Facteurs d’expansion de la langue anglaise
Dans le monde, des langues connaissent de grandes expansions comme l’espagnol, l’arabe, le français et l’anglais. Le hasard ne fait pas qu’une langue devienne puissante, le fait est qu’une langue est puissante et devienne importante parce que ses locuteurs sont de même. Nombreux sont les facteurs qui sont les moteurs de l’expansion d’une langue mais dans ce chapitre nous n’allons évoquer que trois : les facteurs économiques, les facteurs politiques et les facteurs proprement linguistiques.
Facteurs économiques
Beaucoup de variables peuvent contribuer à la monter en puissance d’une langue comme la production industrielle, le niveau technologique et les échanges internationaux. Ce sont surtout les pays qu’on considère comme des pays riches qui peuvent prétendre à cette puissance. Quelques pays sont en concurrence, à savoir les pays développés comme les Etats Unis, la France et d’autres, et certains pays en voie de développement comme la Chine. Après la deuxième guerre mondiale, les Etats Unis ont connus un développement économique rapide et fulgurant les propulsant ainsi à la première place dans l’économie mondiale et ce jusqu’à hier puisqu’ils sont en sévère concurrence avec la Chine qui prend de l’ampleur au niveau économique.
En 1945, alors que l’Europe était occupée à se reconstruire, les Etats-Unis connurent un véritable boom économique. Les entreprises américaines s’inspirèrent des méthodes de la Compagnie britannique des Indes orientales, véhiculant l’anglais comme langue de commerce internationale. Grâce à la puissance de l’économie américaine et à l’influence de l’anglais dans les anciennes colonies britanniques, la langue anglaise est devenue la première langue du secteur des affaires. Aujourd’hui, les plus grandes écoles de commerce à travers le monde proposent leurs formations en anglais. Mais au niveau linguistique, même si les locuteurs du mandarin dépassent de loin ceux de l’anglais.
Facteurs politiques
Dans tous histoires linguistiques, la langue et la politique sont intimement liées. À l’instar des autres facteurs, le pouvoir politique constitue l’une des forces les plus puissantes dans la vie des langues. Pour survivre et s’épanouir, une langue doit être la langue véhiculaire au sein d’un gouvernement, avoir un statut officiel ou du moins co-officiel pour pouvoir établir sa dominance et rechercher l’exclusivité sur un territoire donné. L’anglais ravit facilement la première position dans le monde en ce domaine puisqu’il jouit du statut de langue officielle dans 56 États. C’est par le moyen de sa position au sein de l’Etat (gouvernement) qu’elle jouira de cette domination et exclusivité. Une langue sans État ou sans gouvernement est une langue à l’avenir fort compromis, comme le confirma Louis-Jean Calvet lorsqu’il énonce ainsi le caractère privilégié des langues étatiques: «Les langues sont au pouvoir politique ou ne sont pas des langues » (Calvet, 1981). C’est par l’institution que le gouvernement peuvent influencer le destin des langues et augmenter ou réduire la puissance de celles-ci. Le facteur politique est en effet crucial dans la vie d’une langue mais sans d’autres facteurs et consensus social, il ne sert à rien.
Facteurs linguistiques
Le facteur proprement linguistique est principalement relié à la proximité ou aux types de langues, puis aux problèmes relatifs à leur codification ou à leur normalisation. On sait que la plupart des idiomes du monde appartiennent à des familles de langues. Certaines langues sont plus apparentées entre elles qu’avec d’autres; par exemple l’anglais qui est issu des langues germaniques comme l’allemand, ou le néerlandais. Les différences entre les langues ne se situent non seulement au niveau structurel, mais aussi au niveau de leur développement. Certaines langues ont pu accéder à un haut degré de normalisation et à un haut degré de codification; d’autres, non. Parmi ces langues se trouve l’anglais. Depuis le XVIe siècle, c’est-à-dire, l’époque de la fixation de l’orthographe, l’anglais a acquis les caractéristiques de la grammaire telle qu’on la connait. Une fois codifiée, la langue est candidat à la normalisation. Une langue codifiée et normalisée jouit nécessairement d’un statut institutionnel qui est imposé par l’État à tous les citoyens et est utilisée dans tous les instances institutionnelles du pays que ce soit gouvernement, établissement scolaire, médias et autres.
Diffusion de la langue anglaise
C’est à partir du milieu du XVIIIe siècle que la langue anglaise a suscité l’intérêt général sur le plan politique et des mœurs. Elle a obtenu une place grandissante dans les échanges internationaux. Par conséquent, la langue anglaise devient la langue des réalités économiques et politiques et a acquis un prestige considérable.
