Abondance des grands mammifères
Abondance des éléphants Aucun éléphant n’a été vu directement sur l’ensemble des transects et recces durant les inventaires. Cette absence de contact direct est certainement due à l’intensité du braconnage qui sévit dans la zone comme le prouvent les carcasses des éléphants trouvées dans la zone d’ETIC Sud. Cette insécurité développe chez l’éléphant les réflexes d’éviter tout contact avec les humains (Bames et al., 1991 ; Blake, 1994; Fay et Agnagna, 1991). On remarque dans les zones à fort taux d’activités humaines (chasse, braconnage et orpaillage) une faible présence des éléphants. Ces résultats confirment ceux des études menées par Fay (1993) ; Blake et al., (1997) ; Moukassa et Madzou (1998) ; Boudjan et al., (2004) que la présence d’éléphants est liée à l’intensité des activités humaines. Celles-ci contraignent les éléphants à migrer vers les zones les plus éloignées. Cependant, nous observons que les zones sud-est, ouest, est et nord-ouest de notre aire d’étude, sont moyennement fréquentées par les éléphants. Dans ces zones, les activités des humaines sont moins intenses, cela est dû à la présence dans la zone d’ETIC du Sanctuaire de Gorilles de Lossi (réserve intégralement protégée).
De grandes concentrations d’indices de présence des éléphants sont observées au nord-ouest, vers la frontière du Gabon, au centre (à l’ouest du sanctuaire de gorilles de Lossi), et au sudouest vers la frontière du Gabon. Au nord-ouest, la forte concentration des indices de la présence d’éléphants serait vraisemblablement due à la végétation qui est composée d’une forêt mixte à sous-bois fermé et d’une bande de forêts à Marantacées qui sont des habitats très propices aux éléphants (Fayet Agnagna, 1991). Au centre, à l’ouest du sanctuaire de Lossi, la concentration des indices de la présence d’éléphants s’expliquerait d’une part, par le fait qu’il existe dans la zone une vaste clairière marécageuse au point GPS (14,29731 N et 0,30597 E) et une petite clairière marécageuse au point GPS (14,29756 N et 0,29671 E) et d’autre part, par le fait que le sanctuaire de Lossi est sécurisé par les équipes de surveillance. Au sud-ouest, la forte présence de ces indices serait due à la proximité du parc national de Mwagné et au type d’habitat (forêt mixte à sous-bois fermé).
Avec un taux de rencontre de 3,58 crottes d’éléphant par km sur les transects, la zone d’ETIC Sud dépasse celle d’ETIC Nord et de Mokabi qui présente respectivement 0,79 crottes par km (Madzou, 2006), et 0,84 crottes par km (Boudjan et al., 2004). Par contre, les taux de rencontre sur les transects du parc national d’Odzala-Kokoua et du parc national de Nouabalé-Ndoki présentent respectivement un taux de rencontre au km de 8,57 et 8,48 (Blake et al., 2006 ; Boudjan et al., 2004) et sont donc supérieurs à celui de la zone d’ETIC Sud. La forte concentration des pistes d’éléphants allant de 6 à 10 pistes par kilomètre est uniquement observée dans la zone de Lossi à l’Ouest et dans la zone Nord-est proche du parc de Mwangé. Ces pistes rencontrées sont souvent très abondantes dans des zones à faibles indices d’activités humaines. La quête de la nourriture par les éléphants accentue leur déplacement (Struhsaker, 1997) et nécessairement la création des pistes qui sont pour la plupart dirigées vers les arbres fruitiers.
La distribution des fortes concentrations d’indices d’éléphants se trouve dans la zone de Lossi et proche de Mwangé (zone sous un programme de protection). Cela suggère qu’il y a des populations d’éléphants vivant en permanence dans la zone . d’ETIC Sud malgré la pression anthropique. Les densités calculées à partir des crottes des éléphants constituent l’estimation la plus conservatrice de la population totale des éléphants vivant dans notre aire d’étude. Après plusieurs tentatives de calcul et de choix de modèles, la densité des crottes obtenues au cours de notre étude (974,14 ± 799,22 crottes/km2 ) reste inférieure à celle qui a été obtenue dans le parc national de Nouabalé-Ndoki (1136,1 ± 650,41 crottes/km2 ) au nord du Congo. De même, la densité de crottes d’ETIC reste encore plus faible face à la densité de 1337,4 ± 273,9 crotteslkm2 obtenue par Hall et al. (1997) dans le parc de Kahuzi-Biega en RDC (République Démocratique du Congo).
