Raréfaction des matrices institutionnelles favorisant la diversification de l’économie
La matrice institutionnelle représente un réseau interdépendant d’institutions et d’organisations politiques, économiques et juridiques, autrement dit c’est l’intégralité du réseau des règles formelles et informelles interdépendantes, spécifique à chaque économie, et qui détermine la trajectoire de celle-ci et son efficacité en matière de croissance à long terme4. Ainsi, l’activité productive s’effectue dans le cadre d’une matrice institutionnelle, qui varie d’un pays à l’autre.
Dans une économie de marché, les divers acteurs économiques travaillent dans ce cadre, juridiquement déterminé par des règles formelles et informelles, et peuvent être motivés ou démotivés pour réaliser des activités productives et pour prendre des risques. Du fait des différences de nature entre les matrices institutionnelles, les bilans macro-économiques des activités réalisés dans divers pays ne se rapprochent pas souvent en matière de croissance réalisée et de création d’emplois.
La matrice économique idéale se compose d’institutions économiques qui fournissent aux agents économiques et aux organisations les incitations qui les dirigent vers les investissements productifs. Inversement, à la matrice idéale, les économies en blocage détiennent une matrice institutionnelle répulsive envers les investissements qui augmentent la productivité.
Primo, l’omniprésence du clientélisme préserve la rigidité de la matrice institutionnelle et généralement génère un disfonctionnement des marchés, affecté par la corruption, la bureaucratie, les monopoles, les dépenses exagérées etc. ; secundo, cette situation développe des organisations qui ont profit à ce que cette matrice se maintien5.
La problématique de la qualité institutionnelle dans le cadre d’une économie rentière comme la nôtre ne saurait être évoquée sans que ne soit abordée le volet conflictuel et politique qui en résulte. La médiocrité des indicateurs économiques affichés par le pays s’interprète principalement par l’incapacité de l’Algérie à créer des formes (matrices) institutionnelles en concordance avec le besoin d’une économie productive, éloigné de la logique rentière dont le système d’accumulation jusqu’à présent était fondé.
En Algérie, les investissements ont toujours été considérés, dans les différents programmes gouvernementaux menés depuis l’indépendance, comme le moteur principal de la croissance économique. Le taux élevé des investissements par rapport au PIB a également toujours été considéré comme le symbole d’un grand effort et de dynamisme économiques. Au cours des cinquante dernières années, ce taux n’a pas été uniforme et a connu une grande volatilité. Il en a découlé une forte instabilité en termes de résultats économiques, et une image parfois paradoxale en termes de réalisations et de progrès du pays.
Les caractéristiques de la matrice institutionnelle en Algérie
A travers ces écris sur le rôle des institutions, North souligne l’importance du fait que plus les institutions sont souples plus elles sont pertinentes. En plus, l’auteur différencie l’organisation de l’institution : « si les institutions sont des règles de jeu, les organisations et leurs entrepreneurs, sont des joueurs ». De cette façon c’est la qualité des règles de jeu qui crée le type de joueurs et la manière de jouer.
North continue dans ce propos que si la matrice institutionnelle gratifie l’inhabileté, des organisations inhabilitées seront créés par contre, si elle gratifie l’ingéniosité, des organisations (des entreprises) seront conçues pour entretenir la création de richesses6. Dans ce sens, le rôle des institutions dans le cadre de la transition (d’une économie rentière vers une économie diversifier) peut être interprété sous formes d’arrangements institutionnels et organisationnels optimaux conduisant à cette transition.
Cette dernière est conditionnée par les comportements des opérateurs étant pour ou contre cette transition. Les opérateurs conduisant l’application et l’essor de la transition ou à l’inverse sa contraction ou sa paralysie, représentent les différents acteurs du champ public, étant décideurs ou non, autorisant à travers leurs comportements hérités ou induits, l’avancement ou le blocage de la transition.
Pour justifier l’échec de cette transition en Algérie une double interprétation existe, c’est dû à la résilience sociale au changement (institutions informelles) ou il résulte de l’inefficacité des institutions formelles existantes.