Réaménagement du Boulevard de la Colonne suite à sa perte de fonction
Une métamorphose nécessaire
Le boulevard de la Colonne avant septembre 2016
Jusqu’en septembre 2016, le boulevard de était un lieu de transit de la population dans l’agglomération chambérienne. Il s’agissait du centre majeur de correspondance des bus de la STAC (société de transport de l’agglomération chambérienne). Prêt de 900 bus y circulaient quotidiennement, ce qui permettait d’accéder très facilement au centre-ville. Le boulevard était pensé et aménagé pour une bonne circulation des bus au détriment des piétons (figure 11). Figure 11 : Visualisation de l’état du Boulevard de la Colonne avant septembre 2016, source : ADTC Savoie La place comportait de nombreux problèmes : – Elle était dangereuse puisque les piétons devaient cohabiter et circuler entres les véhicules sans qu’il n’y ait pour autant de signalisation et de marquage au sol – Les cyclistes se sont mis à éviter le boulevard à cause de sa dangerosité en passant par des rues adjacentes – Il ne s’agissait que d’un lieu de transit, les espaces dédiés à la rencontre et à l’échange avec autrui étaient inexistants – Il en est de même pour les activités de loisirs (promenades, terrasses de café…) car la place était fortement polluée par le bruit (figure 12) et les gaz d’échappements. Il était donc difficile de rester pour se détendre. – L’insécurité était aussi présente sur le boulevard puisque de nombreuses personnes zonaient quotidiennement et qui aboutissait quelques fois à des conflits, bagarres. 16 En plus des bus, les voitures étaient aussi très présentes sur le lieu car le boulevard permettait de se rendre dans plusieurs zones stratégiques très facilement (comme par exemple pour les parkings souterrains). L’ensemble de ces différents véhicules provoquaient des pollutions diverses sur la qualité de l’air mais aussi des pollutions sonores et visuelles. Il faut savoir que le boulevard de la Colonne et les rues adjacentes se situent dans une zone de catégorie 3 où le niveau sonore diurne est à 70 décibels. Il est précisé dans le PLU que la gêne générée par la bruit est certaine à partir de 70 décibels. Le boulevard est donc dans une zone où la pollution sonore est très présente ce qui pose un problème de santé publique. Cependant, comme nous pouvons le voir dans la carte ci-dessous (figure 12), c’est bien l’ensemble du centreville qui est touché par la pollution sonore. Figure 12 : Carte des zones de bruit en centre-ville ; Source : PLU On peut tout de même remarquer que certaines zones sont protégées des pollutions sonores liées aux déplacements de véhicules, il s’agit de places, de rues totalement fermées à la circulation. Il faut donc prendre cet exemple en compte et essayer de le reproduire sur le boulevard de la Colonne afin de résoudre le problème de pollution sonore. C’est donc pour cela que la mairie a entamé début 2017 une première phase de réaménagement du boulevard de la Colonne. Zones non polluées
Un changement radical dans la fonction du boulevard
Septembre 2016 est une date à retenir dans l’histoire du boulevard de la Colonne. C’est à partir de ce moment qu’il y a eu une rupture nette avec sa fonction principale : être le point de correspondance des transports en commun. Cette rupture est due au changement de centralité lancé par l’agglomération. La nouvelle centralité s’est donc déplacée vers la gare se situant à 600 mètres du boulevard pour créer un nouveau pôle de transport multimodal. Cette désertion du lieu a donc eu un fort impact sur le nombre d’habitants se rendant directement sur la place et par la suite sur son attractivité aujourd’hui en fort déclin. Les commerces sont aussi fortement impactés puisque les usagers des transports en commun constituaient une clientèle importante et qui profitaient de l’attente des bus pour faire du shopping (Galeries Lafayette, Boulangerie ….). En questionnant des commerçants j’ai pu constater qu’ils affirmaient que leur chiffre d’affaire avait en moyenne diminué de 20 à 30 pourcents, ce qui constitue un trou considérable dans la trésorerie. Un des objectifs du réaménagement du boulevard sera de combler ce manque à gagner en recommençant à attirer des futurs clients pour les commerces. Figure 13 : Situation actuelle du boulevard ; réalisation personnelle La mairie a fait le choix de transformer profondément ce lieu pour répondre à cette perte de sa principale fonction. C’est donc pour cela qu’en février 2017, la mairie a entamé une première phase de réaménagement en scindant le boulevard en deux avec le passage d’une nouvelle rue qui permettra le désengorgement lors 18 des fortes affluences pour la sortie du centre-ville. On passera donc d’une surface de 6000 m² à deux surfaces de 3000 m² chacune environ. Le boulevard de la Colonne va donc perdre sa fonction de boulevard (une large voie urbaine bordée de plantations permettant un passage conséquent de véhicules) pour une nouvelle fonction qui sera celle d’une place : il s’agit d’un espace non bâti représentant l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui sont à l’usage de tous et est équipée de mobilier urbain. Ces places seront fermées à la circulation (figure 14). Figure 14 : Première phase de réaménagement ; réalisation personnelle : arcgis 19 Comme nous pouvons le voir sur la carte ci-dessus, les carrefours de la rue Saint-Antoine et de l’avenue des Ducs de Savoie sont souvent bondés ce qui bloque la quasi-totalité du centre. L’avenue Général De Gaulle va être prolongée pour se connecter avec la rue Guillaume Richet pour la sortie de ville et avec la rue Général Fichet pour l’entrée de ville. Dans la poursuite de ce réaménagement, le boulevard et quelques rues adjacentes vont être fermés à la circulation dans le but de créer une nouvelle zone consacrée aux piétons. En effet les centres villes dans 20 à 30 ans auront tendance à devenir réservés pour les piétons mais surtout interdit aux véhicules particuliers. Il s’agit pour les piétons de retrouver un espace public qui leur est consacré permettant aussi l’installation d’un réseau de transport en commun suffisamment dense pour remplacer l’efficacité et la facilité d’usage d’un véhicule personnel. Cette piétonisation pourra permettre : – une amélioration de la qualité de l’air et de la qualité sonore – des environnements publics moins stressants mais aussi plus sécurisés. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, le fait de rendre des zones piétonnes permet aux commerçants d’avoir une plus grande accessibilité et une meilleure visibilité. En effet, une étude réalisée en 2003 par l’ADEME (agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie), il a été démontré que dans une ville de la taille de Grenoble plus de la moitié des déplacements domicile-commerces du centreville se faisaient à pied. Il est donc nécessaire important de réaliser des aménagements piétons de qualité pour augmenter cette part de déplacement
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