DÉVELOPPEMENT D’UN PLAN D’AMÉNAGEMENT ÉCOSYSTÉMIQUE DE LA ZONED’ETIC
Le parc national d’Odzala-Kokoua (PNOK) constitue à lui seuIl 354600 ha et, de ce fait, il est la plus grande des aires protégées du Congo. En outre, il possède plusieurs zones périphériques sur ses limites naturelles et artificielles. De nos jours le PNOK et ses zones périphériques subissent de multiples pressions de la part de la population riveraine. Les prélèvements sans contrôle des produits forestiers posent des problèmes graves indiquant la disparition à long terme de ces ressources. Cette situation tragique est quasiment présente dans la majorité des zones périphériques du PNOK. La zone d’ETIC (espace tri national inter zone Congo) est la zone périphérique Ouest du PNOK, et elle regorge en son sein une grande variété des ressources naturelles (faune et flore) et des habitations humaines. La zone d’ETIC subit de multiples pressions comme toutes les autres zones périphériques du PNOK. La pression se caractérise par plusieurs activités humaines aboutissent au prélèvement intensif et sans contrôle des produits de la faune et de la flore sans tenir compte des lois et règlements en la matière.
Au regard de ce problème qui se pose dans la zone d’ETIC et dans le ‘Souci de préserver la biodiversité des ressources existantes, il est indispensable de trouver une solution rapide et efficace pour résoudre cette situation. Pour y arriver, la prise de conscience et la mise en place d’une institution de gestion dans cette zone sont indispensables. Toutefois, cette institution de gestion doit se baser sur un plan d’aménagement forestier écosystémique approprié. Le plan d’aménagement forestier écosystémique (AFE) met en priorité la maintenance des fonctions de l’écosystème forestier dans ses composantes sylvicoles, fauniques, hydrologiques, édaphiques, etc. En effet, le plan AFE s’inspire d’une gestion saine des ressources fauniques et floristiques, et il encourage l’approche participative de la population locale à la prise des décisions. Les principaux problèmes que rencontre le PNOK dans la gestion de ses zones périphériques sont: l’exploitation anarchique des produits ligneux, l’agriculture basée sur le brûlis, la conquête des zones forestières et le braconnage pour des fins commerciales. Le plan d’AFE va se servir des impacts socioéconomiques et écologiques comme point de départ pour la concertation de tous les acteurs présents (autorité locale, gestionnaire du PNOK, population locale). Au total, une commune, 20 villages riverains du parc et sept campements d’orpailleurs ont fait l’objet d’une étude socioéconomique sur trois axes routiers et sur trois pistes principales dans la zone d’ETIC. Cependant, l’étude faite auparavant sur l’inventaire des ressources forestières dans la zone d’ETIC et la récente étude socioéconomique vont toutes deux servir au développement du plan d’AFE.
Aménagement écosystémique
L’aménagement écosystémique est une nouvelle VISIOn de gestion face aux répercussions régionales des changements globaux (Coté et al., 2002). À l’échelle plus petite, donc au niveau de la zone d’ETIC, l’aménagement écosystémique a toute sa raison d’être et, va assurer la pérennité des ressources naturelles renouvelables à la population sans pour autant nuire à l’existence des grands mammifères présents. Le plan d’aménagement écosystémique instruit les idées de conservation et de gestion participative, afin de réduire la surexploitation de la faune et flore. Pour éviter une crise écologique et socioéconomique, ce plan d’aménagement écosystémique une fois établi doit être au coeur de la gestion des forêts publiques du Congo. En général, le plan d’aménagement écosystémique a la mISSIOn de maintenir l’ intégrité des écosystèmes forestiers à long terme contre l’exploitation des ressources naturelles dans le but de satisfaire des exigences humaines. Pour y arriver, il faut acquérir des informations appropriées sur la richesse de la faune, de la flore et sur activités humaines sur toute l’étendue de la zone d’ETIC dans les moindres détails.
Cela nous a amené à faire des inventaires durant la période d’automne 2006 et on s’est limité uniquement au le recensement des grands mammifères, des arbres à caractère commercial et des principales activités humaines sans pour autant inclure la partie socioéconomique des villages et des campements. En outre, pour aboutir à un bon résultat, il faudrait inclure les informations issues des inventaires faits auparavant dans la zone et les connaIssances écologiques dans la confection du plan d’aménagement écosystémique. Acquisition des informations sur les activités socioéconomiques Face à l’hostilité de la population autochtone envers la conservation, il faut mettre une stratégie qui va nous permettre de recueillir des informations dont nous avons besoin. Dans ce cas, notre mission sera centrée sur l’observation participative, le recensement général de la population et le questionnement d’ordre socioéconomique. Le recensement de la population est la première opération conduite dans chaque village et dure au maximum deux jours, ceci dépendant largement de la taille du village. Il se charge de dénombrer les personnes par ménage, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle, le nombre de décès et de naissances pour chaque foyer ainsi que l’âge de chaque individu. Par ailleurs, les visites effectuées permettent de décrire les activités présentes, leur évolution dans le temps, les perceptions, les craintes et la méfiance des populations à l’égard des objectifs de conservation. L’idéal serait de constituer un échantillon représentatif de l’ensemble de la population selon les proportions équitables par sexe, par âge et par groupe ethnique (Bantou/Pygmées). Cependant, les documents disponibles contenant des informations sur la zone d’étude, les villages environnants, l’historique et les populations de la zone seront consultés. À ceux-ci s’ajoute toute la panoplie des études menées dans le cadre des activités et projets par l’équipe responsable de volet socio-économique.
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