
Il s’agit ici de montrer que si autrui est une condition nécessaire pour être soi, il n’en est pas une condition suffisante. On peut se laisser aller au piège du conformisme. Socrate, qui reste soi jusque dans la mort, constitue une exception.