Rapport carnaval / entrée royale

Rapport carnaval / entrée royale

Le carnaval et l’entrée royale sont deux festivités bien distinctes qui possèdent leur propre code mais ce sont pourtant deux fêtes qui se rejoignent et qui méritent d’être comparées car le rapport qui s’en dégage est notable. Cette analogie peut paraître surprenante et assez paradoxale au premier abord mais dans le développement de notre travail, on a pu constater qu’entre l’entrée royale et le carnaval s’opère un parallélisme marquant. En effet, malgré les a priori qui séparent l’entrée royale du carnaval, au fil de notre étude, nous avons pu constater que les caractéristiques de chacune de ces fêtes n’étaient pas si éloignées l’une de l’autre: le cortège, la déambulation du personnage central, l’abondance de la nourriture et de la boisson, la rencontre des différentes classes sociales, l’importance du théâtre et l’auto-exhibition qui sont les principaux attributs de ces fêtes contribuent à les mettre en parallèle. En effet, on a pu remarquer que plusieurs éléments permettent de dire que le carnaval et l’entrée royale offrent des aspects communs. Tout d’abord, on peut invoquer le fait que, dans ces deux fêtes, figure un personnage principal autour duquel tout s’organise. Dans l’entrée royale, le roi est le principal héros de la fête : il entre dans la ville dans laquelle il parade sur un char, entouré du peuple; c’est le personnage central autour duquel tout s’articule, il est le héros de la fête que tout le monde suit du regard. Dans le cortège qui l’escorte, le monarque est accompagné par les corps de métiers qui ont fusionné pour suivre l’itinéraire du roi, figure dominante de l’entrée royale. Dans le carnaval, on retrouve cette idée du personnage principal qui est le centre d’intérêt de la fête; même si les intentions ne sont pas les mêmes dans les deux fêtes, on peut voir qu’il s’agit de la même procession. Durant le carnaval, Carêmentrant est transporté sur un chariot, il est entouré des gens du peuple qui vont déambuler avec lui à travers la ville. Le cortège est précédé par des personnes déguisées en avocats, juges qui le condamneront sur la place publique où s’arrête le cortège. Le défilé à travers la ville, les chars (du mannequin de carnaval et celui du roi) et le cortège sont des caractéristiques qui existent dans les deux fêtes.

Dans une tout autre mesure, le monarque peut être comparé au fou de carnaval, roi d’un jour, celui qui est élu par le peuple et qui préside aux festivités. Le fou de carnaval est le personnage central autour duquel s’articulent toutes les licences de la fête; tout comme le monarque qui est l’acteur principal autour duquel la société entière s’articule. Le fou et le monarque représentent la société : le fou, roi de la fête, est le représentant de toute la société; à travers lui se réalisent toutes les envies et les folies de tous les participants, il est leur hyperonyme, celui qui incarne tous les individus durant le carnaval et auquel on attribue toute la folie, la joie et les débridements de tout un peuple. Le roi, quant à lui, en tant que chef du pays est le grand représentant de tous les citoyens; c’est à travers lui que se règlent les hiérarchies sociales et que se reflète la société dans le système monarchique qui proclame la suprématie du souverain, à laquelle se rangent tous les individus. On peut donc constater que dans la disposition initiale du carnaval et de l’entrée royale s’accomplit un face à face entre le roi et le peuple.

Durant les fêtes c’est un peu ce que recherchent les participants: échapper pour un moment au temps et à la mort, essayer d’atteindre un degré de plénitude qui les éloigne du monde dans lequel il vivent. Lors de l’entrée royale, durant le cortège, le souverain se déplace sous un dais, il exhibe un surplis sur le parvis de l’église où on le nommera chanoine d’honneur; ce qui rappelle la procession propre à la tradition religieuse de la Fête-Dieu. Une marche que l’on peut aussi comparer à une pratique de la tradition militaire qui reproduit les triomphes antiques: durant l’entrée royale, le roi déambule dans le bruit des tambours, le son des violons et il est accompagné par la foule, comme le défilé triomphal d’un empereur romain au Capitole. L’entrée royale s’inspire aussi des triomphes des dieux et des déesses dans lesquels les cortèges exhibent des chars tirés par des animaux: dans l’entrée de Marie de Médicis à Avignon en 1600, par exemple, on rencontre un char qui porte des personnages représentant la reine et la roi, au-dessous desquels se trouvent des musiciens, ce char est tiré par deux éléphants conduits par deux mores (la dissimulation des chevaux sous les éléphants donne l’impression de vrais éléphants), la présence de ces animaux pour tirer le char montre la puissance des héros de la fête. La procession trouve une double origine, elle est à la fois religieuse (« Exode mystique ») et militaire (célébration d’un triomphe).

 

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