Elle est arrivée en Irlande avec la conquête militaire par Henri VIII d’Angleterre en 1541. Ce roi a détruit toute autorité celte qui y régnait. La langue anglaise est devenue la langue de l’école et la langue irlandaise, qui était la deuxième langue européenne après le latin au IIIe siècle, fut interdit. Cet envahissement linguistique a était progressif car le transfert linguistique vers l’anglais s’est fait de la ville puis dans les zones rurales. Aujourd’hui, 98% des Irlandais ont pour langue maternelle l’anglais et 2 % seulement, irlandais. Cette langue en Irlande a été nommée « anglo-irish », « irish-english » ou « hiberno-english ».
Elle est arrivée en Amérique du nord avec l’immigration des Anglais, Ecossais et Irlandais dans les colonies de l’empire britannique, entre 1815 et 1860. En Amérique la langue s’est développée considérablement à cause des contacts avec d’autres langues à savoir amérindienne, allemande et celle du nord de l’Europe. De plus, à la fin du XVIIIe et début XIXe, l’accentuation des différences entre l’anglais de Londres et celle de l’Amérique a été confirmée par les contacts avec les langues du nord et de l’ouest de l’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande. Ce qui a donné ce qu’on nomme aujourd’hui la langue américaine. Elle est arrivée en Australie au début du XIXe siècle en deux vagues. Tout d’abord, par l’intermédiaire des forçats et puis par les militaires et fonctionnaires.
L’anglais australien est similaire à l’anglais britannique mais c’est son rythme plus lent qui les différencie. Elle est arrivée en Afrique du Sud par sa conquête au XIIIe siècle en commençant par LE Cap en 1822 puis a convergé sur Natal en 1848. Mariée avec l’afrikaans, c’est devenu la troisième variété de l’anglais, aujourd’hui.
Fonctions et sphères d’utilisation de l’anglais
Le nombre de pays de l’ONU où l’anglais est la langue officielle ou officielle s’élève à 55 et ces pays se répartissent sur l’ensemble des continents. A part ceux qui utilise l’anglais comme langue officielle ou co-officielle, il ya ceux qui l’utilisent comme langue maternelle ou langue seconde ou encore comme langue étrangère.
Ainsi, Pakeday (1985, p 12) confirme que “using the term proficient user of a language to refer to all speakers who can successfully use it”.Ce terme “proficient user” a été transformé en “ expert speakers” (Rampton, 1990) pour désigner les utilisateurs de la langue. Kirkpatrick (2007) qualifie l’anglais comme «world englishes» qui serait destiné à être utilisé comme langue de communication internationale. En effet, l’anglais est considéré comme une langue la plus utilisée dans le monde et que sa réputation converge plutôt vers une critique positive que négative. L’anglais est aujourd’hui la langue de communication transculturelle. Elle est enseignée dans tous les pays du monde et représente la langue officielle de 75 nations.
Elle est nécessaire pour un interlocuteur qui ne parle pas le français. Beaucoup d’auteurs considèrent l’anglais du point de vue mondial. Toutefois, diverses appellations comme « english as a global language » (Crystal, 2003) ; « english as a lingua franca » (Jenkins, 2008) ; « english as an international language » (Seidlhofer 2003) ; « english as an asian language » (Krachu, 1997) sont données à la fonction de cette langue. Cette fonction de globalisation de la langue anglaise se développe surtout dans le cadre des organisations supranationales. Il s’agit principalement d’organisations économiques, comme l’Union Européenne, par exemple, et d’organisme de promotion culturelle et linguistique comme par exemple le «Commonwealth of nation» (britanique). Elle est essentiellement utilisée du point de vue économique du fait que depuis longtemps un médium de communication entre les nations dans leurs relations internationales as a lingua franca. Car l’anglais ne sert pas uniquement à communiquer avec les Américains et les Britanniques, mais aussi avec tous les partenaires commerciaux potentiels dont l’anglais et le français ne sont pas la langue première.
L’anglais est aujourd’hui la langue de communication transculturelle. Elle est enseignée dans tous les pays du monde et représente la langue officielle de 75 nations.
Elle est incontournable face à un interlocuteur qui ne parle pas le français. Puisqu’elle est la langue la plus fortement utilisée dans le monde du travail et pour la communication internationale, elle n’a pas épargné Madagascar et nous avons constaté son intrusion au sein du quotidien du peuple malgache.
Usages de langues déclarés des élèves
En général, les élèves interviewés ont déclaré une utilisation massive de la langue malgache en toute circonstance en disant que c’est leur langue maternelle et que c’est logique et naturel de parler malgache.
Le malgache est la langue de la maison pour les élèves de première année: avec les parents, les membres de la famille mais avec les frères et sœurs ils utilisent le variaminanana. Ils expliquent que, pour le premier élève, c’est naturel et logique, peut être sous l’influence des cultures étrangères en croissance de nos jours. Pour le deuxième élève, le fait d’utiliser le variaminanana est normal parce que tout le monde aujourd’hui parle variaminanana. Le troisième élève quand à lui n’utilise que rarement, lorsqu’il n’arrive pas à trouver le mot en malgache alors il le dit dans une autre langue (surtout en français).
