Cours la prédation chez les requins, tutoriel & guide de travaux pratiques en pdf.
Locomotion et dynamique de la nage
Ce qui est frappant lorsque l’on regarde un requin évoluer dans l’eau, c’est l’apparente facilité avec laquelle il se déplace. Ceci n’a rien d’apparent ; le corps tout entier est fuselé assurant au requin une locomotion lui permettant d’occuper le haut de la chaîne alimentaire.
Hydrodynamisme
a) Une forme évoluée
Comme décrit précédemment (voir I.4.a)), le corps est fusiforme (comme les ostéichtyens et les mammifères marins), se termine par une nageoire hétérocerque distincte et présente des expansions horizontales et verticales que sont les nageoires impaires et paires. En fait, le corps peut être séparé en deux parties : la partie antérieure aplatie dorsoventralement, qui se développe dans un plan horizontal, est situé en avant de la première dorsale tandis que la partie postérieure dans un plan vertical perpendiculaire au premier.
Dès 1947, Budker compare les requins à des avions de chasse en s’appuyant sur un modèle physique commun appelé « veine inversée à deux nappes ». Ce modèle représente la déformation naturelle d’un corps en relation avec les contraintes d’un milieu de même densité que lui [86]. Il faut noter que cette forme générale tend à évoluer légèrement en fonction du mode de vie utilisée par le requin. Plus le requin sera de type nageur, plus le fuselage du corps s’accentuera afin d’obtenir une forme hydrodynamique optimale. Un exemple assez marquant est celui du requin bleu.
b) Une peau aux capacités surprenantes
On a longtemps cru qu’en raison des denticules cutanés qui donnent à la peau une texture abrasive, les forces de friction durant la nage ne pouvait qu’être augmentées. En fait, il semblerait que ces écailles placoïdes imbriquées les unes dans les autres réduisent les phénomènes de résistance en assurant un écoulement de l’eau plus régulier. De plus, on peut penser que la peau renferme une fine couche d’eau en surface qui permet la glissance de l’eau alentour en créant un flux laminaire. Cette caractéristique tégumentaire assurerait ainsi au requin une approche silencieuse durant la prédation .
c) Une densité faible
Afin de réduire au maximum la dépense d’énergie pour un tel prédateur, il apparaît indispensable que le rapport poids spécifique/ flottabilité soit optimal. Ainsi, les poissons ostéichtyens possèdent une vessie gazeuse qui permet le rôle de manomètre adaptant la quantité de gaz en fonction de la profondeur. Les requins n’ont pas de vessie natatoire et pourtant ils peuvent évoluer à toutes les profondeurs sans sembler être affectés. Cette faculté est permise par la présence d’un volumineux foie très riche en huile et par la diminution de la densité de leurs tissus, notamment le squelette cartilagineux mais aussi peau et muscles blancs.
C’est le foie qui joue le plus grand rôle dans la flottabilité. Il peut représenter jusqu’à 25 % du poids de l’animal chez les grandes espèces pélagiques (ex : requin tigre). Pour atteindre ce poids, le foie est en fait gorgé de composés lipidiques de faible densité (jusqu’à 90% d’huile, même si la moyenne reste de 50%) notamment de squalènes (densité 0,86). Ainsi, les espèces pélagiques ont une densité beaucoup plus faible que les espèces benthiques : le requin bleu Prionace glauca dans l’eau ne représente que 2,5 % du poids de ces animaux comparés à l’air libre tandis que l’ange de mer Squatina squatina atteint les 5,5 %.