REAPPARITION DU VIRUS DE LA ROUGEOLE
LE VIRUS
Le virus de la rougeole est de la famille des Paramyxoviridae, du genre Morbillivirus. Il est génétiquement très proche de celui de la peste bovine, un pathogène du bétail aujourd’hui éradiqué. La maladie était donc probablement à l’origine une infection zoonotique, qui aurait touché l’homme par la suite. Aujourd’hui l’homme est le seul réservoir naturel de ce virus. C’est un virus enveloppé, avec une capside hélicoïdale. Son diamètre est compris entre 150 et 350 nm. Son génome viral est de type ARN monocaténaire linéaire de polarité négative [15,16]. 24 génotypes ont été identifiés par l’OMS, mais actuellement seuls 4 d’entre eux circulent encore dans le monde (B3, D4, D8, H1) Figure 1 : photographie par microscopie électronique à transmission en coloration négative. Le génome de 16000 nucléotides comporte 6 gènes, codant pour 8 protéines, parmi lesquelles deux glycoprotéines de surface qui vont avoir un rôle majeur dans l’infection de la cellule hôte : L’hémagglutinine ou protéine H : protéine transmembranaire permettant la liaison du virus aux récepteurs cellulaires de l’hôte (dont le CD 150 ou SLAM) La protéine de fusion : responsable de la fusion de l’enveloppe virale avec la membrane de la cellule hôte, et donc de l’entrée des ribonucléoprotéines virales dans le cytoplasme de la cellule infectée
Contagiosité
Le virus de la rougeole a un fort pouvoir contagieux, son taux de reproductibilité de base (Ro) est très élevé : de 15 à 20 (indice correspondant au nombre de cas secondaires que peut engendrer une personne infectée par le virus durant sa période de contagiosité dans une population non immunisée). De plus, le risque de contamination chez un individu non immunisé exposé au virus est de 90% [20]. La période de contagiosité d’un individu est maximale dans les 2 à 4 jours qui précèdent l’apparition de l’éruption cutanée et jusqu’à 4 jours après, c’est-à-dire lorsque le niveau de virémie est le plus élevé et les symptômes respiratoires les plus intenses
Transmission
La rougeole peut se transmettre directement d’un individu à l’autre par contact avec des sécrétions infectées, ou bien de manière indirecte, par l’intermédiaire de gouttelettes respiratoires aéroportées, générées lors de la toux ou des éternuements [19,22]. Le virus est très résistant et peut persister environ une heure dans les particules d’air, et jusqu’à deux heures sur les surfaces contaminées dans les endroits clos, ce qui explique en partie le risque élevé de transmission
Physiopathologie
Les particules virales inhalées à partir des gouttelettes contaminées vont infecter en premier lieu les lymphocytes, les cellules dendritiques, et les macrophages alvéolaires présents dans les voies respiratoires de l’hôte. Ces cellules activées du système immunitaire sont les premières cibles du virus car le récepteur CD 150 ou SLAM (signaling lymphocyte-activation molecule : molécule d’activation du signal lymphocytaire) y est exprimé spécifiquement et constitue de site de liaison de l’hémagglutinine, protéine présente à la surface du virion. Puis la protéine de fusion virale entraine la fusion des membranes et permet l’entrée des particules virales dans les cellules hôtes [24]. Pendant la période d’incubation de la maladie le virus va se répliquer et se propager activement via les cellules immunitaires infectées, en premier lieu dans les tissus lymphoïdes locaux puis de manière systémique à travers la circulation sanguine. De nombreux organes vont être contaminés, tels que la peau, la trachée, le nez, le tractus gastro-intestinal… expliquant les conséquences cliniques et les complications.Les cellules dendritiques et lymphocytes infectés vont par la suite transmettre le virus aux cellules épithéliales de l’appareil respiratoire grâce à un autre récepteur : la protéine nectine-4 (ou PVRL4), exprimée physiologiquement au niveau des voies aériennes supérieures (trachée). Le virus peut alors traverser la barrière épithéliale et sortir de l’organisme pour se disséminer dans l’air sous forme de gouttelettes respiratoires lors de la toux et des éternuements, permettant ainsi la contamination d’un nouvel individu lors des étapes tardives de l’infection.
LA ROUGEOLE
Symptômes
Période d’incubation Après l’exposition au virus, la période d’incubation – silencieuse – dure en général de 8 à 14 jours, avec une moyenne de 12 jours [29]. Dans certains cas plus rares, cette période peut être plus longue (parfois 23 jours), selon la dose infectieuse reçue, la réplication du pathogène, ou la sensibilité de l’individu au virus
Les premiers symptômes Durant la phase pré-éruptive, on retrouve le tableau suivant : Une fièvre progressive (39°C – 40.5°C) qui persiste 4 à 7 jours [31]. Un catarrhe oculo-conjonctivo-nasal : conjonctivite (larmoiement, photophobie), rhinite, rhinorrhée, et un catarrhe bronchique (toux sèche intense) sont les signes qui traduisent l’atteinte des voies respiratoires supérieures consécutive à l’inflammation de la muqueuse Signes généraux : malaise général, asthénie, anorexie. 5.1.3 Signe de Köplik Le signe de Köplik, (décrit par le Dr Henry Köplik en 1896), pathognomonique et inconstant, permet de poser le diagnostic un ou deux jours avant le début de l’éruption. Ce sont des tâches blanchâtres sur fond érythémateux que l’on retrouve sur la muqueuse buccale, légèrement en relief, de deux ou trois millimètres de diamètre, près des molaires. Elles peuvent parfois apparaitre sur le palais mou, le pli conjonctival, ou la muqueuse vaginale, et disparaissent généralement en deux ou trois jours. Elles sont présentes chez plus de 70% des personnes infectées.
2. INTRODUCTION |