A ce niveau familial, il y a une absence totale de la langue anglaise. Cela s’explique peut-être par la dominance du français et du malgache dans l’éducation familiale à Madagascar puisque le français est la première langue qui a trouvé sa place dans le cocon familial (à cause du système d’enseignement à Madagascar surtout).
Ces élèves de première année, qui sont amis, s’empressent de nous dire que entre eux, en général, ils parlent le malgache mixé ou transformé, (pas seulement du variaminanana mais aussi avec des transferts lexicaux) qui est qualifié par l’interviewé comme le parler jeune : « cozy ve ? », « six e ! ». C’est là que l’on trouve beaucoup l’utilisation de l’anglais.
D’après ces deux constats, le malgache dans le cercle familial est toujours fortement utilisé en tant que première langue de communication surtout avec les adultes. Le français entre en jeu avec les proches qui sont d’un âge jeune. L’anglais est utilisé en contexte amical et en dehors du contexte familial.
L’utilisation du malgache est aussi massive dans le cercle familial pour les élèves de la troisième année. Ils déclarent ne parler que seulement le malgache pour les élèves 1 et 2 et le troisième élève parle le malgache officiel ainsi que l’antakarana (une variété régionale dans le nord de Madagascar). Avec les amis ils disent utiliser aussi le malgache en n’ayant « jamais » recours aux autres langues (variaminanana).
Pour ce dernier constat, le malgache est principalement utilisé ou plutôt « règne en maître » au niveau familial et amical (ce sur quoi nous émettons quelques doutes).
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PROTOCOLE D’ENQUÊTE
Introduction
Chapitre I : contexte, objectifs de l’enquête et cadrage méthodologique
1.1. Contexte et objectifs de l’enquête
1.2. Méthodologie de l’enquête
1.2.1. Généralité sur les méthodologies de terrain
1.2.1.1. Méthode hypothético – déductive
1.2.1.2. Méthode empirico – inductive
1.2.2. Intérêts de cette méthode
Chapitre 2 : présentation du champ d’investigation
2.1. Lieu et milieu d’investigation
2.1.1. Lieu d’investigation
2.1.2. Milieu d’investigation
2.1.3. Classes concernées
2.2. Témoins
2.2.1. Elèves – témoins
2.2.2. Enseignants témoins
2.2.3. Parents – témoins
2.3. Période et durée de l’enquête
Chapitre 3 : Outils, matériels et choix de langue de l’enquête
3.1. Outils d’enquête
3.1.1. Entretien semi – directif
3.1.1.1. Cadre définitoire
3.1.1.2. Procédure de réalisation d’un entretien semi – directif
3.1.2. Observation participante
3.1.2.1. Principes de l’observation participante
3.1.2.2. Méthodologie de réalisation
3.1.3. Observation de classe et procédure
3.2. Matériels de collecte de données
3.2.1. Matériels audiovisuels
3.2.2. Grilles d’enquête
3.3. Choix de langue
Conclusion
Deuxième partie : Description sociolinguistique de l’anglais dans le monde et dans le contexte plurilingue malgache
Introduction
Chapitre 1 : la situation sociolinguistique de l’anglais dans le monde
1.1. Facteurs d’expansion et de diffusion de la langue anglaise
1.1.1. Facteurs d’expansion de la langue anglaise
1.1.1.1. Facteurs économiques
1.1.1.2. Facteurs politiques
1.1.1.3. Facteurs linguistiques
1.1.2. Diffusion de la langue anglaise
I.2. Statuts, fonctions et sphères d’utilisation de l’anglais
1.2.1. Statut
1.2.2. Fonctions et sphère d’utilisation de l’anglais
Chapitre 2 : Situation sociolinguistique de l’anglais à Madagascar
2.1. Installation dans le pays : historique
2.2. L’anglais dans le contexte plurilingue malgache
2.2.1. La grille LAFDEF
2.2.2. L’anglais et le contexte plurilingue malgache selon le LAFDEF
2.2.2.1. L’analyse du statut
2.2.2.2. L’analyse du corpus
Conclusion
Troisième partie : usages des langues déclarés, représentations linguistiques et les pratiques linguistiques de l’anglais au lycée technique commercial
Introduction
Chapitre 1 Usages de langues déclarés
1.1. Usages de langues déclarés des élèves
1.2. Usages de langues déclarés des parents
1.3. Usages de langues déclarés des enseignants
Chapitre 2 Représentations linguistiques des témoins sur l’anglais
2.1. Représentations linguistiques des élèves
2.2. Représentations linguistiques des parents
2.3. Représentations linguistiques des enseignants
2.4. Synthèse sur les représentations linguistiques des témoins – clés
Chapitre 3 : Pratiques linguistiques des témoins dans la salle de classe
3.1. Pratiques linguistiques des élèves
3.2. Pratiques linguistiques des enseignants
3.3. Synthèse
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
Sitographie